» Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude ; c’est, le plus souvent, le couvre-feu d’une révolte à venir. » Louis-Auguste Martin…
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
D’après Asma Bint Yazid (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit que » Celui qui défend l’honneur de son frère alors qu’il est absent, c’est un devoir pour Allah que de l’affranchir du feu « , c’est pourquoi en cette veille du 18 ème anniversaire de son assassinat, le devoir me dicte de défendre la mémoire du président Ibrahim Mainassara Baré (Paix à Son Âme) à travers la recherche de la vérité sur sa mort.
Que ceux qui ne comprennent pas fassent un effort de compréhension, puisque nous sommes tous appelés à quitter ce bas monde.
Monsieur le président,
Je dois avouer, pour commencer, qu’ayant été confronté au dilemme de savoir s’il faut parler ou continuer à me taire, je me suis rappelé que le Sage Lao Tseu dit que » Se taire, c’est avoir perdu d’avance « , et que pour Rivarol, » La raison se compose de vérités qu’il faut dire et de vérités qu’il faut taire « , j’ai fini par opter pour une posture médiane, à savoir, ne plus continuer à » me taire « , donc parler, en disant toutefois » des vérités qu’il faut dire « .
J’ai senti l’impérieuse nécessité de m’adresser à vous et, à travers vous au peuple Nigérien, puisque l’affaire de l’assassinat a été jugée et tranchée par un Arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO du 23 octobre 2015qui a dit que » le Droit à la vie a été violé « , puis a ordonné à l’Etat du Niger, de mener une enquête pour savoir la vérité sur la mort du Président Baré, et de la publier. Cette enquête, l’Etat du Niger ne l’a pas faite à ce jour.
N’étant plus, depuis quelques temps, soumis au devoir de réserve, je peux valablement livrer des vérités qu’il faut dire. Et puisque c’est la toute première fois que je m’adresse à vous et très certainement la dernière fois, je tâcherai de ne pas dire plus qu’il n’en faut.
Le Sage Hampâté Ba enseigne qu’il y a trois vérités : il y a » Ma » vérité, il y’a » Ta » Vérité et il y’a » La » Vérité « ,c’est pourquoi je profite de ce 18 ème anniversaire de l’assassinat du Président Baré, le 09 avril 1999, pendant que vous et moi sommes tous encore présents sur cette terre bénie du Niger, pour vous demander de dire votre part de Vérité, à travers les interrogations ci-après, sur votre rôle dans les évènements du 09 avril1999 et de saisir l’opportunité de dire Votre Vérité:
1) Saviez-vous que l’opinion nationale a bien retenu qu’une réunion de certains leaders de partis politiques et de la société civile, bien identifiés, et qui se connaissent, s’est tenue à votre domicile, dans votre salon à la veille de l’assassinat du président Baré et, ce faisant, vous auriez été personnellement pour l’option de l’élimination physique du président Baré?
2) Saviez-vous que, pour vous être trahi par l’annonce en direct sur une radio locale en haoussa, le jeudi 08 avril 1999, vous avez annoncé la prochaine mise à mort du président Baré par la cynique formule sans ambiguïté » Wata ouwa zaa ta rassa dan ta » (une mère perdra son fils » ), étant informé de votre macabre entreprise suffisamment à l’avance, le président Baré pouvait dès lors vous faire » neutraliser » et se prévaloir de la légitime défense, n’eut été qu’à moins d’une semaine de son retour de Pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam, il ne pouvait se permettre de se souiller du sang des âmes en perdition ? Saviez-vous qu’en ayant fait une telle déclaration, vous deveniez de facto co-auteur ou complice actif de l’assassinat du président Baré ?
3) Etes-vous bien ce Leader politique qui se dit musulman, et qui n’a rien trouvé de mieux que d’offrir et de faire apporter à celui que les journalistes avaient surnommé le » Boucher de Yélou » et ses acolytes dans leur camp retranché de la garde présidentielle, une caisse de champagne, dès le 10 avril 1999, pour les aider à fêter l’opération assassinat du Président Baré, qui avait pour nom de code » Opération Scier le Baobab » (A ouzou billahi minal chaytane Razim)? En procédant de la sorte, ignoriez-vous le Hadith de Asma Bint Yazid (qu’Allah l’agrée): » Quiconque tue un croyant et se réjouit de l’avoir tué, Allah n’acceptera pas de lui ses actions qu’elles soient petites ou grandes) « .
