Les ambassadeurs du Conseil de sécurité de l'ONU ont entamé vendredi au Cameroun une mission dans les quatre pays riverains du lac Tchad afin d'attirer l'attention sur la crise dans cette région, où des centaines de milliers de réfugiés ont fui les jihadistes de Boko Haram.
Les 15 ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité ont rencontré le président Paul Biya à Yaoundé, a constaté un journaliste de l'AFP, et devaient se rendre dans l'après-midi à Maroua, dans le nord du Cameroun.
"Nous venons pour montrer qu'il ne s'agira plus jamais d'une crise négligée", a déclaré dans un communiqué le représentant permanent du Royaume-Uni aux Nations unies, Matthew Rycroft.
"La région du lac Tchad n'a pas eu l'attention qu'elle méritait de la communauté internationale et cette erreur, qui est aussi une injustice, est aujourd'hui réparée par la venue du Conseil de sécurité", a ajouté l'ambassadeur de France à l'ONU, François Delattre, sur la chaîne d'Etat Crtv, à l'issue de la rencontre avec M. Biya.
M. Biya et les ambassadeurs ont "envisagé un accompagnement plus soutenu" des quatre pays riverains du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad) engagés dans la lutte contre le groupe jihadiste Boko Haram, a ajouté la Crtv.
Boko Haram, qui a pris les armes en 2009 pour imposer sa propre version d'un salafisme radical dans le nord-est du Nigeria, mène depuis huit ans des raids meurtriers et attentats-suicides dans les quatre pays riverains du lac Tchad.
Le nouveau secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, fin février, tiré le signal d'alarme sur la menace de famine dans le nord-est du Nigeria, épicentre du conflit avec Boko Haram.
Les Nations unies cherchent 1,5 milliard de dollars en 2017 pour la région du lac Tchad - dont près de la moitié pour le nord-est du Nigeria, où 5,1 millions de personnes manquent de nourriture.
Des zones du nord du Cameroun sont également menacées d'insécurité alimentaire du fait des attaques de Boko Haram, qui ont contraint des milliers d'agriculteurs et de bergers à abandonner leurs activités.
Quatorze pays ont promis 672 millions de dollars lors d'une conférence de donateurs à Oslo fin février, des promesses considérées par l'ONU comme un bon départ.
Conduite par le Royaume-Uni, la France et le Sénégal, la délégation du Conseil de sécurité se rendra, après Maroua, à N'Djamena et Niamey, puis au Nigeria dans les camps de déplacés de Maiduguri et à Abuja.