Le parti au pouvoir PNDS-Tarayya - comme nous l'avions écrit la semaine dernière - traverse une zone de turbulences. C'est un fait. Et la preuve, le parti rose, malgré ses moyens colossaux, n'arrive toujours pas à fixer une date pour son prochain congrès ordinaire. Selon des sources proches de la prairie rose, cette instance aurait même été reportée aux calendes grecques. En tout cas, le dernier congrès ordinaire remonte au 29 décembre 2013. A quelques huit mois de l'échéance de 4 ans représentant l'intervalle entre deux congrès ordinaires des partis politiques, c'est le silence radio au PNDS-Tarayya : pas de date probable, encore moins, de préparatifs. Cela est à mettre dans le lot des conséquences de la " guerre " de tranchées à laquelle se livrent les présidentiables du parti. Au-delà, cette situation pose la question sur les intentions du président de la République Issoufou Mahamadou. A priori, les deux ne sont pas liés. Mais disons- le tout net : nous sommes en politique et pas même la Constitution qui met le chef de l'Etat au-dessus des partis ne suffit pour dissocier les acteurs politiques des acteurs étatiques. Au congrès de décembre 2013, beaucoup pensaient que Bazoum ne pouvait en aucun cas conserver la présidence du parti socialiste dont il assurait déjà l'intérim, tant les adversités étaient tout aussi tenaces que multiples. Pourtant, il avait recueilli 113 voix sur 113.
L'opinion n'avait pas douté de ce que ce résultat était le fruit du coup de pousse invisible que le Président Issoufou aurait donné pour pistonner Bazoum. La question qu'on se pose aujourd'hui, pourquoi ne fait-il pas la même chose pour resserrer les rangs autour de son " dauphin " naturel ? Pourtant, il n'y a aucun doute que Mahamadou Issoufou garde intacte son influence de président de la République. Pourquoi n'agit-il pas à rassembler ? Pour conserver le pouvoir au-delà de 2021, le PNDS a besoin d'unité, de cohésion et surtout de sérénité. Toute chose que ne lui offre pas sa transformation en serpent à plusieurs têtes dont chacune veut défendre son propre intérêt. Si l'unanimité - comme au dernier congrès ordinaire - ne se fait pas autour du président du parti rose Bazoum Mohamed, forcément, il y a anguille sous roche.
Nous l'écrivions dans notre précédente parution, au stade actuel, le seul à pouvoir tirer profit de la déchirure du parti au pouvoir est le Président Issoufou. Comment ? Cela lui permettrait de s'imposer en seule alternative viable pour 2021. Ce n'est pas possible, pourriez-vous dire. D'abord la constitution ne le permet pas mais encore, le chef de l'Etat a d'ailleurs clairement indiqué qu'il s'en tiendra à ses deux mandats constitutionnels légaux. Sur le dernier point nous vous ferons remarquer par des exemples assez simples que le Président Issoufou a fait plusieurs promesses qu'il n'a pas tenues. Pour un bref rappel, retenons qu'il a juré sur le Saint Coran de respecter et faire respecter la Constitution du 25 novembre 2010. Pourtant, rien que le non-respect du quota sur le genre dans ses différents gouvernements viole la loi et donc la Constitution qui renvoie à celle-ci ; il a promis d'investir le quart du budget national dans l'éducation, il ne l'a jamais fait. La liste est longue. Donc, la profession de foi de ne pas vouloir aller au-delà de ses deux mandats est à mettre dans le lot de toutes ses autres promesses que les Nigériens ne connaissent que trop bien. Le dénigrement orchestré il y a quelques mois contre le régime semi-présidentiel et la révision engagée de la Constitution ne sont pas pour rassurer. Aussi, l'opinion ne cesse de s'interroger sur les véritables motivations ayant conduit le Président Issoufou à attirer, au prix de moult sacrifice et énergie, le MNSD-Nassara dans la majorité présidentielle. Veut-il que le MNSD l'aide dans un éventuel Tazartché, chose, que ce parti connaît déjà pour avoir été celui par lequel, l'ancien président Tandja Mamadou avait obtenu la prolongation illégale desonmandat?Ilyadequoi s'inquiéter quand on sait que la quasi-totalité des acteurs de cette triste période gravitent aujourd'hui autour de la planète Renaissance. Une planète comparable à la Terre - avec tous les moyens de subsistance - tandis que les autres, se trouvant sur Mars, manquent jusqu'à l'eau potable et les graines. Un autre aspect à prendre très au sérieux, c'est cette capacité du Président Issoufou à tenir en joue ses alliés - politiques ou apolitiques - à travers des dossiers compromettants. Cela permettra de
leur faire exécuter n'importe quel projet que ça leur plaise ou non. Ils sont des soutiens inconditionnels non pas parce qu'ils croient ou sont d'accord mais simplement, parce qu'ils n'ont pas trop le choix : soutenir ou aller en prison. Ça, c'est une stratégie très efficace et c'est probablement ce qui a permis au président de la République de s'en sortir dans tout ce qu'il a entrepris ; de réussir là où d'autres avant lui, ont échoué. Il s'en ait fallu d'un hold-up électoral pour que feu le président Ibrahim Baré Maïnassara soit empêché de gouverner, Issoufou l'a bel et bien réussi ; avant lui, Ali Saïbou avait fait les frais du 9 février 1990 ayant causé la mort de trois étudiants, sous la Renaissance, il y en a eu plus ; en 2005, dans son élan de majoration de la TVA, Hama Amadou, Premier ministre a été arrêté net par une lutte citoyenne contre la vie chère, aujourd'hui, sous le président Issoufou, tout est cher, on privatise les magasins sous douanes et rien ne se passe ; Mahamane Ousmane, président de la République a fait les frais de sa mésentente avec son premier ministre d'alors, en 2014, Issoufou a pu se débarrasser du président de l'Assemblée nationale sans être inquiété outre mesure. Ceci pour dire que le chef de l'Etat s'est donné les moyens de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué, lamentablement. Une raison suffisante pour le faire espérer réussir à aller au-delà de ses mandats constitutionnels, c'est-à- dire, là où, le Président Tandja a échoué. Attendons de voir.