Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Niger : Ibrahim Diori s’exprime sur le projet d’achat de 120 000 hectares par la société saoudienne Al Horaish, à Diffa
Publié le jeudi 16 fevrier 2017   |  Agence Ecofin


Pont
© Autre presse par DR
Pont Kogui de Diffa : le convoi du Ministre de la Défense Nationale essuie des tirs de la secte Boko Haram


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Cela fait des mois que la société civile nigérienne crie haro contre un projet concernant l’achat de terres d’une superficie de 120 000 hectares pour une durée de 99 ans par la société saoudienne Al Horaish for Trading & Industry.

Ce projet saoudien a reçu l’assentiment du Conseil régional de Diffa. On parle de 13 000 emplois permanents à créer et 5000 saisonniers. Sauf qu’une coalition de la société civile, réunie au sein du Consortium droit à l’alimentation et souveraineté alimentaire, dénonce « un bradage de terres » qui risque d’exacerber la crise socio-économique dans la région de Diffa (sud-est du Niger). A l’occasion d’une table ronde tenue sur le sujet le 28 janvier dernier, Ibrahim Diori, l’un des leaders du Consortium a accepté éclaircir leur position dans cette interview exclusive.

Qu’est-ce que vous reprochez concrètement au Conseil régional dans cette affaire d’achat de terres de la société saoudienne Al Horaish dans la région de Diffa ?

Ibrahim Diori : Nous avons constaté que du point de vue des textes, le Conseil Régional de Diffa qui conduit ce projet est incompétent. Les terres n’appartiennent pas au Conseil régional. Dès lors que ces terres ne sont pas vacantes, il y a un droit qui les lie. Le droit nigérien dit qu’on ne peut exproprier quelqu’un que pour cause d’utilité publique et après une juste et préalable indemnisation. Les textes disent aussi que c’est par decret qu’il faut déclarer un bien quelconque d’utilité publique. Ce qui n’a pas été fait jusqu’alors. C’est ce décret qui ouvrira la voie à l’identification des propriétaires des zones concernées puis leur indemnisation avant de récupérer la terre.

Vous déclarez le Conseil régional incompétent dans la gestion de ce dossier ?

Il se pose la problématique du partenariat public-privé. Les textes disent qu’une entité publique ne peut agir en partenariat public privé que dans le domaine relevant de sa compétence. Ce qui veut dire que le partenariat d’exploitation agricole n’est pas du ressort du Conseil régional. Cela ressort de la compétence du cabinet du Premier ministre.

Dans notre mission de veille citoyenne, nous nous sommes intéressés au projet pour savoir de quoi il s’agit. Nous avons pris connaissance du dossier, nous avons effectué des missions sur le terrain. Nous avons rencontré les populations de Diffa, les autorités décentralisées et concentrées, les autorités coutumières, bref l’ensemble des acteurs pour voir leur position sur le sujet.

Nous avons aussi consulté l’essentiel des textes qui encadrent la question foncière au Niger, la question de partenariat public privé et nous avons aussi discuté avec les acteurs centraux basés à Niamey. C’est sur cette base que nous disons que c’est un mécanisme illégal de bout en bout.

Dans vos différentes sorties, vous dénoncez aussi le risque d’impact environnemental du projet. Qu’en est-il ?

Nous constatons aussi qu’il n’y a pas eu d’étude d’impact. Le Conseil régional entend signer un accord avec une société étrangère pour mettre à sa disposition les biens publics. Or, il y a une loi au Niger qui dit qu’un projet d’une telle envergure doit faire l’objet d’une étude d’impact environnemental. Nous sommes un pays d’agriculture et d’élevage. L’étude de faisabilité de ce dossier a démontré que la partie convoitée par la société saoudienne est l’espace le plus utile des espaces agricoles et pastoraux de la région. Et c’est cette partie qu’on veut leur donner pour faire leur commerce. Dans ces conditions, on pourrait se demander ce que deviendraient ces milliers de personnes qui vivent de leur activité agricole et pastorale dans cette partie de la région.

Dans certaines régions du Niger, les paysans n’ont même pas accès à des lopins de terre pour cultiver. Conséquence, ils s’adonnent à l’immigration irrégulière.

 Commentaires