4) Si c’est le cas, est-ce pour cette raison que vous n’aviez jamais osé démentir le » Boucher de Yélou » qui, après avoir été acculé par l’opinion nationale et internationale sur l’assassinat du 09 avril 1999, avait fini par avouer qu’il avait agi » après consultation de la classe politique et de la société civile » dont vous faites partie ?
5) Est-ce encore pour cette raison que vous aviez- été en contact permanent avec les assassins dès le premier jour et les jours qui ont suivi, pendant que plusieurs civils et militaires s’activaient pour les obsèques du défunt dès le 09 avril 1999 et les 2 jours suivants ?
6) Pourquoi, suite au refus des Députés du parti du président Baré de rejeter dès le lendemain de l’assassinat, la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée par le premier ministre le 09 avril 1999, aviez-vous insisté et conseillé aux putschistes, de perpétrer un coup d’Etat par cette Proclamation mensongère, lue le 11 avril 1999 par le porte-parole du Conseil dit de Réconciliation Nationale disant que » les FAN,…ont décidé de mettre un terme au vide constitutionnel occasionné par la disparition subite, le vendredi 9 avril dernier, du Président de la République.. »
7) Aviez-vous participé à la conception de la déclaration du premier ministre I. A. Mayaki, sur les ondes l’après-midi du 09 avril 1999 jour de l’assassinat prétendant que le président Baré est mort » suite à un accident malheureux » tout comme celle du CRN du 11 avril 1999 relative à la » disparition subite du président de la République « , qui avaient été conçues pour être lues après l’exécution du scénario initial de l’assassinat consistant à abattre l’avion présidentiel d’une roquette au décollage de Niamey ou dès l’amorce de son atterrissage sur la localité d’Inatès (près du Mali) où il devait se rendre ??
8) Pourquoi avoir refusé d’ordonner une enquête indépendante sur la » disparition subite du président.. » par une déclaration officielle du CRN le 11 avril 1999, puisque le rapport d’Amnesty International du 6 mars 2000, mentionne que » le 2 mars 2000 le Président Mamadou Tandja s’est publiquement déclaré décider à « rechercher et rétablir la vérité » sur les circonstances de l’assassinat du président Baré Maïnassara » ?
9) Pourquoi aviez-vous promis de supprimer l’amnistie dans la constitution pour les besoins de votre Tazartché en 2009après avoir embastillé Hama Amadou et fait volteface, sitôt rassuré sur la suite des évènements ?
10) Est-ce parce que vous rêviez de Tazartché dès la transition de 1996, donc de ne pas accepter Hama Amadou comme dauphin, que vous lui aviez systématiquement empêché de soutenir son ami » le Général Baré » avec la chance pour le même Hama d’accéder au » Fauteuil » après le ou les mandats du président Baré ?
11) Aviez-vous été au parfum ou aviez-vous inspiré les deux dernières tentatives d’assassinat du président Baré consistant à abattre l’avion présidentiel » Monts Bagazane » à l’amorce de sa descente sur l’aéroport de Niamey à son retour : -d’une visite officielle de Cuba en mars 1999, option abandonnée au dernier moment, du fait de la présence à bord du premier groupe de 30 médecins cubains embarqués in extrémis depuis La Havane ? Ou de Pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam, le vendredi 02 avril 1999, selon le même scénario, option également abandonnée in extremis du fait de la présence de nombreux pèlerins à bord ?
12) Qu’avez-vous ressenti, quand un officier réputé proche de vous, sur lequel vous aviez compté et à qui d’après certaines sources fiables, affirme sans hésiter, » Tous les putschs sont difficiles.. », à une question posée par un journaliste de Radio France Internationale (RFI) le 23 février 2010, au lendemain du coup d’Etat qui vous a renversé?
13) Pourquoi, après votre élection à la magistrature suprême à l’issue de la Transition en fin 1999, n’aviez-vous pas jugé utile d’ordonner une enquête pour éclairer les nigériens en dépit des 148,1 milliards de FCFA de recettes fiscales engrangées et de dons reçus en 1999, avec I. A. Mayaki, comme premier ministre du gouvernement de la sombre Transition, ni daigné verser un seul Kopeck en guise de salaire aux fonctionnaires du 09 avril 1999, jour de l’assassinat, à décembre 1999 fin de la sinistre Transition, soit 9 mois de calvaire ?
14) Vous rappelez vous m’avoir envoyé l’un de frère, M. Brah Tanja (du moins ce qu’il a prétendu) en 1997 après m’avoir menacé de mort dans un de vos discours lors d’un meeting à la place e la concertation (JAD), pour me demander de vous pardonner et de ne pas déposer une plainte contre vous pour vos graves propos, ce que j’avais accepté ?
