Niamey (ANP) - La Procureure de la Cour Pénale Internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, en visite de travail de 72 heures au Niger, est intervenue ce mardi 25 avril 2017 devant le Parlement nigérien, au cours d’une journée parlementaire d’information sur les procédures à suivre devant cette haute juridiction internationale.
A l’invitation du Président de l’Assemblée Nationale du Niger, M. Ousseini Tinni, la responsable du Bureau du Procureur de la CPI a particulièrement entretenu les parlementaires nigériens sur les procédures usitées de son Institution afin de mieux la faire connaitre aux citoyens nigériens en général.
Cet exercice, le premier du genre devant des représentants du peuple, a été salué par le Président du Parlement nigérien qui s’est surtout réjoui de la présence à l’hémicycle de l’Assemblée Nationale du Niger « d’une personnalité d’exception », en la personne de Mme Fatou Bensouda. M. Ousseini Tinni a ensuite expliqué que c’est « face à la méconnaissance des élus nationaux des pays membres de la CPI » qu’il a voulu inviter la Procureure Bensouda « pour permettre aux citoyens nigériens de s’imprégner des procédures à suivre devant cette Cour ».
Quant à Mme Bensouda, elle a d’abord dit tout son plaisir d’échanger sur la CPI et particulièrement le Bureau qu’elle dirige, avant d’indiquer que sa présence à Niamey revêt un double avantage, précisant notamment que sa visite constitue une opportunité d’être parmi des représentants du peuple pour la première fois, mais aussi parce que c’est une occasion pour lancer un appel pour la bonne marche de l’Institution internationale dont elle est un des dirigeants.
Mme Bensouda a ensuite expliqué aux députés nigériens que la CPI est conçue pour compléter les systèmes judiciaires nationaux. Elle est une juridiction pénale universelle permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. Créée en 1998 par le Statut de Rome, elle a commencé à fonctionner en 2002 après sa ratification par 60 Etats, dont le Niger.
La CPI, a-t-elle noté, est saisie soit par les Etats, soit le Conseil de sécurité de l’ONU. Mais l’initiative d’engager une enquête ou une poursuite relève du Bureau du Procureur qui prend les dispositions utiles à cette fin, car à charge de rassembler les preuves à présenter lors des procès. Aussi, a-t-elle demandé à l’adresse des députés nigériens de plaider pour que la Cour dispose des moyens de mener à bien sa mission.
Faisant le point des activités jusqu’ici menées, Mme Bensouda a annoncé que pour la seule année 2016, huit (8) situations sont actuellement en cours de traitement et concernent plusieurs pays dont le Mali, la Côte d’Ivoire, ou encore le Singapour, etc. Répondant aux griefs faits à la Cour de ne se concentrer que sur le Continent africain, la Procureure de la CPI a certes reconnu que la plupart des dossiers concernent les Etats africains, mais, a-t-elle dit, l’Afrique n’est pas prise pour cible, car des pays d’autres continents sont actuellement dans des situations en cours de traitement.
Mme Bensouda a enfin salué le rôle important que joue le Niger dans le rayonnement de la Cour, faisant notamment référence au fait que le Niger est l’un des premiers pays à ratifier le Statut de Rome, mais aussi le choix de ses dirigeants de réformer son système judiciaire pour l’adapter aux normes internationales. Elle a également fait cas du transfèrement par le Niger à la CPI du djihadiste malien Ahmad Al Faki, aujourd’hui jugé et déclaré coupable de crime de guerre et de destruction de monuments historiques dans la ville de Tombouctou.