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Les ressources minières nigériennes sous coupe réglée
Publié le samedi 13 mai 2017   |  Agence Nigerienne de Presse


Le
© Autre presse par DR
Le Président de la République a rencontré les Ambassadeurs du Conseil de sécurité de l`ONU


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Les scandales se succèdent mais ne se ressemblent pas. Un seul point commun : tous ont saigné le Niger à blanc. Réputé très riche, le sous-sol nigérien est l'objet de convoitises diverses. De la part de respectables États, certes, mais aussi d'aventuriers rompus aux techniques et procédés de la chasse à la fortune facile, particulièrement en Afrique où ils réalisent des affaires en or. En Côte d'Ivoire, au Burkina Faso, au Mali, etc., ce sont presque toujours les mêmes. Avec le même mode opératoire. Le 25 novembre 2016, la société dénommée Endeavour Niger est née. Elle est déclarée auprès du notaire Ousseini Ali Moumouni, à Niamey. Un dépôt de deux expéditions est fait au Greffe du Tribunal de Grande Instance Hors Classes de Niamey et la société est immatriculée au Registre de commerce et du crédit immobilier sous le numéro RCCM-NI-NIA-2016-B-3193 du 25 novembre 2016. Son siège social est à Niamey, 114, rue du Festival, au quartier Maourey. Avec un capital de 10 millions de francs CFA, la société a pour objet, entre autres, la réalisation de toutes opérations de recherche et d'exploration de substances minérales et de métaux précieux ; la réalisation de toutes opérations de prospection et d'exploration minière ainsi que l'obtention, l'aliénation et l'exploitation de toutes concessions minières. Le 9 décembre 2016, soit deux semaines seulement après sa création, Endeavour Niger fait une moisson de rêve. À l'issue de son conseil des ministres, le gouvernement nigérien lui octroie d'emblée trois permis de recherches minières. Le premier à Nassile, département de Torodi, région de Tillabéry, pour or et substances minérales associées. Le deuxième, à Darguiti, toujours dans le département de Torodi, pour or et substances associées et le troisième, " Tinkeradet 1, pour les mêmes substances, dans le département d'Iferouane cette fois, région d'Agadez. Et le conseil des ministres de préciser que la société Endeavour Niger est une filiale du Groupe Endeavour Mining. Mais il ne dit pas qui est derrière cette société chercheuse d'or et de matières associées. Car, derrière cette Endeavour Mining se cache un caïd des affaires dont l'identité ne fait pas bonne presse au Niger : Sébastien De Montessus, ancien Vice-président d'Areva et compère de Hassoumi Massoudou dans l'uraniumgate, celui-là même qui a tenu à faire le déplacement de Niamey pour s'assurer que Niamey marcherait dans la combine. Eh oui, il est aussi sur le front des permis miniers au Niger. Et il fait affaire avec des personnalités politiques nigériennes à qui il s'associe pour "essorer" le sous-sol nigérien de son or. Bien entendu, il reste dans l'ombre. Mais, il est bien là, en patron incontesté d'un deal prospère. Les affaires, dit-on, n'aiment pas le bruit.



Liaisons "incestueuses"


La surprise n'est pas de découvrir cet ancien patron d'Areva derrière Endeavour Mining. La surprise, ce sont ces liaisons " incestueuses " que des personnalités politiques nigériennes, tapies à la présidence de la République, entretiennent avec ces hommes d'affaires. Car, Endeavour Niger, ce n'est personne d'autre que Mohamed Akotey. Homme de confiance de Mahamadou Issoufou, c'est lui qui a conduit toutes les missions diligentées par Niamey pour obtenir la libération d'otages français. Des missions couronnées de succès. C'est dire qu'il entretient de solides affinités avec Mahamadou Issoufou. Mohamed Akotey est probablement un homme lourd, peut-être d'or déjà, eu égard à ce prestigieux poste de président qu'il occupe au sein d'une équipe pourtant robuste. Représente-t-il sa propre personne au sein Endeavour Niger ou assume-t-il, là aussi, une mission par procuration ? Acteur-clé de la libération des otages d'Arlit, puis de Serge Lazarevic, Mohamed Akotey n'est pas, en tout cas, en terrain inconnu. Il est président du conseil d'administration d'Imouraren SA. Il n'y a donc pas à s'étonner qu'il soit si proche de Sébastien De Montessus au point de faire affaire avec lui. Ce dernier savait, donc, où il mettait les pieds.

