En un mouvement, deux catas, tous les éléments, ou presque, dont avaient besoin les maradawas pour comprendre ce qui s’est tramé autour du centre d’affaires, sont remontés en surface. Les derniers éléments du puzzle ont été généreusement livrés par l’entrepreneur MIM lui-même, dans un « droit de réponse » pour le moins, maladroit.
Flanqué d’une meute d’avocats, Elh Moutari Issa Moussa a estimé qu’il fallait dire sa part de vérité dans cette affaire qui nuit gravement à sa « réputation ». Un geste intellectuellement et moralement louable, si ce n’est que, la charge subjective trop appuyée envers le journaliste à l’origine de la médiatisation du scandale, en a totalement occulté la portée.
« … Tissu de mensonges »
« … Nos dépenses s’élèvent à environ 230 000 000 auxquels s’ajoutent 63 242 652 de frais d’enregistrement, 60 056 770 de Tva à reverser à l’Etat soit environ un total de 353 000 000 de dépenses sur une avance de 376 145 031 FCFA », annonce-t-il péremptoirement dans son droit de réponse ; Comme pour dire aux maradawas que de votre argent, il ne reste plus que 23 millions ! Il n’en fallait pas plus pour déclencher leur colère et à présent ils réclament de partout qu’une plainte soit déposée contre « l’entrepreneur indélicat ». Car finalement, après recoupement et élimination des indices en leur possession, il s’avère que M.I.M. est le seul responsable de ce scandale.
Venons-en à ces éléments qui ont renforcé leur certitude là-dessus. Premier élément compromettant, c’est cette lettre incongrue adressée à la Direction régionale de l’urbanisme avec ampliation pour la Mairie. Aux yeux de nombre d’observateurs, c’est là un signe qui ne trompe pas. C’est plutôt à la Mairie que MIM devrait écrire avec ampliation à la DRULA, car cette dernière n’assure que le contrôle des travaux du centre d’affaires. Cette erreur de cible a provoqué les premiers « tilts » dans le « détecteur de mensonge » des maradawas. Quel message voulait-il envoyer ? Voulait-il prendre la DRULA à témoin ? Voulait-il signifier que cette institution publique est « impliquée » dans son affaire ? En tout cas, cette lettre des avocats de MIM à la DRULA, a été perçue ici à Maradi, comme un véritable aveu de culpabilité…
Les chiffres avancés par MIM révèlent quant à eux, au grand jour, sa stratégie de détournement des ressources qui lui ont été octroyées. L’entrepreneur annonce avoir dépensé déjà 353 millions sur les 376, décomposés comme suit : 230 millions de travaux, 63 millions de frais d’enregistrement et 60 millions de TVA. Or selon les chiffres de la Direction régionale de l’urbanisme qu’il veut prendre à témoin, l’ensemble des travaux, y compris les deux avenants dont il fait allusion, s’élèvent à environs 178 millions et non 230 millions comme il l’a annoncé. Soit 52 millions de différence tout de même, sans compter le fait que cette évaluation de la DRULA est jugée par nombre d’observateurs ici à Maradi, comme « surévaluée » par rapport à la réalité visible sur le terrain. Aussi, toujours par rapport à ce qu’il prétend avoir dépensé, à la mairie de Maradi l’on considère que les frais d’enregistrement et la TVA qu’il met tant en avant, relèvent des « dépenses de souveraineté » de l’entrepreneur.
Le comble de la compromission, c’est quand il fait référence à ce « matériel roulant (camions polybenne) livré au Conseil de ville à l’occasion de l’ouverture du marché central de Maradi et qui restent impayés à la date d’aujourd’hui ». Où est-ce qu’il est parti la chercher celle-là ? Se demandent encore les maradawas. Naturellement après vérification, ces camions ne font pas partis du contrat 005/2014/VM/DST. Mieux, il n’existe nulle part dans les cahiers de la mairie une commande de ces véhicules. L’histoire de ces 4 camions blancs d’occasion d’une valeur surestimée de 112 millions, stationnés à l’intérieur du marché central, reste encore à clarifier. Mais tout laisse croire que MIM a voulu les fourguer à la Ville, à un moment où il avait pignon sur rue à Maradi. Quoiqu’il en soit, l’évocation, dans la présente affaire, de ces camions, montre que MIM ne manquait pas de tours et d’astuces pour dépouiller la ville de Maradi.
D’autres petits détails trahissent également la bonne foi de l’entrepreneur. C’est notamment quand il feint de reconnaitre que le marché 005 est un marché en deux phases d’une durée de 7 mois et qu’en aucun cas, l’avance qu’il a perçue ne peut porter, sur l’ensemble du contrat, mais sur la première phase du contrat. Aussi, si l’entrepreneur était un modèle et milliardaire de surcroit comme il aime à le proclamer, il aurait dû payer l’enregistrement du marché et la TVA sur fonds propre. Quelle contradiction aussi, quand Moutari Issa Moussa se bombe le torse d’exécuter des marchés de plusieurs milliards sans aucune avance et qu’il ne soit pas en mesure de finir le Centre d’Affaire de Maradi pour lequel il a pourtant pris une importante avance !
« …Tous les arguments exposés par MIM ne sont qu’un tissu de mensonge ! », constate avec amertume Ayouba Moussa, Président du Conseil de ville de Maradi. Aux dernières nouvelles, devant tant de « mensonges » et surtout devant la volonté de l’entrepreneur à persister dans sa « logique », le conseil de ville a instruit son avocat pour écrire à MIM à propos de la résiliation du contrat 005.
Une décision motivée entre autre par la triste réputation de Moutari Issa Moussa dans la région de Maradi où il est décrit par ses collègues entrepreneurs comme un « spécialiste de chantiers abandonnés ». Dans ce milieu, susurre-t-on, on ne compte plus les chantiers des classes qu’il a abandonnés, à peine entamés et pour lesquels, il a sans doute perçus des avances…