Le président du Niger Mahamadou Issoufou a demandé vendredi à des maires, dont certains sont écroués, de rembourser des fonds détournés de ventes de vivres destinés à des paysans vulnérables.
"Il y a beaucoup de maires qui doivent de l'argent à l'OPVN (Office des produits vivriers du Niger, public) et je les exhorte à prendre des dispositions pour payer cet argent", a lancé le président Issoufou devant plus de 200 maires du pays réunis dans la capitale Niamey.
"Une dizaine de maires" impliqués dans ces malversations "sont déjà sous les verrous", a de son côté confié à l'AFP une source gouvernementale, assurant que "ceux qui payeront seront remis en liberté".
Selon le président Issoufou, les fonds détournés sont tirés des "ventes à prix modérés" de céréales, une opération gouvernementale consistant à aider les paysans en leur cédant des sacs de céréales beaucoup moins cher que sur les marchés.
Les recettes sont destinées à acheter des stocks de céréales pour préparer d'autres opérations, a expliqué M. Issoufou.
Ces opérations sont habituellement menées, avec l'appui des partenaires étrangers, pendant la "soudure": la période qui sépare la fin de la consommation de la récolte de l'année précédente jusqu'aux prochaines récoltes.
Les ventes promotionnelles profitent également aux éleveurs dont le bétail souffre cette année de manque crucial de fourrage à cause de la sécheresse, selon le ministère de l'Agriculture.
Mais une fois les ventes terminées, "au lieu de reverser les recettes à l'OPVN", certains maires les ont "carrément empochées", a souligné la source gouvernementale.
Les montants des malversations se chiffrent à plusieurs millions de francs CFA.
Au Niger, pays très aride et souvent confronté à des sécheresses et à des crises alimentaires, la période de "soudure" s'étale généralement de juin à septembre. Mais, cette année, la soudure a été "très précoce et (est déjà) très difficile pour les populations", a déploré le président nigérien.