À la tête du plus important syndicat de l'éducation, Mounkaïla Halidou symbolise la lutte pour de meilleures conditions dans ce département. Lundi, après dix jours de vacances de Pâques et deux semaines de grève, les écoliers et les enseignants devaient reprendre le chemin de l'école. Pour une semaine de consultations de la base, avant une nouvelle partie du bras de fer engagé entre le gouvernement du Niger et les syndicats de l'éducation. Entre-temps, un mot d'ordre de grève de 72 heures est relancé pour les 5, 6 et 7 avril après une assemblée générale sur tout le territoire ce jeudi.
Celui qui incarne le mouvement syndical est un homme discret, sobre, en costume gris et chemise perle. La porte de son bureau ne cesse de s'ouvrir et de se fermer ; les camarades entrent et sortent, lui passent des militants au téléphone, lui font signer des parapheurs, dans une chaleur étouffante. C'est la saison des coupures d'électricité et de la poussière. Il a passé une partie de ses vacances à soutenir son adjoint pendant quatre jours d'une garde à vue qui s'est soldée par une mise en liberté. Son nom : Mounkaïla Halidou.
D'un milieu modeste
Dévoué au syndicalisme, il en a fait sa vie. Ces jours, ces semaines, ces mois constituent une période agitée pour le secrétaire général du Syndicat national des agents contractuels et fonctionnaires de l'éducation de base (Synaceb), le plus grand syndicat de l'éducation nigérienne, logé au sein d'une coalition unitaire qui s'appelle CAUSE. Le « SG », comme on dit au Niger, a 43 ans. Il est né à Niamey « dans une famille de pauvres ». Son père était tailleur et sa mère ménagère. Ils étaient 21 enfants. Presque tous les frères de Halidou sont devenus couturiers, mais lui a suivi un chemin différent. Bon élève, il s'engage très jeune dans le syndicalisme scolaire. Au moment de la conférence nationale, il est en troisième, et déjà responsable syndical de son collège. En première, il quitte le lycée Issa-Korombé pour une école privée de la capitale, la contestation juvénile ayant perturbé ses études. Halidou rate le baccalauréat. « J'étais là, inactif. Je ne faisais qu'aider le vieux à l'atelier. Je me suis dit qu'il fallait que je fasse autre chose que ça, que je mette en valeur mes petites compétences », raconte-t-il.
Marqué par son statut de contractuel
En 2001, Halidou devient donc enseignant sans formation, sous le statut de volontaire. À cette époque, l'État recrute. Il a 27 ans et il est envoyé dans une école de brousse, où il enseigne aux élèves de CM2. L'année suivante, il passe le concours de l'École normale d'instituteurs et il est reçu. Il est recruté en tant que contractuel à Niamey en 2003, dans un quartier éloigné de la rive droite, où il a grandi. La carrière de Halidou, tant comme enseignant que comme syndicaliste, témoigne des difficultés croissantes de l'éducation. Volontaires, puis contractuels, une écrasante majorité des enseignants est précaire et formée dans des dispositifs temporaires, au gré des solutions imaginées par les bailleurs de fonds et les autorités nigériennes pour tenter de combler le grand gouffre de l'éducation nationale. Halidou arrive dans l'enseignement à point nommé : le gouvernement vient de dissoudre les volontaires et leur syndicat. Deux ans plus tard, en 2005, les nouveaux contractuels s'organisent. En 2006, le Synaceb est créé, pour les défendre, après plusieurs mois sans salaire. Halidou est élu secrétaire général.
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