15) Pourquoi dans vos différents discours sur votre » programme spécial » qui n’est en réalité que la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) avec 890 millions de dollars soit 445 milliards de FCFA à verser de 2001 à 2021, aviez-vous régulièrement omis d’associer le nom du président Baré, véritable auteur des douloureuses réformes des finances publiques à l’origine de la réalisation de cette opportunité, et sur l’avènement du pétrole nigérien ? Pourquoi aviez-vous encore omis de citer le président Baré qui a permis l’acte de rétablissement des relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine en août 1996 relevant le défi de l’exploitation du pétrole que les partenaires précédents qualifiaient de non réalisable parce que non rentable ?
16) Pourquoi n’avez-vous pas jugé prioritaire, la réalisation du barrage de Kandadji tel que conçu dans le programme de relance économique (PRE) par le président Baré en mode BOT (Built, Operate and Transfer) moins risqué en terme financier et de réalisation ?
17) Pourquoi n’avez-vous inscrit dans vos priorités dès votre premier mandat, la réalisation de la » grande dorsale » (rail à grand écart qui va de Lagos en passant par Niamey, Bamako et Abidjan) dont la convention avait été signée le gouvernement du président Baré 19 Janvier 1999, soit trois mois avant son assassinat ?
18) Pourquoi avez omis de dire aux Nigériens que l’exploration et l’exploitation du pétrole, la construction du deuxième pont sur le fleuve Niger étaient des projets négociés à l’avance par le président Baré avec le partenaire Chinois d’autant plus que l’un de vos ministres, ancien compagnon du président Baré, membre de la délégation pour conduire les négociation avec la Chine en 1996, ont pu vous informer et pourrait en témoigner encore aujourd’hui ?
19) Pourquoi avez-vous failli faire perdre le bénéfice des cinquièmes jeux de la Francophonie négociés en son temps par le président Baré et son équipe, et qui devaient grandement contribuer à l’équipement du Niger, pour de simples questions d’orgueil personnel ?
20) Avec les errements de notre pays sur le plan de la gouvernance, englué dans les différents scandales financiers, la remise aux calendes grecques de l’exploitation de la mine d’Immouraren et du Barrage de Kandadji, l’affaissement de l’école, ne regrettez-vous d’avoir fait le » Tazartché ?
21) Pour finir, j’aimerais savoir si vous aviez pensé honnêtement pouvoir vous en sortir, c’est-à-dire quitter la scène sans histoires, après les actes posés par la classe politique avant et après le 09 avril 1999,réprouvés par ALLAH (Soubahana Wa Ta Alla) ?Ignoriez-vous que Ibrahim Mainassara Baré est petit fils de Cherif Mahamane Haidara, originaire de la Mauritanie, comme la grande Famille TANDIAN, d’où son empathie vis à vis de ses ennemis les plus irréductibles, et de » ses amis » les plus félons et cyniques. Il s’était volontairement abstenu d’éliminer ses adversaires politiques et avait régulièrement pardonné leurs turpitudes afin de sauvegarder son Âme, et se réserver une place au Paradis?
Je m’en tiens à ce stade à ces seules interrogations puisque la sagesse acquise auprès du Grand Peuple Wolof de la » Téranga « , » recommande de ne pas dire tout ce que l’on sait « .
Soyez rassuré qu’en m’adressant à vous, j’ai gardé à l’esprit qu’en étant lié à ma très chère grande sœur, vous êtes le père de mes neveux et nièces, les petits-fils de l’Honorable Gonimi Boukar, un Grand serviteur de l’Etat que je considère comme un père, et aussi par sa mère de la Grande Famille Dejean, qui a toute ma sympathie.
En conséquence, cette lettre doit être prise pour ce qu’elle est, un questionnement et un témoignage obligatoire sur un évènement grave et inédit pour la postérité. Puisque les latins disent » Verba volent, scripta manent « , » les paroles s’envolent, les écrits restent « . Ad vitam aeternam.
Je suis prêt à débattre de ces différents points soulevés dans cette lettre en tout lieu dans les médias de votre choix avec la personne que vous désignerez en français, anglais, djerma ou haoussa.
Tout en espérant que vous accepterez, au nom du devoir de vérité, d’éclairer la lanterne de ce peuple que tout le monde prétend servir, en d’autres termes lui livrer votre part de Vérité, sur votre rôle dans l’assassinat du président Baré, je vous prie d’accepter mes vœux sincères de bonne santé.