121 millions de dollars sont nécessaires en 2017 pour mettre en oeuvre la réponse multisectorielle à la crise dans la région tchadienne du Lac, selon un rapport périodique du Bureau de l’ONU de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad, publié mardi.
A la fin de l’année 2016, seuls 55% des fonds requis en 2016 pour la réponse à la crise dans la région du Lac au Tchad ont été couverts; il s’agit de 54,3 millions de dollars reçus sur les 98,2 millions nécessaires.
"La situation sécuritaire est restée calme en décembre. Aucun incident n’a été rapporté", indique le rapport. Depuis début 2015, la région du Lac est sévèrement affectée par l’impact de la crise nigériane. Les opérations militaires en cours et les incidents sécuritaires (attaques contre les villages, vols de bétail, mines, etc), particulièrement dans les zones frontalières avec le Nigeria et le Niger, ont entraîné le déplacement de près de 130.000 personnes et affecté les communautés locales déjà vulnérables.
La fermeture des frontières avec le Nigeria, l’instauration et la prolongation de l’état d’urgence, ainsi que les restrictions de mouvements qui en résultent, ont eu un impact négatif sur les moyens d’existence des ménages, augmentant l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Dans un contexte de faible accès aux services essentiels de base (santé, éducation, eau), les déplacements exercent une pression accrue sur les structures existantes.
Ainsi, les besoins restent énormes. 10.000 personnes déplacées avec des besoins spécifiques nécessitent des abris. 60.000 personnes déplacées ont besoin d’articles ménagers essentiels. L’ensemble des personnes déplacées a besoin de solutions durables promouvant l’autosuffisance et la réintégration.
Dans le secteur d’eau, hygiène et assainissement, 35.000 personnes ont besoin d’accès à l’eau potable. 70 000 ont besoin d’accès à des infrastructures d’hygiène et d’assainissement adéquates (latrines, kits et système de gestion des déchets).
Entre novembre et décembre, le taux d’accès à l’eau est passé de 51 à 70%, et le taux d’assainissement de 22 à 37%, selon les standards respectifs de 20 litres d’eau par personne et 20 personnes par latrine. Mais il reste toujours un défi majeur dans les sites et villages d’accueil.
"L’accès à l’assainissement et la promotion de l’hygiène et des bonnes pratiques familiales essentielles restent un défi majeur dans les sites et villages d’accueil", précise le document d’OCHA.
Par ailleurs, le rapport révèle que 128.000 enfants ont besoin d’éducation en situation d’urgence dans la région du Lac. Parmi eux, 92.000 sont ciblés à travers la fourniture de services éducatifs (construction d’espaces temporaires d’apprentissage, réhabilitation d’urgence de salles de classe) et l’amélioration des conditions d’apprentissage (cantines scolaires, distribution de fournitures scolaires, appui psychosocial par les enseignants formés).
Environ 26% des écoles sont difficiles d’accès, localisées dans les îles du lac. La grève des enseignants fonctionnaires a empêché l’ouverture des écoles depuis la rentrée scolaire en septembre 2016, retardant la mise en œuvre des activités scolaires (cantines scolaires, distribution de fournitures, formation des enseignants).
Les besoins en nutrition et en alimentation sont également considérables. 51.408 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aigüe globale (MAG) dont 22.017 cas de malnutrition aigüe sévère (MAS). Il est nécessaire de renforcer la prise en charge de la malnutrition pour 17.600 enfants des populations déplacées et hôtes. Selon les organisations humanitaires, il est nécessaire d’augmenter le dépistage de la malnutrition auprès de 22.000 enfants de moins de cinq ans.
L’ensemble des personnes en situation de déplacement a besoin d’assistance alimentaire, ainsi que 31.000 personnes des communautés hôtes en situation d’insécurité alimentaire sévère. 36.000 ménages ont besoin de soutien pendant la prochaine campagne agricole à travers la fourniture de semences et équipements, ainsi que de soutien à l’élevage.
Fin décembre, un projet d’appui à la résilience des communautés locales et déplacées dans la région du Lac, exécuté par le Programme alimentaire mondial (PAM), avait été lancé. Il cible 62.000 personnes déplacées et communautés hôtes.
Enfin, en matière sanitaire, l’ensemble des personnes en situation de déplacement a besoin d’une surveillance épidémiologique renforcée, plaide OCHA. 187.000 personnes déplacées et des communautés hôtes ont besoin d’un accès amélioré aux soins de santé primaires, à travers l’accès aux médicaments, les cliniques mobiles et l’appui aux centres de santé.