La huitième Réunion de la Commission Tripartite : Mali-Niger-UNHCR s'est déroulée, vendredi dernier à Niamey. Cette réunion se veut un cadre d'échanges, de concertation et de décisions sur la problématique du rapatriement volontaire des réfugiés maliens. Elle s'est déroulée sous les auspices du Secrétaire général du ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, M. Ider Adamou chef de la délégation nigérienne et de son homologue Secrétaire général du ministère malien de la Solidarité de l'Action Humanitaire et de la Reconstruction du nord M. Samba Alhamdou en présence du représentant résident du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) M. Gnonkonde Abdouraouf ainsi que des représentants d'institutions nationales et internationales intervenant dans le domaine de l'immigration.
Cette réunion tripartie fait suite à la 7ème du même genre qui a lieu, dans la logique de l'alternance, à Bamako au Mali en octobre 2016. Il s'est agi durant les deux (2) jours de travaux, d'échanger sur la gestion des réfugiés maliens et sur l'alternative de leur retour volontaire dans leur pays. Cette session a également été une occasion pour évaluer les progrès accomplis au cours de la période d'intercession ; d'identifier les nouvelles possibilités à même d'encourager le retour volontaire, ce, dans le strict respect des principes et des droits humanitaires et d'adopter sans complaisance les pistes de solutions idoines et les meilleures perspectives d'un retour des réfugiés maliens.
Dans son intervention à l'ouverture de la réunion, le Secrétaire général du Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des
Affaires Coutumières et religieuses M. Ider Adamou, a rappelé que le Niger enregistre actuellement la présence de 60.096 réfugiés maliens. Au terme de l'année 2016, ce sont 2.445 de ces réfugiés qui ont bénéficié des facilitations pour leur retour volontaire. A la date du 22 janvier 2017, il a été comptabilisé, selon le Secrétaire général du Ministère en charge de l'Intérieur, 3686 réfugiés ayant exprimé l'intention de regagner le Mali. Paradoxalement, précise-t-il, plus de 7000 réfugiés sont arrivés au Niger en 2016, en provenance principalement des zones de Gao, de Kidal, de Mopti, de Tombouctou, d'Aderboukane, d'Ouatagouna et de Menaka.
Sur un tout autre plan, depuis novembre dernier le Niger procède à une vérification biométrique sans précédent des réfugiés maliens. Cette démarche a déjà permis de délivrer des cartes d'identité à plus de 5000 réfugiés maliens. «Les défis qui nous attendent ne manquent pas. La rencontre des chefs d'État du G5 Sahel qui a eu lieu en début de mois à Bamako constitue un signal fort de la détermination de nos Etats à parvenir à la paix et la sécurité dans la bande sahélo-saharienne. C'est dire que l'espoir d'une paix durable et le retour volontaire de nos frères dans leur pays est permis » a déclaré M. Ider Adamou tout en réitérant l'engagement du gouvernement du Niger à accompagner les efforts du gouvernement malien dans la recherche d'une paix durable au Mali.
Pour sa part, le Secrétaire général du ministère malien de la Solidarité de l'Action Humanitaire et de la Reconstruction du nord s'est de prime à bord réjoui de la présence des représentants de l'Etat dans une grande partie des régions du nord du Mali. M. Samba Alhamdou relève qu'à la session de haut niveau du Comité de Suivi de l'Accord (CSA) tenue le 17 février 2017, d'importantes décisions ont été prises tels que le retour effectif de l'administration dans les régions du nord, l'installation des Collèges Transitoires dans les régions de Ménaka et de Taoudénit et l'établissement des Autorités Intérimaires dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal. Aussi, dans le cadre du retour effectif de l'administration dans les régions affectées par la crise, l'Etat du Mali a, selon M. Samba Alhamdou, procédé sur fonds propres à plusieurs investissements dans le domaine des infrastructures administratives, socio sanitaires et logistiques dans les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, une partie de Mopti et de Ségou pour un montant total de 33 milliards de F CFA. En ce qui concerne l'année 2017, ce sont 8 milliards de Francs CFA qui sont prévus pour les investissements dans les régions précitées.
«Un plan de retour des réfugiés a été élaboré et prévoit la réhabilitation et la réalisation par le gouvernement malien de 31 sites sur lesquels 12 sont déjà terminés et le reste le sera courant 2017. Afin de mieux gérer le flux migratoire, il serait souhaitable de poursuivre les formations et les sensibilisations sur la protection internationale à l'intention des agents des postes frontaliers» a expliqué le Secrétaire général du Ministère malien de la Solidarité de
l'Action Humanitaire et de la Reconstruction du nord. Il a enfin souligné qu'à la date du 17 février 2017, la ville de Gao a enregistré l'arrivée de 998 personnes soit 112 personnes de plus par rapport à la situation communiquée en septembre 2016.
Pour le Représentant Résident de l'UNHCR au Niger, M. Gnonkonde Abdouraouf, une solution durable au rapatriement volontaire des réfugiés demeure certainement la solution la plus appropriée. Malgré l'absence totale de stabilité qui prévaut dans les zones d'origine des réfugiés, rappelle-t-il, la recommandation qui a toujours prévalu demeure de poursuivre et de faciliter les retours pour ceux qui souhaiteraient spontanément rentrer dans leur pays. «Bien que relativement timide, ce mouvement de retour, indique bien que des solutions durables sont possibles. Nous allons poursuivre le travail avec les autorités des deux côtés de la frontière et avec les réfugiés eux-mêmes, afin que leur décision de retour soit toujours basée sur une compréhension exacte du contexte sécuritaire, de la situation des infrastructures, et de l'état de mise en œuvre des accords pour la paix dans le nord du Mali » a assuré M. Gnonkonde Abdouraouf.
Le représentant du coordonnateur humanitaire pour le Niger, Dr. Nestor Azandégédbé a souligné que si des mouvements de retour si timides soient-ils sont enregistrés, c'est le signe que le contexte s'améliore globalement bien que pas au rythme souhaité de tous. « Nous ne devons pas perdre de vue que la solution privilégiée à la condition de réfugié est le rapatriement volontaire dans la sécurité et la dignité. C'est la raison pour laquelle nous apportons tout notre soutien aux travaux de la Commission tripartite qui concourt à lever progressivement les obstacles au retour des réfugiés maliens dans leur pays, et à rendre possible à terme, le rapatriement organisé » a affirmé le Dr. Nestor Azandégédbé.