Zinder, Les femmes et les enfants refoulés d’Algérie et de Libye (qui ne souffrent d’aucune anomalie) ont grossi les rangs des mendiants handicapés, visuels et locomoteurs à Zinder.
Ils investissent quotidiennement par milliers les rues de la ville et aux alentours des feux optiques apostrophant les conducteurs des véhicules et des ‘’deux roues’’ pour solliciter l’aumône. Les femmes et les enfants migrants qui affichent pourtant, une bonne santé physique et mentale, ont développé, du fait de leur séjour dans les pays du Nord du Niger, une mentalité d’assistance accrue par la charité.
Viennent ensuite les talibés (enfants des écoles coraniques dont le nombre est assez effrayant) qui parcourent à longueur de journée et pendant la nuit, les rues et les commerces pour les mêmes motifs. Certains parmi eux, par imprudence, se font renverser très souvent par des conducteurs en mal de vitesse, ou si vous préférez, les’’ fous de volant’’
Pour comprendre le phénomène dans toute sa dimension et les mesures envisagées pour la réinsertion sociale de ces inconditionnels de la mendicité, nous nous sommes entretenus avec la Directrice Régionale de la Population, de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant de Zinder, Mme Abdoul Aziz Rabi.
Question : le phénomène de la mendicité dans la Ville de Zinder, est en train de prendre des proportions inquiétantes. Que faut- il faire, à votre avis, pour donner une réponse dans le sens de la réinsertion sociale de ceux qui la pratiquent ?
Réponse : Nous avons effectivement constaté une recrudescence de la mendicité à Zinder, où les femmes et les enfants migrants d’Algérie, ont renforcé les différents groupes vulnérables -handicapés visuels et locomoteurs qui évoluent dans la mendicité par milliers dans la ville. Ils sont nombreux à venir nous rencontrer au sein de la Direction Régionale pour demander une assistance. Nous leur venons en aide en leur offrant par exemple des vêtements. Le phénomène est beaucoup plus inquiétant chez les talibés qui subissent des violences de leurs maitres lorsqu’ils ne s’acquittent pas du montant qu’ils leur imposent par jour ou par semaine en termes de somme d’argent. Chaque élève est tenu de remettre à son marabout-tuteur la somme de 100F par semaine.
La principale faute ici incombe aux parents qui confient leurs enfants à ces marabouts qui s’efforcent d’élire domicile dans la Ville de Zinder, avec tout ce que cela entraine comme difficultés pour joindre les deux bouts. Nous allons de temps en temps à la rencontre de ces marabouts pour attirer leur attention sur la vie de ces talibés qui se font éduquer par la rue en jouant le rôle de conciliateur. Si ces enfants connaissent toutes les souffrances, cela relève de la responsabilité parentale.
Les enfants migrants, nous l’avons constaté, mendient avec leurs parents. Mais, force est de reconnaitre, que ces enfants sont surtout livrés à la rue avec tous les risques possibles. Les parents, eux, se réfugient aux alentours des feux optiques et des commerces. Nous avons, en réalité constaté que ce sont les enfants qui s’activent à subvenir aux besoins de leurs parents. Il ya à ce niveau une démission des parents dans la prise en charge de leurs enfants. Ici, c’est la question de planification des naissances qui est ratée. Les couples dans les villages, dépassent leur capacité de prise en charge en faisant beaucoup d’enfants. Les gens se cachent derrière la religion pour faire de la mendicité un métier, voire une exigence.
Question : Est-ce que la Direction Régionale de la Population a élaboré des projets pour assurer la réinsertion sociale de ces personnes ?
Réponse : Nous sommes en train de conduire des campagnes de sensibilisation en direction des parents des talibés afin que l’apprentissage du Coran puisse s’établir au niveau des villages. Nous avons entrepris cette grande offensive au niveau de sept Communes soutenues par l’UNICEF. Il s’agit de Dogo, Kolléram, Gafati, Kantché, Yaouri, Olléléwa et Tarka. Nous avons prévu des ateliers de sensibilisation des parents et des leaders d’opinion.
Question : Quel est le soutien accordé aux groupements féminins et aux femmes de la rue ?
Réponse : L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a injecté en 2016 plus de 500 Millions de FCFA dans la région pour dynamiser les groupements féminins en vue de leur encadrement en vie associative notamment la formation sur les activités génératrices de revenus.