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Le Sahel N° du 23/3/2017

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Pr Khalid Ikhiri, président de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) : «La bonne nouvelle, c’est que la CNDH du Niger vient d’être déclarée admise au statut ’’A’’ par le sous-comité d’accréditation du CIC»
Publié le vendredi 24 mars 2017   |  Le Sahel


Le
© Autre presse par DR
Le président de la Commission Nationale des Droits de l`Homme (CNDH) Khalid Ikhiri


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Monsieur le Président, vous êtes de retour de Genève où vous avez effectué une mission dans le cadre de l'Alliance Globale des Institutions Nationales des Droits de l'Homme (GANHRI) et de la reconquête du statut A de notre pays. Quelles sont les actions que vous avez menées à Genève et êtes- vous optimiste quant au retour de notre INDH au statut A ?

Effectivement, du 6 au 8 mars 2017, j'ai pris part à Genève (Suisse), en compagnie du rapporteur général de la CNDH, Pr Talibi Hamidou Moussa, et du commissaire Yacouba Khalifa, à la Conférence Annuelle de l'Alliance Globale des Institutions Nationales des Droits de l'Homme (GANHRI). Dans les échanges et partages d'expériences avec les INDH, la CNDH-Niger a partagé ses bonnes pratiques notamment sur les questions de l'immigration clandestine, de l'insécurité, de la prévention des conflits ainsi que du monitoring des camps de réfugiés et des personnes retournées et déplacées internes.

S'agissant de l'obtention du statut ''A'', un exercice très important, très sérieux et exigeant, nous avons passé l'examen devant le sous-comité d'accréditation. Et la bonne nouvelle, c'est que la CNDH du Niger vient d'être déclarée admise au statut ''A'' par le sous-comité d'accréditation du CIC basé à Genève en Suisse.

Les avantages du statut ''A'' sont nombreux. On peut citer, entre autres, la possibilité pour la CNDH-Niger d'avoir droit à la parole devant les Nations Unies juste après le Gouvernement; la participation à toutes les rencontres des Nations Unies sur les questions liées aux Droits de l'Homme; la faculté d'être membre du Bureau de GANHRI, l'attestation de la crédibilité de l'État du Niger au plan des Droits humains, et l'accroissement de la crédibilité de la CNDH par rapport aux partenaires internationaux.

Outre ces thématiques, les travaux de l'Alliance Globale des Institutions Nationales des Droits de l'Homme ont également porté sur le rôle des Institutions Nationales des Droits Humains (INDH) dans le respect des Droits de l'Homme par les entreprises et des droits des migrants. En effet, ces dernières années, on assiste à un développement du secteur minier qui se traduit, en particulier, par un accroissement des quantités de minerais extraits.

En dépit de ses retombées économiques, les impacts de l'exploitation minière affectent négativement l'environnement, la santé et la sécurité au travail, la qualité de vie des populations riveraines et les eaux des nappes phréatiques.

Dans d'autres rapports d'investigation et d'études effectuées au niveau de plusieurs sociétés uranifères (Azelik et Arlit), aurifères (Djado, Agadez et Arlit), pétrolifères (Agadem, SORAZ), à la nouvelle cimenterie de Malbaza, à l'abattoir et à la coopérative de la Tannerie de Niamey, la CNDH a fait état des conséquences négatives des activités industrielles. Il s'agit, entre autres, du non-respect des normes standards de l'exploitation artisanale de l'or ainsi que de l'utilisation de produits chimiques très toxiques comme c'est le cas à Agadez (cyanure) et explosifs (dynamite) à Arlit ; de l'absence ou de l'insuffisance des salaires, des problèmes d'hygiène, de santé et sécurité au travail, du travail des enfants, des problèmes environnementaux avec l'altération de la qualité de l'air due aux odeurs nauséabondes à la tannerie de Niamey, la pollution des eaux du fleuve par l'abattoir qui ne dispose d'aucun système de traitement des eaux usées qui sont directement versées dans le fleuve, etc..

