M. Bazoum, n’oubliez pas, d’éminent(e)s « Renaissant(e)s » ont connu la saveur du lait (y’a bon) Cosimba…et que « la démocratie n’est pas un comprimé qu’on dissout dans l’eau… »
M, Bazoum, Au cours d’un entretien accordé à Télé Sahel au de ce mois de janvier 2017, vous aviez eu à évoquer la gestion du régime de la quatrième république, en vue de porter la réplique aux partisans de Hama Amadou. Vous aviez notamment soutenu que :
1- « Le COSIMBA, dont M. Ali Djibo dit Max était le président, a été conçue pour tromper le Président Ibrahim Baré Mainassara, et l’a amené à envisager d’être candidat et de passer en force en faisant litière de la démocratie.
2 – M. Hama Amadou arrivé à la Primature en 2000, avait tiré avantage des mesures de réduction des salaires des fonctionnaires, de 30% en 1998 décidées par le gouvernement de la 4ème République dirigé par Amadou Boubacar Cissé, pour maintenir les fonctionnaires dans des conditions de précarité totale. »
Puisquej’ai toujours à l’esprit que « le banal assassinat ne tue qu’une fois, mais la diffamation tous les jours » (Terry Pratchett), j’ai l’obligation morale de vous apporter les précisions ci-après, sur les deux (2) points abordés :
Sur la prétendue création du COSIMBA par Amadou Djibo dit Max pour tromper le Président Baré
Bazoum,
Avant l’entame de mes propos, je dois rappeler au Ministre Bazoum, que la première condition d’un partenariat, c’est respect mutuel des partenaires et en la matière je ne crois pas que vous ayez observé cette règle vis-à-vis du parti créé par le feu Baré, ancêtre du Cosimba qui soutient votre action. C’est le cas d’éminents ex-Cosimbistes, que je me garderai de citer pour le moment, qui ont rejoint vos rangs et constituent les éléments clefs de la conduite de votre programme de la Renaissance »votre machine à gouverner.
Ces derniers savent désormais à quelle haute estime vous les tenez, même s’ils se gardent de brocher, puisque le célèbre proverbe africain dit bien que « la bouche qui mange, ne parle pas ». Nous nous garderons non plus de citer les autres ex-Cosimbistes tapis dans les rangs des autres partis ou les dirigent, de la société civile, tous nombreux, très nombreux, soutenant les actions de la « Renaissance ». Mais, le moment venu nous en parlerons. Tous ces ex cosimbistes assumés en son temps, doivent vivre très mal vos sorties, mais n’ont d’autre choix que de se taire ou de…..
Pour en revenir au sujet qui nous préocuppe, vous savez très bien que, suite au blocage des institutions qui a abouti au coup d’Etat du 27 janvier 1996 qui l’avait porté au pouvoir, le Président Baré avait pris la ferme décision d’être candidat à l’élection présidentielle dès le mois d’avril 1996. Décision motivée par le refus exprimé par les leaders politiques de se retirer afin de permettre une transition politique raisonnable, au motif qu’à part eux, aucun autre nigérien n’était qualifié pour gérer le Niger. Le Président Baré avait alors décidé de se présenter à l’élection présidentielle des 7 et 8 juillet 1996, après une analyse approfondie de la situation politique menée de concert avec ses proches parents, amis et connaissances, ses ainés et mentors dans l’armée, ses frères d’armes du Conseil de Salut National, des dirigeants de notre Sous-Région, notamment ceux des pays voisins et les partenaires majeurs du Niger.
Le président Baré, nigérien d’origine tel que l’exigeait la constitution, militaire engagé volontaire dès 1970, au temps où ne s’engageaient dans l’armée que ceux qui en avaient la vocation, suite à son admission au Bac, après 7 ans de scolarité au Lycée National, établissement d’excellence où n’étaient admis en 6ème que les 120 premiers élèves du Niger sélectionnés à la suite d’un concours. Président Baré originaire de par son père de Douméga, fils de l’Instituteur Baré Mainassara, petit-fils du Roi de l’Arewa le Sarkin-Aréwa Maiyaki Ba’aré Kaka (1919-1954) de par son père, et du Chérif Mahamane Haidara côté maternel, est nigérien d’origine, en possession de tous ses droits civils et politiques.
