Le vendredi 24 mars dernier, le juge du tribunal militaire a libéré une quinzaine de personnes, dont des opposants politiques, détenues depuis quinze (15) mois dans l’affaire dite de tentative de coup d’Etat. Cette décision constitue un véritable désaveu pour le Président Issoufou Mahamadou et ses sbires qui avaient soutenu mordicus qu’un groupe de militaires et de civils voulaient renverser leur régime, alors même qu’on était qu’à quelques mois de nouvelles élections.
Même si certains analystes peuvent lui reprocher d’être tardive, la décision du tribunal militaire a quand même le mérite d’avoir permis à des pauvres pères de famille de retourner dans leurs domiciles, après quinze (15) mois de privation de liberté. Cette décision a aussi le mérite de démontrer que le pouvoir du Président Issoufou Mahamadou n’avait pas d’éléments matériels suffisants pour arrêter les personnes concernées, sinon il les aurait remis au juge qui a décidé d’un non-lieu en faveur des prévenus. Il ne reste donc plus à ce jour que les militaires et un civil dont le sort n’a pas encore été décidé dans cette affaire. Sans présager de ce que le tribunal va décider sur leur cas, on peut dire que l’affaire dite de tentative de coup d’Etat a tout l’air d’être un pétard mouillé. Et pourtant, le Président Issoufou Mahamadou et ses sbires en avaient fait une affaire très sérieuse à son temps. Dans son message à la Nation à l’occasion de la fête du 18 décembre 2015 et sans la moindre précaution, le Président Issoufou Mahamadou informa le Niger et le monde entier que son gouvernement venait de déjouer un coup d’Etat dont les auteurs voudraient même l’assassiner.
«Alors que toutes les institutions qui en ont la charge préparent activement les élections afin que le peuple Nigérien puisse faire son arbitrage dans la transparence, une poignée d’individus qui ont la tête dans les années soixante, ont décidé de substituer leur propre arbitrage à celui du peuple souverain. En effet, le Gouvernement vient de déjouer une tentative malheureuse de déstabilisation. L’objectif de ces individus, animés par je ne sais quelle motivation, était de renverser le pouvoir démocratiquement élu en utilisant les moyens mis à leur disposition par le peuple pour assurer sa sécurité. Ils envisageaient notamment d’utiliser la puissance de feu des moyens aériens qu’ils ont bloqués délibérément depuis des semaines ici à Niamey, alors que je les pressais de de les envoyer à Diffa sur le front de la lutte contre Boko Haram où nos vaillants soldats, leurs frères d’armes, en ont le plus grand besoin», avait-il déclaré l’air grave. Ce fut le début d’une véritable campagne de dénigrement à l’endroit des militaires arrêtés et des civils, principalement des militants du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA) de Hama Amadou. Mise à contribution, la presse proche du régime passa des mois à diaboliser ce parti et ses responsables. Des manifestations de soutien au Président Issoufou et à son régime furent organisées dans toutes les villes du pays et l’occasion fut saisie pour souhaiter tous les malheurs du monde aux «ennemis de la République». Aujourd’hui que la justice n’a rien trouvé de compromettant contre eux, tous ces pères de famille accusés à tort et stigmatisés ne méritent-ils pas des excuses publiques de la part de ceux qui les ont injustement accusés ?