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“Quand je rêve, je vois des gens se faire égorger”: reportage au Niger, avec les survivants de Boko Haram
Publié le jeudi 9 fevrier 2017   |  Les Inrockuptibles


Visite
© AFP par ISSOUF SANOGO
Visite du Ministre de l`Intérieur Mohamed Bazoum dans un camp de populations déplacées près de Diffa
Ministre de l`Intérieur du Niger Mohamed Bazoum a visité un camp pour les populations déplacées près de Diffa le 16 Juin 2016 suite à des attaques par des combattants de Boko Haram dans la région .


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Depuis les massacres commis par les jihadistes dans le nord-est du Nigeria en 2015, les survivants se sont installés dans des sites sur les bas-côtés de la route qui longe la frontière entre Niger et Nigeria. Une crise humanitaire sans précédent dont les premières victimes sont les enfants.

Le vent souffle fort. La chaleur est étouffante. Pieds nus, du sable sur le visage, un enfant de 3 ans observe son père avec anxiété. Ils viennent tout juste d’arriver dans le camp de Garim Wazam, un site de populations déplacées, près de la route nationale 1 au sud-est du Niger.

“Je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder, il faut que je finisse ma maison”, confie son père en langue kanouri. Comme la plupart des déplacés, il explique avoir fui par peur de Boko Haram (BH). Il y a moins d’une semaine, il a vu cinq hommes être abattus dans son village.

Boko Haram fait régner la terreur dans la région du lac Tchad

Depuis qu’elle a kidnappé 276 lycéennes en avril 2014, la secte islamiste, installée dans le nord-est du Nigeria, fait régner la terreur dans la région du lac Tchad en décimant les populations, leurs troupeaux et en brûlant les villages.

Depuis 2009, le bilan est lourd : près de 20 000 victimes et plus de 2 millions de réfugiés ou déplacés ont été précipités sur la route de l’exode. Dans l’urgence, cet agriculteur âgé de 41 ans n’a pu prendre que “quelques couvertures pour protéger ses huit enfants”. Il a tout perdu.

Avant la tombée de la nuit, il s’empresse de ramasser des tiges de mil et de la paille, qu’il ficelle avec de la corde tressée afin de se construire un abri, dérisoire protection contre la chaleur du jour et le froid de la nuit. A quelques mètres de lui, d’autres familles sont aussi désemparées, les enfants tournent en rond tandis que les femmes tentent d’assembler quelques bouts de bois, fragile armature sur laquelle elles jetteront un morceau de tissu.
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