Dans sa chronique, Yves Trotignon, le spécialiste des questions de terrorisme, estime que quatre ans après « Serval », le Sahel est ainsi en passe de devenir un cas d’école de la lutte contre le djihadisme, regroupant tous les ingrédients d’un échec inévitable.
Par Yves Trotignon (Analyste, spécialiste des questions de terrorisme) Depuis plus de trente ans, les groupes djihadistes qui tentaient l’aventure d’une confrontation directe avec des armées régulières, le plus souvent après avoir pris le contrôle de territoires et après les avoir gérés, ont régulièrement été défaits. La tâche n’est pas aisée, mais le passage de l’action terroriste, clandestine, à des modes opératoires plus conventionnels les expose, en effet, à la puissance d’armées modernes les surclassant dans de nombreux domaines.
Ces victoires militaires ne sont jamais aisées, et encore moins garanties. L’intervention contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak, si elle illustre cette supériorité, confirme aussi l’extrême combativité des djihadistes et leur capacité à innover, à s’adapter, et même à manœuvrer. Dans le Sinaï, l’armée égyptienne, soutenue de plus en plus ouvertement par Israël, rencontre des difficultés malgré le déploiement de moyens importants et le recours à une violence souvent indiscriminée. En Algérie, où les autorités affrontent des maquis depuis les années 1980, le choix a été fait, après l’échec de l’insurrection islamiste, à la fin des années 1990, de circonvenir les zones d’action des groupes terroristes sans réellement tenter de les anéantir, afin de les étouffer progressivement.... suite de l'article sur LeMonde.fr