Les forces de l'ordre nigériennes ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes, mercredi à Niamey, une manifestation interdite qui avait été programmée par un collectif de la société civile contre "la mauvaise gouvernance" et les pénuries d'électricité, a constaté un journaliste de l'AFP.
Tôt dans la matinée, un détachement de policiers avait pris position sur une des grandes places de la capitale choisi comme lieu du rassemblement et des dizaines de personnes qui avaient commencé à se regrouper ont été dispersées.
"Ils nous ont lancé des grenades lacrymogènes alors que les gens ne sont pas informés de l'interdiction et, nous-mêmes, ils nous l'ont notifiée tardivement", a expliqué à l'AFP Maikoul Zodi, un des organisateurs du mouvement.
Les autorités de Niamey ont interdit la manifestation pour "risques de troubles à l'ordre public", a déclaré M. Zodi, également membre la campagne internationale Tournons la page pour l'alternance démocratique en Afrique.
Selon lui, la manifestation visait à "dénoncer la corruption, l'impunité et surtout le détournement de deniers publics". Son but était également de dénoncer "les pénuries de l'électricité" et "la déperdition du système éducatif", a ajouté Moussa Tchangari, un autre organisateur.
En janvier, les autorités municipales avaient interdit par un arrêté toute manifestation de rue durant "les jours ouvrables". En décembre 2016 et février 2017, des manifestations avaient déjà été organisées à Niamey par la société civile contre le gouvernement du président Mahamadou Issoufou et la vie chère.
Les partisans du régime avaient organisé en réponse une grande manifestation de soutien au président début janvier.
Le Niger est un pays sahélien presque entièrement désertique et parmi les plus pauvres du monde. Son économie est en outre affectée par la chute du cours du pétrole - dont il est un modeste producteur depuis 2011 - et la baisse du prix de l'uranium, dont il est un grand producteur mondial.
Une partie des ressources est absorbée par la lutte contre les jihadistes venant du Mali et des islamistes du groupe nigérian Boko Haram, qui mène régulièrement des attaques meurtrières au sud-ouest du Niger.