N’oubliez pas également que l’officier Baré qui a été le Premier Aide de camp de Kountché, plusieurs fois Commandant de la Compagnie parachutiste, Adjoint puis Commandant de la Garde présidentielle, Ministre puis Ambassadeur (France et Algérie), Chef d’Etat-major particulier d’un Président de la République, Chef d’Etat-major Général des FAN, et promu Général de Brigade en 1996 sur proposition des Chefs traditionnels du Niger, était conséquemment largement qualifié pour diriger notre pays, autant, sinon plus que beaucoup d’autres candidats déclarés aux élections de juillet 1996 qui venaient d’étaler leur immaturité face au monde entier.
Pourquoi alors estimez-vous qu’un tel citoyen, remplissant toutes les conditions fixées par la loi, et jouissant de tous ses droits civils politiques, n’aie pas le droit d’être candidat à une élection présidentielle, et pourquoi n’aviez-vous pas légalement contesté cette candidature auprès des juridictions compétentes, ou dans la rue, en son temps ?
Pourquoi affirmer que le président Baré « a envisagé de passer en force », alors même que pour les élections de juillet 1996, à toutes les étapes, tous les recours ont pu être exercés librement et démocratiquement par les candidats, avant l’Arrêt de la Cour suprême déclarant le président Baré, élu et même après ?
Pourquoi des candidats inconciliables, qui se vouaient une haine féroce étalée à la face du monde à peine quelques semaines avant la déclaration de candidature, c’étaient subitement trouvés des atomes crochus au point de nouer une union sacrée avec pour seul mobil le « TSB » – « Tout Sauf Baré » ?
Pourquoi, est-ce seulement après avoir été déboutés de tous leurs recours par la Cour Suprême, que trois candidats perdants décidèrent de considérer l’élection du président Baré, validée pourtant par l’arrêt de la Cour Suprême n°96-107/Ch. Cons du 21 juillet 1996, comme « un hold-up électoral » ?
Si vous estimez que le président Baré « est passé en force », comment jugez-vous alors l’élection du président Issoufou en mars 2016 où l’un des candidats favoris était embastillé avant même le premier tour pour des raisons qui n’avaient convaincu presque personne ?
Vous devriez savoir et être définitivement convaincu, que la création du COSIMBA n’est que la conséquence de la volonté affirmée par le président Baré de se présenter à l’élection présidentielle et son obligation dès lors de se conformer aux dispositions du code électoral qui faisait obligation à un candidat indépendant d’être soutenu par un comité qui serait d’office l’interlocuteur désigné du candidat auprès des structures chargées de l’organisation des élections.. Par conséquent, laissez en paix M. Amadou Djibo dit Max, Eminent Expert-comptable de son état, l’un des hommes politiques les plus doués de sa génération, et certainement le plus intégré dans son milieu, et qui n’a fait que remplir son devoir envers un ami et patriote, en qui il avait cru. Si regret, il devrait y avoir, c’est le fait que le président Baré n’aie pas disqualifié certains candidats qui avaient étalé toute leur haine, leur incompétence et leur incurie dans la conduite de la gestion des affaires de l’Etat.
Nous pensons qu’il est plus urgent pour vous, de vous attaquer aux problèmes de développement, plutôt que de s’acharner sur les morts, dont tout musulman a l’obligation de respecter la mémoire. Surtout si vous avez décidé de garder un silence pesant sur la lumière à faire sur l’assassinat du Président Baré, exigée par la Cour de Justice de la CEDEAO par son arrêt du 23 octobre 2015. Cette enquête sera l’unique occasion pour tous les nigériens de savoir qui a assassiné le président Baré.
Bazoum,
A l’expérience, vous conviendrez avec moi que « La démocratie n’est pas un comprimé qu’on dissout dans l’eau ; c’est une culture qui demande du temps et de la pédagogie » comme l’a dit Tahar Ben Jelloun. C’est pourquoi, il est plus utile, pour vous de réglez vos problèmes du moment avec votre opposition et la société civile qui ne fait qu’exercer son droit de résistance, comme vous l’aviez exercé avec hargne hier avec le président Baré et les autres et laissez, je vous en prie, l’âme du Président Baré reposer en PAIX.
