La France va déployer très prochainement un contingent composé d'environ 80 militaires, dont des membres des forces spéciales, pour appuyer l'armée nigérienne dans sa lutte contre les groupes terroristes dans l'ouest du pays, près de la frontière malienne.
L'annonce en a été faite par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, au sortir d'une audience samedi soir avec le président nigérien Mahamadou Issoufou à Niamey.
Cette annonce intervient trois jours après une attaque d'une position des forces de sécurité nigériennes par des éléments terroristes venus du Mali, près de Tiloua (ouest), qui a fait 16 morts et 18 blessés parmi les militaires.
La partie septentrionale du Mali, rappelle-t-on, abrite depuis près de cinq ans plusieurs groupes terroristes proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d'Ansar Dine et d'autres mouvements rebelles, ainsi que des narcotrafiquants qui mènent des attaques meurtrières de part et d'autre de la frontière séparant le Niger et le Mali.
Cependant, cette présence massive sur le sol nigérien de forces militaires occidentales est fortement critiquée par une partie de la population.
Depuis près de deux ans, certaines puissances occidentales ont décidé de faire du Niger, vaste pays du Sahel à cheval entre l'Afrique noire et le Maghreb, leur base en Afrique subsaharienne pour mener la lutte contre les forces terroristes et autres trafiquants de drogue qui opèrent dans la bande sahélo-saharienne.
En plus d'une base militaire à Niamey, l'armée française en a installé une autre en octobre 2014 à Madama, dans la région d'Agadez (nord), proche du Sud libyen, dans le but de démanteler la base arrière de ces groupes qui pullulent la zone sahélo-saharienne.
Officiellement pour soutenir l'opération française Barkhane au Sahel, ce fut au tour des Etats-Unis de positionner ses drones à Niamey, avant de construire une autre base militaire à Agadez. L'Allemagne a également marqué sa présence au Niger en construisant une base aérienne, en "appui", dit-elle, à la mission onusienne au Mali.
Une présence étrangère qui fait dire au militant de la société civile Laouali Aboubacar que son pays était en train de devenir une sorte de panacée pour les puissances occidentales. "Aujourd'hui, le nord-ouest du Niger est entre les mains de ces puissances qui ont pratiquement le contrôle de l'essentiel du territoire national", s'indigne-t-il.
"Le Niger serait-il devenu un 'hub' convoité par les armées occidentales?", se demande pour sa part Soumana Idrissa Maïga, directeur de la publication de l'unique quotidien privé du Niger, "L'Enquêteur".