Les pays miniers africains semblent profiter d'un regain des prix des matières premières. Qu'en est-il du Niger, troisième exportateur mondial d'uranium ?
Dans le secteur de l'uranium il est encore trop tôt pour évoquer un redressement substantiel des prix, parlons plutôt de frémissement. La chute drastique des cours ces dernières années a lourdement impacté le Niger, dont c'est quasiment la seule ressource à l'exportation, hormis une production pétrolière encore marginale.
L'uranium ne fournit, d'ailleurs, plus que 5 % des ressources budgétaires du pays, qui proviennent principalement des recettes douanières, de la TVA et d'impôts et taxes diverses. Nous tablons sur une hausse de la production mais pas avant l'horizon 2020, notamment du fait que l'entrée en action de la mine d'Imouraren, qui devait voir le jour en 2017 aux termes de notre accord stratégique avec Areva, a dû être reportée au-delà de 2020 en raison de la chute des prix qui obère la rentabilité de cet investissement.
Cette situation financière difficile explique les manifestations qui ont rassemblé des milliers de personnes à Niamey samedi ?
Le droit de manifester fait partie du cadre démocratique, mais ce cortège a rassemblé des centaines de personnes, pas des milliers, à l'inverse des manifestations en faveur de l'exécutif début janvier. Il s'agissait samedi d'une protestation visant en particulier la Communauté urbaine de Niamey pour des décisions dont le gouvernement n'est pas responsable et je crois, d'ailleurs, que le problème des arriérés de salaire est en passe d'être réglé. Nous allons lancer dans quelques mois des réformes pour améliorer la transparence de notre gestion budgétaire et une meilleure mobilisation de nos ressources internes, notamment des régies de services publics, dans le prolongement de notre accord triennal avec le Fonds monétaire international. Notre situation économique reste difficile en raison des efforts importants dédiés à la lutte contre les djihadistes, à nos frontières avec le Nigeria, le Mali et la Libye.
Qu'attendez-vous de votre partenariat avec la France ?
Il s'agit au cours de cette visite officielle de renforcer la coopération entre nos deux pays, en renouvelant l'accord bilatéral 2013-2016, à l'occasion de mes rencontres avec mon homologue Bernard Cazeneuve, et les milieux d'affaires. Nous avons aussi signé des accords avec l'Agence française de développement, ainsi qu'avec des entreprises comme Veolia. Je suis venu dire que le Niger est un pays sûr, stable et bien gouverné, attractif pour les investisseurs. Grâce à la politique volontariste que mène le gouvernement depuis six ans sous l'autorité du président de la République Mahamadou Issoufou.