L'opération de vente présumée douteuse d'uranium baptisée "Uraniumgate" a été mise au point par Areva, soucieuse de mobiliser des fonds afin de "sécuriser" les mines d'uranium dans le nord du Niger, a révélé jeudi une enquête parlementaire.
"Suite à l'enlèvement par Aqmi en 2011" de travailleurs d'Areva à Arlit, Niamey "avait demandé le soutien d'Areva" pour "sécuriser" les mines d'uranium dans le Nord qui étaient en "danger", souligne le rapport lu par le député Saadi Soumaila devant la presse.
Areva, qui ne pouvait "débloquer" des "sommes importantes", avait proposé au Niger "d'utiliser" la Sopamin (Société de Patrimoine des mines du Niger, Société d'Etat) pour lever des fonds, mentionne le rapport de l'enquête menée en mars.
Une réunion s'était tenue le 6 décembre 2011 à la présidence du Niger, en présence de Sébastien de Montessus, vice-président d'Areva, poursuit le texte.
Muni d'un "mandat" de la Sopamin, l'actuel ministre des Finances Hassoumi Massoudou, alors directeur de cabinet du président du Niger Mahamadou Issoufou, avait à cet effet ouvert un compte pour la Sopamin à Paris.
Areva avait alors viré dans ce compte "320.649.942 dollars" qui ont servi à l'achat de 5,5 millions de livres d'uranate auprès de Optima (société libanaise).
Après la transaction, un virement de "319.825.000 dollars" a été opéré du compte parisien de la Sopamin vers "un compte de Optima à Dubaï", détaille le rapport.
"C'est ce virement de 319.825.000 dollars, environ 200 milliards FCFA, que les journaux ont publié", estime Saadi Soumaïla, également président de la Commission qui a enquêté sur cette affaire révélée mi-février par l'hebdomadaire privé nigérien +Le Courrier+.
"Conclusion: une transaction a bel et bien eu lieu entre la Sopamin, Areva et d'autres partenaires internationaux. L'uranium qui a fait objet de la transaction n'est pas l'uranium du Niger. L'argent transféré à Dubaï (qui a initialement servi à l'achat de l'uranium) n'est pas l'argent de l'Etat nigérien ni de la Sopamin, c'est l'argent d'Areva", clarifie le rapport.
L'opposition, dont deux membres ont participé à l'enquête, a dénoncé leur "mise à l'écart" lors de l'élaboration du rapport.
"L'implication de M. Massoudou est confirmée", accuse Soumama Sanda, un des élus, qui réclame "une action judiciaire" sur "ce vaste scandale financier".
Iro Sani, un élu de la majorité présidentielle pense toute cette affaire n'est qu'"un montage calomnieux" contre les autorités.
D'après le journal +Le Courrier+, à l'issue d'une complexe et tortueuse série de transactions d'uranium impliquant plusieurs entreprises françaises, russes et libanaises, un virement bancaire "de 319 millions de dollars" a été effectué le 12 décembre 2011 du compte parisien de la Sopamin vers le "compte de Optima à Dubaï".
Selon le journal, qui a publié des fac-similé des transactions, le nom de Hassoumi Massoudou, apparaît dans les documents liés à cette affaire où figure aussi le groupe nucléaire français Areva.