Depuis août 2013, date du départ de son parti le MODEN FA Lumana africa de la MRN, mouvance présidentielle, le rouleau compresseur s’est déroulé sur les traces de Hama Amadou. L’affaire dite des bébés stigmatisés a vu le jour. L’homme est traîné dans la boue, sa famille avec. Il finit par subir une privation préventive de liberté pendant quatre mois. Occasion saisie par le président de la République, chef de l’Etat, magistrat suprême Issoufou Mahamadou pour se faire réélire. Le premier objectif – un second mandat – est atteint. L’ultime objectif – assassiner la carrière politique de Hama Amadou – est enclenché. Un procès de quelques heures aura suffi à le condamner à un (1) an de prison ferme, en l’absence de ses avocats. Là encore, le juge d’Appel ne pousse pas le bouchon. Il n’évoque pas la privation des droits civils et politiques du leader de Lumana dans sa décision. Les regards se tournent alors vers le Code électoral qui devait régler la question. Et c’est là, que la Renaissance espère trouver son compte en cas de condamnation définitive de Hama Amadou par la cour de Cassation. Ce dernier, vient de saisir la Haute cour de justice de la CEDEAO. Son avocat Me François Serres parle de «condamnation pour un crime inexistant en droit sous fond de pressions de l’exécutif sur les tribunaux et de l’absence de recours devant des juridictions indépendantes».
Le parti au pouvoir PNDS-Tarayya ne baisse donc pas les bras dans sa quête d’une disqualification électorale du chef de file de l’opposition Hama Amadou. Après donc le second et dernier mandat constitutionnel du président Issoufou, le parti rose voudrait nettoyer le chemin pour son prochain candidat. A quel prix ? Qu’importe, est-on tenté de croire. Comment peut-on espérer mettre hors course électorale le président du deuxième plus grand parti politique de l’échiquier national ? En tout cas, ça ne peut se faire que sur le dos de la stabilité politique. Les millions de militants, sympathisants et admirateurs de Hama Amadou pourront-ils croiser les bras et regarder leur champion mis hors course par le parti adverse ? Evidemment non. Et c’est vraisemblablement, l’équation qui échappe aux barons du PNDSTarayya.
Si jusque-là, le président Hama arrive, de loin, à contenir la colère et les frustrations des militants de son parti pourra-t-il continuer à le réussir indéfiniment ? Ce sera bien difficile. L’on se rappelle qu’avant son évacuation sanitaire en mars 2016, avant de monter à bord de son avion médicalisé, Hama Amadou avait ordonné à ses militants «je ne veux pas de troubles le 20 mars», date de la présidentielle deuxième tour. Une instruction suivie à la lettre. En sera-t-il demain si on lui empêchait d’être candidat aux élections de 2021 ? Aura-t-il, lui-même, la force politique de donner une telle consigne ? De la même façon que le président de la République a fini par comprendre qu’il ne pouvait pas régler la crise scolaire née des évènements du 10 avril par la force, lui et son entourage devront comprendre qu’ils ne pourront pas non plus garder éternellement le pouvoir d’Etat par la force et en dehors d’un jeu démocratique sain. Il faut aller à l’apaisement et commencer déjà à s’aménager une porte de sortie honorable au lieu d’attendre le pire. Le pouvoir appartient au peuple, il faut le laisser choisir ses dirigeants sinon on risque de se casser la figure en entrant droit dans le mur.