Concernant les droits des personnes réfugiées, retournées et déplacées internes, les séries d'attaques terroristes du groupe Boko Haram en fin décembre 2014, début 2015 et en 2016 à Diffa, l'évacuation des populations des îles du Lac Tchad, ont entraîné un déplacement massif des populations vers les camps de réfugiés ou des lieux plus sécurisés.

Au nord-ouest du pays, la situation sécuritaire malienne a aussi drainé des milliers de réfugiés vers les sites de Tebarey-barey et Tezzalit, respectivement dans les régions de Tillabéri et de Tahoua. C'est dans ce contexte que le Niger a accueilli, dans le respect, la dignité et la solidarité, plus de cent mille réfugiés nigérians, tchadiens, maliens et libyens sur son sol. Ces chiffres se sont accrus pour atteindre 241.000 en août 2016 selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés.

Préoccupée par cette situation, la CNDH a effectué plusieurs missions d'investigation au niveau de ces sites afin de s'enquérir des conditions de vie des personnes réfugiées, retournées et déplacées internes. Si dans les régions de Tahoua et Tillabéri, les conditions des réfugiés correspondent au standard international, il n'en est pas de même dans la région de Diffa où la fréquence et l'atrocité des attaques ont entraîné un accroissement continu des réfugiés, occasionnant des difficultés dans leur prise en charge. À l'issue de ses différentes visites des sites, la CNDH a mené des plaidoyers auprès de l'État et des partenaires en vue non seulement de l'amélioration des conditions de vie des populations vivant sur ces sites, mais aussi pour un renforcement du dispositif sécuritaire à même de permettre aux travailleurs humanitaires d'apporter des réponses efficaces aux besoins qui s'imposent sur le terrain.

La CNDH a également recommandé le strict respect des textes régissant les droits des réfugiés et la vigilance sur des risques éventuels d'infiltrations sur les sites qui les abritent.

Après ces développements, la CNDH a demandé à l'Alliance de plaider la cause de notre pays afin que les Nations Unies, à travers ses déclinaisons, soutiennent les efforts du Niger au profit des réfugiés et accordent une attention particulière aux défis sécuritaires liés aux menaces terroristes qui entourent le Niger, à l'ouest au Mali (AQMI, ANSARDINE, MUJAO), sur la frontière sud avec le Nigeria (Boko Haram) et au Nord avec la situation d'insécurité généralisée en Libye.

Au mois de novembre dernier, vous avez organisé une table-ronde sur le financement du Plan d'Action Stratégique revu et actualisé 2014-2018 de la CNDH. Quels sont les résultats auxquels vous êtes parvenus depuis lors ?

L'objectif principal de la rencontre était de trouver des financements complémentaires pour nos activités face à la faiblesse des ressources de l'Etat, et vu l'immensité du travail et les attentes des citoyens. Suite à la table-ronde, plusieurs partenaires, notamment l'IDDH, le PNUD, l'UNFPA, l'Union Européenne, le Danemark, la Coopération Suisse, etc. ont manifesté leurs intérêts par rapport aux activités programmées. En outre, la CNDH a signé une convention de financement avec la Délégation de l'Union Européenne le 10 décembre 2016 pour un montant d'environ 200 millions de FCFA pour la mise en œuvre du projet de Promotion et de Protection des Droits Humains sur une période de 24 mois. Actuellement, le projet est dans sa phase de mise en œuvre.

Monsieur le Président, vous êtes au terme de votre premier mandat à la tête de la Commission Nationale des Droits Humains. Quel bilan pouvez-vous tirer de ces quatre années de présidence ?
Avant de vous parler de mon bilan, permettez-moi de vous annoncer que je suis candidat au poste de Commissaire à la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) pour un second et dernier mandat de quatre ans conformément à l'article 6 de la Loi organique 2012-44 du 24 août 2012, au titre des Organisations de Défense de Droits de l'Homme et de Promotion de la Démocratie.

