Samedi dernier, le Premier ministre Brigi Rafini devait se retrouver face aux élus du peuple pour répondre aux questions sécuritaires ou plutôt les questions relatives à l’insécurité qui menace les populations nigériennes. Très attendu par l’opinion, ce débat s’est finalement déroulé à huis clos, c'est-à-dire, entre le gouvernement et les députés. Ainsi en a décidé la plénière de l’Assemblée nationale, ou plutôt, les députés de la majorité qui imposent une sorte de dictature qui tire sa source de leur supériorité numérique. Raison invoquée : le caractère sensible du sujet. « Personne n’a demandé de parler de stratégie militaire » s’offusque le député Soumana Sanda, président du groupe parlementaire Zam-zam. Une façon de dire que le prétexte avancé par la majorité ne se justifie pas. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que la question sécuritaire est abordée en plénière à l’Assemblée nationale. Et puis ce n’est pas tant le secret défense qui intéresse les nigériens que la gestion même de l’insécurité. L’on voudrait savoir, et c’est un droit pour chaque citoyen, de surcroît député, où va le budget alloué à la défense chaque année ? Comment est-il possible que des terroristes franchissent nos frontières, nous attaquent et s’en retournent tranquillement ? Pourquoi les assaillants paraissent mieux équipés que nos forces et à chaque attaque ? Telles sont, entre autres, interrogations qui brûlent les lèvres des citoyens. Et c’est justement à ces questions que le gouvernement ne veut pas apporter de réponses. Pourquoi ?
Ce qui est sûr, si le régime ne se reprochait rien, il n’allait pas se cacher derrière sa majorité parlementaire pour fuir le regard du peuple Pourquoi la Renaissance, qui aime tant dire qu’il a réalisé ce qu’aucun régime n’a fait depuis que le Niger est créé, refuse-t-elle de nous dire où vont les ressources colossales prétendument injectées dans la sécurité et la défense nationale ? En optant pour le huis clos, la Renaissance voudrait faire croire que la question de la sécurité ne concerne que les régnants et les députés. Ce qui est totalement faux. C’est une question nationale et tout le monde a droit à l’information. Autre que les bilans macabres des attaques terroristes et assimilés. Le gouvernement se doit aussi d’expliquer aux nigériens pourquoi les renforts sont toujours en retard sur les théâtres d’affrontements ? Avec toutes ces attaques et leurs corollaires de morts et de désolation, la preuve est faite que la présence militaire étrangère de surcroît illégale ne met pas notre pays à l’abri. Dès lors, l’on se demande pourquoi les américains, les français et les allemands continuent-ils d’occuper le territoire nigérien avec leurs forces armées ? Les raisons de leur présence sont ailleurs. Sont-ils là pour protéger un régime en lieu et place d’un pays ? Sont-ils là pour la sécurité de leurs propres pays et non du nôtre ? L’interpellation de Brigi Rafini à l’Assemblée nationale aurait pu apporter des réponses à ces questionnements mais la majorité en a décidé autrement. Pourquoi ? Cette majorité, défend-elle le Niger ou le Guri system ? Apparemment, c’est le régime du président Issoufou qu’elle protège. Mais sait-elle seulement que la situation sécuritaire d’un pays est au-delà des clivages et raisons politiques ? Un peuple peut vivre dans la misère et relever les défis de la pauvreté, de la maladie et de l’ignorance mais jamais dans l’insécurité. Rappelons-nous, lorsque le Mali voisin a été envahie par les groupes terroristes du fait en partie de la mauvaise gestion du régime d’Amadou Toumani Touré, la politique et ses partis se sont mis à l’écart et il a fallu l’intervention étrangère pour stopper l’hémorragie. Même les élections n’avaient pu se tenir dans les délais. Ceci, pour dire que la sécurité est comme l’eau pour le corps humain. Et chaque citoyen, peu importe son appartenance politique, devait s’en soucier comme de la prunelle de ses propres yeux. Or, si le gouvernement se montre incapable de protéger et défendre le Niger, notre Niger des attaques terroristes, il ne devait bénéficier du soutien d’aucun citoyen, et surtout pas de l’Assemblée nationale qui se targue d’être la représentation nationale. On devait, le parlement devant, le renvoyer par une motion de censure votée à l’unanimité des députés et le remplacer par une autre équipe capable de protéger les nigériens et défendre le Niger en toutes circonstances. Cela, évidemment, ne veut nullement dire que le nouveau gouvernement sera issu de l’opposition politique. Il sera donc formé par le président de la République et comptera les militantes et militants des partis qui le soutiennent. Ce gouvernement se verra tout juste imposé de travailler au bonheur et à la sécurité du peuple Nigérien. En se faisant le bouclier du gouvernement, la majorité parlementaire enlève au pays son seul véritable contrepoids capable de conjurer les mauvais choix et l’incompétence de l’exécutif à savoir : l’Assemblée nationale. C’est donc une « dictature » démocratique qui est désormais en cours dans notre pays. Le gouvernement peut faire tout ce qu’il veut, la majorité parlementaire lui assure de sa protection. Un véritable complot contre le peuple du Niger.