Une affaire de clan des enfants d'Areva où celui qui sollicite est aussi celui qui octroie
Endeavour Niger est une aubaine. Une véritable aubaine. Ministre conseiller à la présidence de la République et ayant l'oreille de Mahamadou Issoufou qui ne peut rien lui refuser, Mohamed Akotey, on peut le dire, s'est octroyé des permis de recherches dans des régions qui ont amplement justifié leur teneur en or. La preuve, il a suffi de deux semaines pour qu'elle gagne le jackpot. Comme si la constitution de la société, intervenue le 25 novembre, était une pure formalité et que les permis miniers convoités étaient, depuis longtemps, promis et préservés pour Endeavour Niger. A l'instar de Sébastien De Montessus, ses amis ne peuvent que se féliciter d'avoir un tel partenaire efficace. Une affaire de clan où celui qui sollicite est aussi celui qui octroie. Car, outre Mohamed Akotey, un autre proche, précisément Adou Adam Abdoulakader, un neveu d'Alkache Alhada, directeur de Cabinet de Mahamadou Issoufou, est dans l'affaire. À la tête d'une modeste société au capital social d'un million dénommée Arbab Mining, ce neveu de l'homme dans le bureau duquel Sébastien De Montessus a fait convoquer Hamma Hamadou, directeur général de la Sopamin à l'époque de l'uraniumgate, siège dans cette équipe de mastodontes en qualité de partenaire associé à part entière. Aux côtés du tout puissant Mohamed Akotey, se trouve d'abord Patrick Bouisset, un autre ancien commis d'Areva. Ancien vice-président de Géosciences d'Areva, Patrick Bouisset est officiellement le directeur général d'Endeavour Niger. En réalité, Patrick Bouisset est également le vice-président exécutif d'Endeavour Mining, la société mère à la tête de laquelle trône Sébastien De Montessus. La liste des administrateurs comprend aussi Pascal Bernasconi, un autre bras droit de Sébastien De Montessus, notamment avec la société " La Mancha " en Côte d'Ivoire. Ancien directeur général de la Somaïr, Pascal Bernasconi connaît parfaitement les milieux de Niamey. Il a notamment dirigé une exposition photo sur la Somaïr dédiée aux quatre otages français d'Arlit ainsi qu'à un certain Moussa Aboubacar, tué lors des attaques du 23 mai 2013. En fin de compte, Endeavour Niger est une affaire de clan réunissant des enfants d'Areva. Sébastien De Montessus est l'homme orchestre de ce filet dont il tient le bout avec discrétion, mais fermeté. Il est au départ et à l'arrivée, avec des faire-valoir payés pour faire de la figuration. Ministre conseiller et président du Conseil d'administration d'Imouraren, Mohamed Akotey, le vis-à-vis nigérien de cet homme aux réseaux tentaculaires ne s'est pas gêné de savoir que son affaire pourrait tomber sous le coup du conflit d'intérêt ou du trafic d'influence ? Dans cette galaxie areva, une seule entreprise reste non identifiée. Il s'agit de Greenwood Niger, une société dont Le Courrier n'a retrouvé aucune trace. S'agirait-il d'une société écran dont les patrons ne sauraient s'afficher ?



La constitution d'Endeavour Niger et d'Arbab Mining était une pure formalité


Si l'on ignore la part des actions détenues par chacune des parties, on sait par contre que Patrick Bouisset, comme Pascal Bernasconi, ne représente en réalité que les intérêts de Sébastien De Montessus, ce franc maçon qui a visiblement tissé une toile pour mettre la main sur tout l'or des pays ouest-africains francophones. Pour la petite histoire, Sébastien De Montessus était, le jeudi 30 juin 2016, aux côtés du président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, lors de l'inauguration des travaux de construction de la mine de Houndé, dans l'ouest du Burkina Faso. " Notre objectif, a expliqué Sébastian de Montessus, directeur général du groupe, à Jeune Afrique, est d'être le premier producteur d'or au Burkina. Nous voulons monter progressivement pour produire entre 6 et 8 tonnes d'or par an ". On sait également qu'Arbab Mining, qui a son siège social au quartier Poudrière de Niamey, est une présence surprenante parmi ces géants. Par quelles connexions, ce neveu d'Alkache Alhada a pu pénétrer ce réseau et s'imposer comme un partenaire avec qui il faut composer ? Un réseau sur lequel il y a beaucoup à dire, tant la composition est sujette à conjectures. Parmi les six membres listés en tant qu'administrateurs, figurent trois noms de personnalités (Mohamed Akotey, Patrick Bouisset et Pascal Bernasconi) et trois noms de sociétés associées parmi lesquelles il y a Greenwood Niger et Arbab Mining. La particularité des deux sociétés, Arbab Mining et Endeavour Niger, est qu'elles sont nées dans un intervalle tellement rapproché qu'on n'hésiterait pas à penser que leur création a été voulue, suscitée et commanditée par la même source. Arbab Mining, a été constituée le 10 octobre 2016 tandis qu'Endeavour Niger a vu le jour le 25 novembre. Et le 9 décembre, les promesses sont tenues. Cette affaire, qui n'a pas encore révélé toutes ses tortuosités, aurait-elle un lien avec cette obscure société dénommée Xantus qui serait établie à Tortola, dans les Îles vierges britanniques, ce paradis fiscal où Hassoumi Massoudou. Cette société, bénéficiaire de quatre permis de recherches (Dibilo, Dingoaba, Namaga 2 et Boungou), le même jour, dans le département de Téra, région de Tillabéry, pour le lithium et ses substances connexes, est peut-être une autre caverne d'Ali Baba.

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