Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM. Issoufou Mahamadou, inaugure, ce matin, la centrale thermique de Gorou Banda. Cette cérémonie solennelle marque le début des festivités du 1er anniversaire de la seconde mandature. Elle symbolise également la concrétisation d’une promesse du Président Issoufou, celle de nous permettre de sortir progressivement de la dépendance sur le plan énergétique.
En effet, la centrale thermique diesel, première du genre au Niger, va permettre d’atténuer les coupures intempestives d’électricité et d’améliorer les conditions de vie des populations nigériennes dans la zone du projet, en accroissant le taux de satisfaction de la demande d’électricité en attendant l’achèvement des autres grands projets à savoir Kandadji et Salkadamna, pour atteindre définitivement l’indépendance énergétique au Niger.
La célébration de l’AN I de cette seconde mandature a été également l’occasion pour le Chef de l’Etat d’accorder une grande exclusivité à nos confrères de Télé Sahel. Au cours de cet entretien, le Président Issoufou Mahamadou a passé en revue toutes les grandes préoccupations de l’heure, entre autres la sécurité, la lutte contre le terrorisme, les bases étrangères présentes sur le sol nigérien, la mise en œuvre du Programme de Renaissance, la mobilisation des ressources, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable, les élections de 2021, avant de s’appesantir sur la Renaissance Culturelle.
La Renaissance Culturelle,c’est cette résolution du Président Issoufou à permettre à l’ensemble des Nigériens d’orienter leurs actions quotidiennes vers les efforts de développement économique et social du pays afin de permettre à nos concitoyens d’accéder à un avenir prometteur.
Lorsqu’il retraçait les grandes orientations de cette Renaissance Culturelle dans son Programme de campagne, du Président Issoufou disait clairement »qu’il s’agit de promouvoir, au sein de notre société, les valeurs qui ont historiquement servi de socle au développement économique et social. Il s’agira de cultiver le patriotisme et le dévouement à la collectivité; d’avoir partout et toujours le sens de l’intérêt général et de cultiver le civisme; de rompre avec l’obscurantisme ambiant et tous les autres comportements propres à annihiler chez les Nigériens toute idée d’ouverture, de progrès et d’innovation; de cultiver chez les Nigériens la confiance en soi; de créer les conditions d’une rupture avec la mentalité d’assisté et la mendicité sous toutes ses formes ; de combattre l’oisiveté, d’insuffler l’amour du travail; de combattre la corruption, la concussion et le népotisme; de promouvoir la solidarité et la responsabilité; de promouvoir l’individu, le détribaliser en le libérant du régionalisme, de l’ethnocentrisme et du sectarisme ».
Car, »avec tous ces maux et cette mentalité, notre cher pays ne peut émerger sans un changement radical de mentalité des populations. L’Etat de droit que nous voulons pérenniser, ne pourra s’épanouir sans être accompagné de changement de mentalité, de comportement ni d’attitudes », disait-il.
Il a encore été plus explicite au cours de son entretien d’hier sur Télé Sahel : »Nous avons une ambition, au niveau du Gouvernement, c’est de réaliser ce que nous appelons trois modernisations: la modernisation sociale, la modernisation politique, et la modernisation économique. L’objectif de la Renaissance Culturelle est de servir ces trois modernisations ».
Il s’agit pour nous, affirme le Président Issoufou, d’identifier quelles sont les valeurs qui peuvent aider à la réalisation de ces trois modernisations, il s’agit aussi d’identifier quelles sont les contre-valeurs qui constituent des obstacles à la réalisation de ces trois modernisations. Je peux vous prendre des exemples: par exemple, nous considérons que la solidarité est une valeur, alors que l’égoïsme est une contre-valeur ; l’unité nationale est une valeur, alors que l’ethnocentrisme, le régionalisme, le communautarisme sont des contre-valeurs.
Nous considérons que l’intégrité est une valeur alors que la vénalité est une contre-valeur. Notre objectif est de faire le tri au niveau des valeurs internes et externes également qui peuvent nous servir pour ces trois modernisations, et faire l’inventaire également des contre-valeurs qu’il faut combattre afin de lever les obstacles pour pouvoir avancer sur la voie de la modernisation. Mais pour mieux comprendre, il faut que les gens sachent ce que nous entendons par modernisation sociale, par modernisation politique et par modernisation économique. Par modernisation sociale nous entendons le renforcement de l’unité nationale, la détribalisation définitive des Nigériens, et le changement de la conception du monde.
Nous avons une conception du monde qui, malheureusement, est aujourd’hui un peu archaïque. Il nous faut une conception du monde beaucoup plus compatible avec la raison, il nous faut créer des ruptures dans le comportement, rupture dans les rapports sociaux, rupture au niveau des mentalités des Nigériens. Il faut aussi une certaine évolution dans notre vision des questions démographiques par exemple. Et c’est cela que nous donnons comme contenu à la modernisation sociale», explique SE. Issoufou Mahamadou.
Quant à la modernisation politique, elle vise l’établissement d’un Etat démocratique et républicain fort et solide. Et la culture peut y contribuer, les valeurs culturelles peuvent y contribuer, par exemple une des conditions pour que l’Etat démocratique soit fort et solide, c’est que l’Etat puisse avoir beaucoup de ressources. Cela suppose que le civisme fiscal est très développé dans le pays, donc la renaissance culturelle peut contribuer également au civisme fiscal. En ce qui concerne la modernisation de l’économie, l’objectif est de mettre en place une économie compétitive, avec un secteur primaire moderne, avec une consolidation du secteur secondaire et du secteur tertiaire.
Là également la culture, les valeurs culturelles peuvent nous servir, par exemple le développement d’un esprit d’entreprenariat, le développement de l’épargne, le développement du goût du risque, l’ardeur au travail, tout ça, ce sont des valeurs qui peuvent servir la modernisation de l’économie. Pour me résumer, donc, la Renaissance Culturelle, ce n’est pas le folklore, la Renaissance Culturelle, c’est puiser dans les valeurs internes comme externes qui peuvent servir les trois modernisations, identifier les contre-valeurs qui peuvent freiner cette modernisation. C’est pour cela d’ailleurs que nous avons besoin d’un certain nombre d’acteurs qui peuvent permettre de diffuser les valeurs qui concernent notre société ou de lutter contre les contre-valeurs. Et ces vecteurs sont la famille, il faut passer par la famille, il faut passer par l’école, l’éducation, il faut passer par les lieux de culte, les mosquées, les églises, etc., pour sensibiliser les Nigériens. Il faut également passer par les médias, il faut passer par le chant, le théâtre, le cinéma, etc.
Nous l’avons déjà dit dans un de nos précédents éditoriaux, nous le répétons encore : nous devons, pour atteindre nos objectifs de développement, changer nos mentalités ! Nous devons nous-mêmes nous imposer des changements qualitatifs.
Comment s’améliorer si tout le monde attend tout de l’Etat, et qu’on oublie de se mettre au travail ?
Il faut donc changer, changer sans délai, car le développement commence par le changement de comportement et le travail.
Il faut combattre les lenteurs dans l’administration et l’absentéisme, la politisation à outrance de notre administration, la courte échelle, les passe-droits, etc. Le Niger renaissant a besoin de mentalités nouvelles dans l’administration qui doit être une administration de développement et non une administration de commandement et de la recherche du profit.
Il faut dénoncer et combattre notre propension à faire de la politique politicienne 365 jours sur 365 jours. La vie de la Nation ne s’arrête pas qu’à la politique. Nous devons donc éradiquer cette mentalité de politiciens de tous les jours.
Ce combat noble exige l’implication de tous : leaders politiques, religieux, société civile, parents d’élèves, etc., afin qu’il y ait plus de travail et moins de gaspillage de temps et d’énergie.
L’autre axe de la Renaissance Culturelle, c’est le défi démographique. Le Président Issoufou l’a d’ailleurs reconnu, »le défi démographique est très préoccupant. Nous avons un taux annuel de croissance de 4%, nous avons un taux de fécondité parmi les plus élevés, sinon le plus élevé du monde. Notre population double tous les 18 ans. Donc, le Gouvernement continue de créer les conditions pour la transition démographique dans le pays. Je voudrais que les populations sachent que notre religion, l’Islam, ne s’oppose pas à la planification familiale.
C’est le lieu d’ailleurs de saluer les prises de position récentes de l’Emir de Kano (Nigeria) sur cette question. Donc, c’est un chantier sur lequel nous allons continuer à travailler, c’est un chantier par rapport auquel nous allons mobiliser l’instrument de la Renaissance Culturelle pour changer l’attitude des populations par rapport à la démographie, la vision de la population par rapport à la question de la planification des naissances ».
Dans le secteur de l’éducation, l’initiative de l’évaluation des enseignants pour relever le niveau de l’école nigérienne a été aussi abordée par le Chef de l’Etat, qui a appelé les uns et les autres à une prise de conscience élevée pour sortir l’école nigérienne des sentiers battus.
Toujours est-il que sur cette épineuse question de l’éducation, tout comme pour tant d’autres questions, il faut privilégier une et une seule voie : celle du consensus !