En tant que philosophe, dépositaire en principe de la sagesse, afin de relativiser vos appréciations sur nos systèmes démocratiques, que vous aviez brocardé hier, à l’opposition, vous accepterez de partager avec moi, les appréciations de l’éminent penseur et Philosophe, Achille Mbembe, sur la démocratie : « Pour leur part, les intellectuels n’ont pas réussi à dépasser le chaos, se contentant d’un saupoudrage étonnant : la démocratie est mise en pratique sans pensée démocratique. Le vote, souvent acheté en contrepartie de libéralités en argent ou en nature, se révèle comme le moyen efficace pour conquérir une position prébendière, offrant de nouvelles opportunités de pratiques prédatrices, et qui n’aurait pas été automatiquement obtenue par le scrutin aléatoire. »
2 – Sur l’avantage de la baisse de 30 % des salaires des agents de L’Etat opérée en 1997 tirée par Hama Amadou pour maintenir en l’état la situation des fonctionnaires
Bazoum,
Vos propos laissent sous-entendre, que le gouvernement de la quatrième République avait engagé et maintenu les travailleurs nigériens dans la précarité, sans aucun fondement puisque, vous omettez de dire aux auditeurs les moins avertis, que ces mesures avaient été prises dans le cadre d’un programme d’ajustement structurel avec le Fmi.
Sur les circonstances desdites mesures, c’est sous M. Amadou Boubacar Cissé, premier Ministre en 1997 et non 1998, que l’Ordonnance n° 97-08 du 27 février 1997, portant Statut général de la fonction publique, a été prise, avec comme effet, la réforme de la grille salariale, qui a entrainé cette baisse de 30 % des salaires. Cette mesure entrait dans le cadre de la Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé (FASR), signée en juin1996 et soutenue par le Fmi, la Banque mondiale et les Partenaires Techniques et Financiers. Ces mesures, prises dans un contexte particulier, où depuis la fin des années 80, la situation des finances publiques du pays était marquée par des déficits budgétaires importants, qui se sont traduits par la constitution d’un important stock de dettes et d’arriérés. En 1994, pendant que le Chef du gouvernement n’était nul autre que Mahamadou Issoufou, la part des salaires et traitements avait représenté le taux historique de 102,5% des recettes fiscales nationales, pour une norme admise de 35 %.
Rappelez-vous, c’est cette situation catastrophique des finances publiques, qui avait abouti à une grève de plus de 52 jours, la plus longue de l’histoire des syndicats des travailleurs au Niger, et poussé « le lion » à chercher et trouver un prétexte pour jeter l’éponge et retourner dans ce qu’il savait le mieux faire : l’opposition.
Bazoum,
Vous le savez très bien, ces mesures de réduction des salaires, entraient dans le cadre des politiques d’ajustement structurel, visant à réduire le déficit structurel à une époque où l’administration était considérée comme budgétivore et improductive, et les dépenses de sécurité jugées non prioritaires. Les mesures étaient également assujetties à un gel des recrutements et des salaires des fonctionnaires sur une période déterminée, et un programme de privatisation et de libéralisation de l’économie pour la rendre plus compétitive, mesures faisant partie des conditionnalités de premier ordre. Elles avaient ainsi permis d’assainir l’économie, et de remplir les conditions d’éligibilité du Niger au point de décision de l’initiative des pays pauvres très endettés (IPPTE) dont la particularité est l’obligation pour les pays bénéficiaires, de convertir le service de la dette en investissements sociaux de base. Notre pays à tous, le Niger avait ainsi pu bénéficier d’un allègement, de plus de 890 millions de dollars (445 milliards CFA), représentant 75% du stock de dettes, couvrant la période 2001 à 2021, à reconvertir en investissements dans les secteurs sociaux de base (éducation et santé). Cette facilité, certains l’avaient rebaptisée « Programme Spécial du Président de la République » dont votre gouvernement tire aujourd’hui tous les bénéfices en rendant possibles de nouveaux recrutements massifs et des hausses de salaires dans la fonction publique.
Sur les conditionnalités draconiennes du Fmi d’antan imposées à nos pays, Christine Lagarde, Directrice Générale du Fmi, à la question posée par l’Hebdomadaire Jeune Afrique le 29 mai 2014, « Êtes-vous consciente que le FMI traîne une forte odeur de soufre en Afrique ? On s’y souvient douloureusement des politiques d’ajustement structurel qu’il a imposées dans les années 1990… », avait assumé sans ambages : « Mais on parle là du FMI de papa !… »
No comment !
Bazoum,
Pour finir, recevez mes salutations chaleureuses, en espérant que vous accepterez de prendre la relève de la gouvernance à une prochaine compétition afin que notre « pays riche mais mal géré », d’après notre cher président, quitte son dernier rang en développement humain auquel il semble durablement s’accroché.
Allah Sarki …