Au Niger, la conjugaison de plusieurs facteurs défavorables (chute du cours des matières premières, recettes douanières en baisse et insécurité sous-régionale), a impacté négativement l'économie nationale en 2016.
Le Niger est le quatrième plus grand producteur d'uranium et un pays exportateur de pétrole depuis 2012. Mais la chute du cours des matières premières sur le marché mondial, en particulier l'uranium et le pétrole, a porté un coup dur à l'économie nationale au cours de l'année 2016. Une situation confirmée par le président nigérien Mahamadou Issoufou dans son message à la nation prononcé à l'occasion du Nouvel An.
"L'année 2016 a été aussi marquée par un contexte économique difficile au plan national, régional et international. Cela tient principalement à la baisse des prix des matières premières, notamment l'uranium et le pétrole, dont le Niger est producteur. Cela tient également à la persistance des menaces terroristes qui découragent l'investissement direct étranger", a-t-il déclaré.
Le directeur général du groupe nucléaire français Areva, M. Philippe Knoche, de passage à Niamey en novembre dernier, a reconnu que le contexte du marché de l'uranium était aujourd'hui très dégradé, avec des prix qui ont baissé de près de 50% depuis l'année dernière.
Pire encore, le contexte du marché de l'uranium connaîtra encore "des années difficiles" avant l'éclaircie, a-t-il ajouté.
La coopération entre le Niger et Areva est une histoire longue de 50 années. Le groupe français exploite les gisements d'uranium d'Arlit, dans la région d'Agadez (extrême nord), à travers ses deux filiales, la Société minière de l'Aïr (SOMAÏR) et la Compagnie minière d'Akouta (COMINAK).
Cependant, depuis la signature d'un nouveau contrat d'exploitation de l'uranium nigérien entre le Niger et Areva le 26 mai 2014 à Niamey, le groupe français s'est engagé dans une politique de réduction des coûts de production, qu'il justifie par la chute du coût de l'uranium sur le marché international.
C'est ainsi que plusieurs centaines d'employés d'une vingtaine d'entreprises de sous-traitance auprès des filiales du groupe Areva ont été licenciés "pour des raisons économiques", selon des syndicats.
Le projet d'exploitation du gisement d'uranium d'Imouraren, dans la région d'Agadez, d'une capacité estimée à 5.000 tonnes par an, a quant à lui été renvoyé aux calendes grecques.
Deuxième fournisseur d'Areva, le Niger est, paradoxalement, l'un des pays les plus pauvres au monde de nos jours.
La chute du cours du pétrole brut sur le marché mondial a fortement impacté les recettes attendues au niveau national et le programme de construction d'oléoducs pour l'exportation du brut a été retardé. "Tout cela induit un important manque à gagner pour l'Etat", déplore le ministre des Finances, Massaoudou Hassoumi.
Par la faveur de sa coopération "gagnant-gagnant" avec la République populaire de Chine depuis novembre 2012, le Niger a rejoint le rang des pays producteurs et exportateurs de pétrole. Il dispose d'une industrie pétrolière complète, produisant un pétrole de haute qualité grâce au consortium chinois China National Petroleum Corporation (CNPC).
Le groupe exploite le bloc pétrolier d'Agadem, dans l'extrême-est du pays, et le pétrole est traité à la raffinerie de Zinder, société à capitaux sino-nigériens.
La production actuelle est de 20.000 barils par jour, pour un besoin national estimé à 7.000 barils. Avec l'exploitation d'une soixantaine de nouveaux gisements sur le même bloc, les autorités nigériennes comptaient exporter entre 60.000 et 80.000 barils de pétrole brut par jour à travers l'oléoduc Niger-Tchad-Cameroun. Mais sa construction connaît un ralentissement.
L'environnement sécuritaire qui prévaut en Libye, au Mali et au Nigeria a fait que les échanges commerciaux, les activités touristiques et les mouvements des personnes ont nettement diminué, ce qui a eu une incidence sur la croissance, a souligné M. Hassoumi.
Depuis près de cinq ans, la sécurité du pays a été mise à mal par les attaques du groupe terroriste Boko Haram près de la frontière nigériane, dans l'extrême Sud-Est, les incursions des groupes djihadistes du Nord-Mali et la présence de groupes terroristes et autres trafiquants de drogue dans le sud libyen, à la frontière Nord-Est.
Cette situation d'insécurité a obligé l'Etat à détourner une importante partie de ses ressources destinées aux investissements sociaux vers la sécurité.
Pour combattre ces groupes terroristes, le gouvernement consacre depuis cinq ans près de 10% des recettes budgétaires du pays à la formation, le recrutement et l'équipement des soldats et agents de sécurité, dont il a renforcé la présence dans les régions du pays qui sont les plus exposées aux menaces.
Pour le ministre nigérien des Finances, "les impacts de cette situation sont visibles dans toutes les zones frontalières, car l'activité économique est fortement contractée".
En outre, la situation de quasi-récession économique au Nigeria au cours de la même période a également eu des conséquences sur les activités économiques au Niger.
Toutefois, selon le président Mahamadou Issoufou, l'année 2016 a permis d'améliorer le climat des affaires. En effet, selon le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale, le Niger est classé comme le pays ayant engagé le plus de réformes en Afrique subsaharienne, ce qui lui a permis de gagner 10 points dans le classement mondial, passant de la 160e place en 2016 à la 150e en 2017.
Pour consolider ces acquis, un plan d'action 2016-2019 a été élaboré par le gouvernement, prévoyant des actions à court, à moyen et à long termes. Elles viseront à améliorer davantage le classement du Niger dans le rapport Doing Business 2018 et seront constituées de réformes "plus structurantes et profondes qui demandent plus de moyens, de temps, et de dur labeur", a précisé le chef de l'Etat.
Le gouvernement compte également poursuivre les réformes déjà engagées depuis quelques années en vue de la modernisation des administrations, des régies financières, de leur gouvernance et des procédures ainsi que le renforcement de la mobilisation des ressources et l'amélioration de la qualité et de l'efficacité de la dépense publique.
"À travers ces réformes, je suis convaincu que le gouvernement pourra assurer une meilleure mobilisation des ressources internes, ainsi qu'une meilleure efficacité de la dépense", a déclaré le président.
La loi de finances pour l'exercice 2017, adoptée en décembre dernier par le parlement, est arrêtée à la somme de 1.809,49 milliards de FCFA, contre 1.807,22 milliards pour l'exercice 2016, soit une augmentation de 2,28 milliards de FCFA en valeur absolue (0,13% en valeur relative).