Il s'agit pour moi de continuer le travail déjà entamé en vue de consolider les acquis, de renforcer la crédibilité et la visibilité de la CNDH. S'agissant du bilan, je peux dire qu'il a été appréciable, si je m'en tiens aux commentaires issus du partage de notre rapport 2015-2016 avec les acteurs et actrices de la société civile. Permettez-moi de citer les grandes actions.

En matière de promotion des droits humains, la CNDH a réalisé 12 activités de renforcement de capacités des acteurs étatiques et non étatiques dont principalement les organisations de la société civile. En matière de défense des droits humains, le bilan fait ressortir plusieurs actions réalisées, notamment :

- Plusieurs missions d'investigations relatives aux questions sécuritaires et humanitaires en profondeur dans les régions de Diffa (5), Tillabéry (10), Agadez (10), Tahoua (7), Zinder (5), Maradi (5), Dosso (5), sans compter la région de Niamey et ses alentours, en permanence.
- Des missions de monitoring sur le terrain au niveau d'au moins quatre-vingt lieux de privation de liberté (établissements pénitentiaires et cellules de garde à vue) ont été réalisées pour constater des cas de violations des droits humains.

-Plusieurs centaines de plaintes individuelles et collectives enregistrées et traitées par la Commission et ses relais régionaux relativement au foncier, aux conflits de travail, à la succession, aux litiges conjugaux (divorce, répudiation, garde d'enfants et pension alimentaire), à l'abus de confiance, à l'escroquerie, à la mobilité des pasteurs, à la libre circulation des personnes et des biens dans les espaces communautaires (CEDEAO et UEMOA), etc.

-L'élaboration de rapports cumulés 2013-2014 et 2015-2016 sur l'état des droits humains au Niger et leur présentation, respectivement les 27 novembre 2015 et 3 décembre 2016, devant l'Assemblée Nationale, conformément à l'obligation constitutionnelle de l'institution.

En plus de toutes ces activités réalisées, il y a eu le renforcement de l'efficacité de la CNDH à travers la mise en place de trois (3) antennes régionales (Agadez, Diffa et Tillabéry) et quatre (4) points focaux (Dosso, Maradi, Tahoua et Zinder), qui constituent les relais de la Commission sur le terrain. Cela a permis d'améliorer et d'augmenter le volume de l'enregistrement et du traitement des plaintes. En outre, elle s'est dotée d'un plan stratégique, d'une stratégie de communication, d'un site web pour sa visibilité, d'un manuel de procédures pour garantir la transparence de ses opérations financières, d'un centre de documentation ouvert au public, etc. la mise à disposition par l'Etat d'un terrain d'une superficie de 1800 m² sis devant la Cour de Cassation. L'étude architecturale est déjà disponible en vue de permettre à la CNDH de disposer d'un siège national (R+3) et de la construction des sept (7) antennes régionales.

Globalement, je suis très satisfait de mon premier mandat à la tête de la CNDH, car cette institution a véritablement joué son rôle dans la plus grande indépendance et la plus totale impartialité.

Vous êtes candidat pour un second mandat à la tête de l'institution. En cas de succès aux élections qui auront lieu CE samedi, sous quel signe inscrirez-vous votre prochain mandat ?
Je remercie tous ceux qui, de près ou loin, ont apporté leur pierre à l'édification d'une CNDH crédible, respectée tant au plan national qu'international. En effet, ce premier mandat a été marqué par de nombreuses actions en faveur des droits humains depuis l'installation de la CNDH le 13 mai 2013, puis la mise en place du bureau exécutif que j'ai eu l'honneur de présider. Nous avons conduit cette lourde et exaltante mission avec professionnalisme et indépendance, conformément aux Principes de Paris. Une fois élu, je placerai mon mandat sous le signe de la continuité des actions du premier mandat afin que la CNDH–Niger soit une référence sur le Continent africain.

Réalisée par Oumarou Moussa(onep)

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