RABAT -- La Banque africaine de développement (BAD) a rendu public lundi sa nouvelle publication intitulée "Analyse de la politique commerciale du Maroc- Impact de la politique tarifaire du Maroc sur sa position de hub à destination du reste de l'Afrique".
Structurée en sept chapitres, cette publication fait suite à un premier volume également consacré à l'impact de la politique tarifaire du Maroc, mais cette fois au plan de sa compétitivité. Il s'agit d'une analyse ciblée : y sont passées au crible les politiques tarifaires à l'œuvre entre le Maroc et les autres pays du continent, afin de mieux cerner si celles-ci favorisent le développement de leurs échanges.
D'après la BAD, les échanges commerciaux entre le Maroc et le reste du continent ne cessent de croître ces dernières années (+ 20 %, soit plus de 1,5 milliard de dollars de plus). L'Afrique subsaharienne, avec son taux de croissance avoisinant 6,3 % en moyenne durant la décennie 2000 (record mondial après l'Asie), offre des perspectives économiques et un marché de plus en plus attractifs. Reste que le volume de ces échanges demeure modeste en valeur absolue : l'Afrique subsaharienne représente aujourd'hui un peu plus de 6% des exportations marocaines et un peu moins de 1% de ses importations (contre 5 % en 1993).
Si les échanges demeurent faibles en valeur absolue, ils s'avèrent de forte intensité avec certains pays qui se révèlent donc des partenaires relativement importants pour le Maroc, dont le Sénégal, la Guinée équatoriale, le Ghana, l'Angola, la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Togo et l'Egypte. S'agissant des exportations du Maroc, 13 pays africains figurent parmi les 28 pays partenaires avec lesquels l'intensité des échanges est importante entre 2011 et 2013 .
En ce qui concerne les droits de douane, la BAD pointe du doigt le paradoxe africain. "Certes, le Maroc a fortement abaissé ses droits de douane ces dernières années sur les produits en provenance d'Afrique subsaharienne (-78 %, soit 39 points de pourcentage de moins depuis 1993). Mais cette baisse ne s'est pas traduite par une hausse de ses exportations vers cette région", notre l'analyse de la banque africaine de développement.
Réduire les droits de douane marocains appliqués aux produits importés d'Afrique subsaharienne aiderait à stimuler les exportations des pays de la région vers le Maroc. Selon les projections, baisser de moitié ces tarifs douaniers entrainerait une hausse de 20 % des importations en provenance d' Afrique subsaharienne, observe la BAD.
Pareillement, réduire de moitié les droits de douane pratiqués par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), principal partenaire économique du Maroc en Afrique, entraînerait une hausse de 5 % environ des exportations marocaines. Et celles-ci augmenteraient de 15% vers les pays du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) avec une baisse identique des tarifs douaniers; et de 23 % au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC). Mieux, la hausse des exportations marocaines pourrait atteindre 40 % dans le cas de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE).