Mohamed Ben Omar n'est plus ministre de l'enseignement supérieur; mais, il reste au sein du gouvernement pour s'occuper désormais de l'emploi. C'est finalement la solution que le Président Issoufou a trouvé pour satisfaire à l'une des exigences formulées par l'USN pour la poursuite du dialogue avec le gouvernement au lendemain des événements tragiques survenus sur le campus de l'Université Abdou Moumouni.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs voix se sont élevées pour saluer le départ de Ben Omar de ce ministère très sensible; et parmi ces voix, on peut noter celle du Secrétaire général de l'USN, qui estime que c'est un obstacle de moins pour la reprise du dialogue. Le responsable de l'USN considère qu'il ne reste plus que la mise en place d'une commission d'enquête sur les événements du 10 avril 2017 pour que le comité mis en place au lendemain de sa rencontre avec le Président Issoufou se penche enfin sur les revendications des scolaires.
Après une petite semaine d'angoisse, le ministre Mohamed Ben Omar peut donc dormir tranquillement, et pourquoi pas même narguer demain ceux qui ont pensé que les carottes sont cuites pour lui; car, quitter un ministère comme celui de l'enseignement supérieur et se retrouver avec le portefeuille de l'emploi, c'est plutôt un grand soulagement pour celui qui a été le premier à dérouler la litanie des mensonges sur les événements du 10 avril 2017.
Bien sûr, il gardera toujours à l'esprit qu'il a eu dans cette triste affaire moins de chances que d'autres, notamment son homologue de la défense assurant l'intérim du Ministre de l'intérieur et les responsables des forces de l'ordre; car, ces derniers, bien que moralement responsables de la mort de l'étudiant Malah Bagalé aux yeux d'une certaine opinion, n'ont jamais figuré sur la liste noire du mouvement scolaire. Le ministre Ben Omar, qui se définit lui-même comme un animal politique, ne se plaindra certainement pas de cette sélection; il sait qu'une tête comme la sienne est plus facile à mettre à prix que celles d'autres ministres plus proches du Président Issoufou.
Quoi qu'il en soit, deux (2) enseignements méritent d'être retenus dans cette triste affaire. Le premier, c'est le Président Issoufou est vraiment un homme de parole, presque au sens franc-maçonnique du terme, qui ne lâche jamais ses proches pour une faute qui n'est pas dirigée contre sa propre personne. C'est le genre de Chefs de l'État qu'on ne peut jamais regretter de servir, qui peut manquer à son serment devant dieu et devant le peuple, mais jamais à la parole donnée à un allié ou un proche. Certains diront que c'est un défaut, mais les faits montrent que c'est aussi là que réside le secret de son succès politique. En un quart de siècle de parcours, il a souvent été trahi par des alliés, mais il n'a jamais été lâché par un de ses proches.
Le second enseignement à retenir, c'est que beaucoup de Nigériens, y compris parmi les jeunes, sont déroutés par l'audace de leurs dirigeants; à tel point que le moindre petit geste allant dans le sens qu'ils souhaitent apparait à leurs yeux comme une victoire majeure. La force du régime en place réside dans le fait que ses principaux thuriféraires ont bien compris que le mépris donne parfois de la valeur au petit sourire occasionnel; surtout lorsque, à force d'être méprisées, les victimes ont perdu tout espoir d'arracher ce petit sourire.
Ce n'est donc pas surprenant de voir tant et tant de personnes se réjouir de voir le chef de l'État recevoir des responsables syndicaux scolaires, muter un ministre en faute pour autre un poste ministériel, la police sanctionner quelques brebis galeuses, la justice libérer des personnes qu'elle n'aurait jamais dû envoyer en prison. La vie de notre frère et camarade Malah Bagalé, ce jeune militant panafricaniste et révolutionnaire, vaut bien plus que ça; son lâche assassinat, ainsi que l'arrogance avec laquelle s'adressent à nous ceux qui en portent la responsabilité morale, devrait au moins rappeler que demain encore le fils de n'importe qui pourrait perdre la vie dans les mêmes circonstances.