Un Comité Technique Chargé de l'Elaboration de la Politique Nationale des Frontières a été installé hier matin à Niamey. Il a pour missions entre autres d'ouvrir une campagne d'information et de sensibilisation des acteurs concernés par la question, d'organiser des concertations avec les régions frontalières et les institutions concernées, de proposer des objectifs et axes stratégiques d'interventions et de superviser la rédaction de l'avant-projet en rapport avec les consultants. La cérémonie s'est déroulée sous la présidence de la ministre déléguée auprès du ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation, des Affaires Coutumières et Religieuses Mme Mainzoumbou Hapsatou Djibrilla en présence de l'Ambassadeur de France au Niger SE Marcel Escure, de l'Ambassadeur d'Allemagne au Niger Dr Bernd Von Munchow Pohl, du Chef de la Division Prévention des conflits et alerte précoce, Département Paix et Sécurité, Commission de l'Union Africaine SE Gateretse- Ngoga et de plusieurs invités.
L'installation de ce comité s'inscrit selon, la ministre déléguée chargée de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses, dans la dynamique des déclarations des ministères africains chargés des questions de frontières couronnées par l'adoption de la convention de l'Union Africaine sur la coopération transfrontalière dite «convention de Niamey. Elle marque également de façon irréversible, pour le Niger, le point de départ de ce processus d'élaboration de la politique nationale de gestion des frontières. L'élaboration de cette politique vise principalement à disposer d'un outil de référence en matière de gestion des frontières tenant compte du contexte national sous-tendu par les réalités politiques, sécuritaires, socio-économique et culturel du pays. Elle vise également à accélérer le processus de délimitation et de démarcation de nos frontières et concilier la sauvegarde de la souveraineté nationale avec la nécessité de faire de nos zones frontalières de véritables espaces de développement et d'intégrations sous régionale.
C'est dire que le développement des zones frontalières est d'une nécessité vitale pour le Niger, pays exclusivement continental, au cœur des problématiques sahéliennes et sahariennes. La ministre Mme Mainzoumbou Hapsatou Djibrilla, a exhorté les membres du comité à s'inspirer des expériences positives des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal qui disposent déjà des documents de politique nationale de gestion des frontières. Le Chef de la Division Prévention des conflits et alerte précoce, Département Paix et Sécurité, Commission de l'Union Africaine SE Gateretse-Ngoga, a de son côté précisé que le Niger est le premier pays à ratifier la Convention de l'Union sur la Coopération Transfrontalière dite convention de Niamey. Il a rappelé que c'est à Niamey le 17 mai 2012 qu'ont été adoptées la convention et la déclaration au terme desquelles les ministres des Affaires étrangères ont décidé de l'élaboration de politiques nationales des frontières en vue d'une gestion intégrée des espaces frontaliers permettant de s'attaquer de façon holistique aux problèmes de développement et de sécurité qui s'y posent. Comme, pour la ratification de la convention, le Niger fait encore partie, selon Gateretse-Ngoga, à côté du Bénin, du Burkina Faso et du Mali, des Etats membres pionniers à développer une politique nationale des frontières.
C'est pourquoi le Chef de la Division Prévention des conflits et alerte précoce, Département Paix et Sécurité, a salué les avancées notables de ces pays voisins au Niger et avec lesquels les autres pays entretiennent une collaboration exemplaire dans les domaines de la délimitation et de la démarcation de ses frontières communes. Dans le cadre du Programme Frontière de l'Union Africaine, « nous avons sur instruction des ministres africains en charge des frontières, élaboré une stratégie de l'UA pour la Gouvernance des frontières. Ce document, en cours d'examen et de validation au niveau des experts nationaux est un instrument conçu pour utiliser les frontières comme vecteurs de paix, de sécurité et de stabilité ; en même temps que des leviers d'amélioration et d'accélération du processus de l'intégration grâce à une gestion efficace des frontières et une facilitation de la circulation des personnes, des biens , des services et des capitaux entre les Etats membres de l'Union Africaine » a déclaré Gateretse-Ngoga.
Pour sa part l'Ambassadeur de France au Niger, a dans son intervention mis l'accent sur l'accompagnement de son pays à la lutte contre le terrorisme. Il a salué l'action et la vaillance des Forces armées nigériennes soulignant toutefois qu'elles ne peuvent pas à elles seules faire face à tous les défis. « La coopération française est indispensable, elle a beaucoup progressé. Sous l'impulsion de la France, des opérations militaires ont montré leur efficacité» a-t-il estimé rappelant que des opérations majeures qui ont été menées par les forces nigériennes et la force barkhane vont se poursuivre en 2017. «Le Niger a été l'architecte du lancement de la nouvelle force multinationale de sécurisation du Liptako Gourma entre le Mali et le Burkina Faso » a déclaré l'Ambassadeur de France au Niger qui précise que son pays encourage fortement cette initiative.
Quant à l'Ambassadeur d'Allemagne au Niger, il a réaffirmé l'attachement de son pays à la politique de paix et de sécurité en Afrique. C'est pourquoi ajoute Dr Bernd Von Munchow Pohl son pays soutient de façon consistante les efforts de l'Union Africaine dans la mise en œuvre de son programme frontière sur le continent africain. Ce soutien représente une contribution de l'Allemagne dans le domaine de la préservation des conflits. C'est à ce dessein que le programme frontalier de l'Union Africaine avec la coopération allemande comme agence exécutrice s'investit fortement pour soutenir les efforts des Etats membres de l'Union Africaine dans le cadre de la délimitation et de la démarcation de leurs frontières. Dr Bernd Von Munchow Pohl s'est félicité de la mise en place de ce comité et a réaffirmé l'engagement de son pays à soutenir toute action
visant à préserver la paix.
Auparavant, le Secrétaire Permanent de la Commission Nationale des Frontières M. Hamidou Mounkaila a, dans son mot de bienvenue, souligné l'importance de la gestion des frontières internationales du Niger, qui selon lui, a été toujours au centre des préoccupations des autorités politiques. C'est ainsi que, dès 1961, le Secrétaire d'Etat à l'Intérieur, en charge des questions de frontières, a entrepris de faire une reconnaissance de terrain et un relevé des documents administratifs traitant de ces frontières en vue de leur matérialisation. Une commission interministérielle des frontières a été instituée et ses travaux ont abouti à la création de la Commission nationale des frontières en 1975. M. Hamidou Mounkaila d'expliquer que la commission nationale des frontières a toujours bénéficié d'une attention particulière de la part du ministère chargé de la Sécurité publique. A l'épreuve des faits, la gestion classique des frontières axée sur la délimitation et la démarcation et les différents contrôles aux frontières a montré ses limites du fait qu'elle ne prend pas suffisamment en compte les préoccupations des populations
vivant le long des frontières.