Dosso - Région la plus boisée du Niger, Dosso est connue pour sa célèbre rôneraie qui représente une richesse inestimable pour les populations.
Dans un entretien accordé à l’Agence Nigérienne de Presse (ANP), la Directrice Régionale de l’Environnement et du Développement Durable, Colonel Zeinabou Ibrahim, parle de la place de la rôneraie dans le contexte socio économique et écologique de Dosso.
Question. Mme la Directrice, quelle est la place de la rôneraie dans l’environnement régional ?
Réponse :Merci pour l’opportunité que vous m’offrez d’évoquer encore une fois les rôneraies de Dosso. Mais avant, je voudrais rappeler que la Région, est pratiquement la plus boisée du pays. Elle dispose de plusieurs types de formations forestières naturelles dont justement les rôneraies qui totalisent 30 000 ha et qui concernent particulièrement les Départements de Gaya, Dioundiou et Dosso. On y trouve :
Ø La rôneraie de Gaya, qui concerne aujourd’hui les Départements de Gaya et Dioundiou : Elleest composée de six massifs (Yélou-Koutoumbou : 12 425 ha ; Téla ;435 ha ; Toussey : 1 113 ha ; Bana ; 389 ha ; Bengou ;7 352 ha et Dolé avec5 142 ha).
Ø La rôneraie du fleuvequi est à cheval sur les départements de Dosso et Gaya, couvre une superficie de 3 000 ha.
Cependant, il faut aussi noter que pratiquement dans tous les départements de Dosso, on trouve ça et là, des petits peuplements de rôniers.
La place de la rôneraie ou des rôneraies est vaste à définir dans le contexte socio-économique et écologique de la région de Dosso.
En effet, au-delà de leurs rôles irremplaçables dans la protection des terres des cultures et de milieux propices à l’agroforesterie, les rôneraies contribuent significativement entre autres à l’alimentation humaine, à l’alimentation du cheptel, au développement de l’artisanat et à la lutte contre la pauvreté.
· rôneraies et lutte contre la pauvreté
Traditionnellement, on considère le rônier comme une «mère nourricière» car toutes les parties de la plante sont utilisées. Le rônier, en dehors de la production des lattes, est un arbre à multiples usages. Sur la base d'hypothèse des données d'inventaire de 1988 et de 1996 dans la rôneraie du Dallol Maouri et celle du fleuve, le revenu tiré de la vente des fruits s’élèverait en moyenne à environ 100 millions de F CFA/an pour l'ensemble de la rôneraie. Aussi, l’étude réalisée par la FAO en 2001 a évalué le chiffre d’affaires issu de la vente de ‘’miritchi’’ à environ 301 millions par an.
· Rôneraies, sécurité alimentaire et nutrition
Au plan alimentaire, le rônier fourni d’importants compléments pour les populations, à travers la consommation des fruits et miritchi.
· Rôneraies et alimentation du cheptel
Le rônier est un arbre fourrager dont la fleur mâle est trop sollicitée pour l’embouche.
· Rôneraie et artisanat
C’est la transformation de certaines parties de l’arbre en produit artisanaux : fauteuils, lits, ….
En gros, le rônier est irremplaçable et peut intervenir dans la pharmacopée et comme combustible pour les ménagères.
C’est dire que le rônier contribue à la lutte contre l’insécurité alimentaire et donc à la mise en œuvre de l’Initiative 3N « les Nigériens Nourrissent les Nigériens.
Question : Peut-on savoir le Programme budgétaire au niveau Régional pour la rôneraie ?
Réponse :De façon globale, la politique forestière au Niger vise à promouvoir la conservation et l’utilisation durable des ressources forestières, afin qu’elles participent dans la limite de leur capacité de régénération, au développement durable, à la lutte contre l’insécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté par la génération de revenus.
Pour ce faire, la politique a aussi favorisé le transfert des compétences des techniciens vers les communautés rurales riveraines de ces massifs forestiers. Cette approche se fonde sur des textes législatifs et réglementaires permettant aux producteurs ruraux de participer activement à l’exploitation, à la régénération et à la surveillance de ces ressources.
Dans cette dynamique, il existe dans la rôneraie des marchés ruraux qui exploitent les rôniers morts selon des normes techniques. Aussi, ces structures injectent une partie des recettes engrangées dans la perpétuation de cette ressource. Donc il s’agit ici d’un transfert de la gestion de la rôneraie aux populations qui l’exploitent et qui la régénèrent. L’Etat intervient à travers, l’appui conseil, la surveillance et le contrôle exercés par les agents forestiers disponibles sur place.
Il faut aussi ajouter que des projets comme le Programme d’Actions Communautaire phase 3, apporte des appuis après la fin des gros projets comme le PAIGLR (Projet d’Appui aux Initiatives Locales de la Gestion de la Rôneraie…) qui avaient déjà contribué aux premières initiatives de sauvegarde des rôneraies.
C’est aussi l’occasion de réitérer notre appel à l’endroit des partenaires techniques et financiers s’intéressant à l’environnement à nous apporter leur appui pour une gestion durable des ressources forestières de la région de Dosso en général et des rôneraies en particulier.