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Le Sahel N° du 16/3/2017

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Plaidoyer pour une institutionnalisation de l’achat du riz local
Publié le mercredi 22 mars 2017   |  Le Sahel




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Au sortir du Salon de l'Agriculture dont les lampions ont illuminé, du 06 au 11 mars dernier, le parvis du Palais du 29 juillet à Niamey, on est au moins édifié d'une chose : nous pouvons produire et consommer Nigérien...Promouvoir l'achat et la consommation du riz local ''made in Niger''. Tel est le combat dans lequel s'est lancé la Fédération des Unions des Coopératives des Producteurs de Riz (FUCOPRI). En effet, ladite fédération a récemment lancé une campagne de plaidoyer pour une institutionnalisation des achats du riz local au Niger.

Cette campagne de plaidoyer en faveur de l'institutionnalisation des achats du riz local au Niger s'appuie sur un constat clair qui nous révèle que même dans les cinq pays d'Asie (Chine, Inde, Pakistan, Thaïlande et Vietnam), connus comme étant les plus grands producteurs de riz au monde avec à eux seuls 479 millions de tonnes, soit 90% de l'offre en riz sur le marché mondial, il existe une politique orientée vers la promotion de la consommation du riz local. C'est dire que ces pays produisent surtout pour nourrir leurs populations. En fait, il ressort du constat que dans ces pays le riz exporté par ces pays sur le marché mondial ne représente que 6% de leur production tandis que les 94% de leur production sont réservés pour l'autoconsommation.

Au niveau sous régional, la production de riz reste encore insuffisante. En effet, comme le souligne la Fédération des Unions des Coopératives des Producteurs de Riz (FUCOPRI), «la production de riz en Afrique de l'Ouest couvre seulement 60% de la demande locale. Cette demande est largement couverte par le riz importé». La conséquence d'une telle situation se traduit par une sortie importante de devises et une dépendance alimentaire de la sous-région. «Les importations de riz en Afrique de l'Ouest atteindra 6,4 à 10,1 millions de tonnes en 2020. Cette situation engendre des déficits budgétaires au niveau des Etats et les fragilisent vis-à-vis des marchés et pays d'importation de par la dépendance pour l'alimentation des populations », note la FAO.

Tout ceci pour dire qu'il y a une impérieuse nécessité pour le Niger de s'investir pour promouvoir sa production de riz. En effet, au regard des aléas liés au contexte international, le Niger doit s'activer pour développer des initiatives en même de sécuriser sa production actuelle et d'impulser une dynamique nouvelle à la filière riz. « La production nationale estimée à 132 030 tonnes ne couvre que le tiers (1/3) des besoins annuels nationaux. En effet, la riziculture, avec la maitrise totale d'eau occupe aujourd'hui 30 000 familles, organisées en coopératives», nous apprend la FUCOPRI..

Egalement promouvoir le riz local, c'est se doter d'un puissant facteur d'adaptation et de résilience face au changement et à la variabilité climatique. D'autre part, cette politique constitue un des segments de la mise en œuvre de l'Initiative 3N, où les résultats peuvent être les plus palpables à maints égards. «Il existe de réelles marges de manœuvre pour un accroissement quantitatif et qualitatif de l'offre de riz du pays avec une diversité de situations agro écologiques mais un potentiel réel encore sous-utilisé», estime la FUCOPRI.

Tout ceci milite en faveur d'un soutien accru au marché de commercialisation du riz, qui connait encore d'énormes difficultés, malgré les productions encore faibles et toutes les initiatives en cours. «Depuis plusieurs années, les producteurs de riz éprouvent d'énormes difficultés dans la commercialisation de leur produit. La mesure de soutien initiée par le Gouvernement, j'ai nommé le prélèvement du quota de 3% sur les importations, ne s'est pas avérée efficace car les commerçants détournent cette disposition à travers des autorisations spéciales d'importation», déplore la FUCOPRI.

Pour la FUCOPRI, la remobilisation du consommateur autour du riz local, passe par un engagement de l'Etat qui doit se traduire d'abord par une consommation du riz local par ce dernier. Selon, une enquête de la FUCOPRI réalisée en 2016, la réduction de la perte de devise due aux importations est possible si l'Etat se base sur le riz local pour alimenter les marchés institutionnels (armées, restaurants scolaires et universitaires, hôpitaux). Sachant que ce marché a absorbé en 2015 plus de 20 000 tonnes de riz, il apparait que si, ces achats de riz étaient faits sur la production nationale à travers le RINI, les coopératives rizicoles n'auraient pas de difficultés à écouler leur paddy. Aussi, est-il demandé à l'Etat de donner le bon exemple aux importateurs de riz en achetant lui-même le riz local.

Assane Soumana(onep)

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