Une importante délégation conduite par le ministre d'Etat en charge de l'Intérieur, M. Mohamed Bazoum, s'est rendue dans le Kawar du 15 au 18 mai dernier. La délégation conduite par le ministre d'Etat Mohamed Bazoum, qui comprenait notamment le Haut commandant de la Garde Nationale, le Directeur général Adjoint de la Police nationale, l'honorable député national au titre du département de Bilma, M. Hassane Koré, le gouverneur de la région d'Agadez, M. Sadou Soloké, ainsi que les responsables régionaux des FDS, est arrivée le lundi 15 mai 2017 à Dirkou.
A sa descente d'avion, le Ministre d'Etat a été salué par le préfet du département de Bilma, le président du conseil municipal de la commune rurale de Dirkou et le Commandant de la Zone de défense n° 8 des Forces armées nigériennes.
M. Bazoum Mohamed a par la suite passé en revue un détachement de la Garde Nationale qui lui rendait les honneurs militaires avant d'être salué par les responsables civils et militaires du département de Bilma.
A Dirkou, le ministre d'Etat a présidé une réunion de travail qui a regroupé tous les responsables locaux. Au cours de cette réunion, le ministre d'Etat a évoqué le but de cette mission." Nous sommes venus pour échanger avec vous sur les sujets liés à la sécurité, au banditisme qui s'est développé ces dernières années, et lié à la fermeture du site aurifère de Djado et d'autres problèmes notamment l'interdiction de transport des migrants", a précisé M. Mohamed Bazoum.
Le maire de la commune de Dirkou, M. Jerhome Boubakar, a quant à lui rappelé que la migration était une des principales sources de revenus des populations de la commune car, des trafiquants en passant par les courtiers et les acteurs locaux de cette activité, tout le monde tirait son épingle du jeu ; il a aussi affirmé que la migration était aussi un facteur important de mobilisation des ressources de la commune qui a vu ses recettes baisser drastiquement depuis le début de la lutte contre ce phénomène.
Le matin du mardi 16 mai 2017, la délégation s'est rendue au village de Fachi pour transmettre les condoléances du Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, à la famille du défunt Elh Agrama Tchagam, chef de canton de Fachi, décédé il y a deux semaines.
A Bilma, le ministre d'Etat a effectué une série de visites notamment au groupement de la Garde Nationale, et à la brigade territoriale de la gendarmerie nationale. Il s'est ensuite rendu sur le chantier de construction de l'hôpital de district de Bilma, d'un coût de plus d'un milliard de FCFA, financé par l'Union Européenne et enfin sur le site d'exploitation traditionnelle des salines de Bilma.
Dans l'après-midi, au cours d'un meeting qu'il a animé dans les locaux de la préfecture, il a remercié les autorités administratives, les chefs des groupements et les forces de défense et de sécurité ainsi que les populations pour l'accueil chaleureux réservé à sa délégation. "Je voudrais vous dire que je suis très heureux d'être à Bilma. J'aurais voulu venir beaucoup plutôt ; j'ai eu le bonheur de venir ici mais aussi d'aller à Fachi où j'ai présenté les condoléances du Président de la République à la famille du défunt chef du canton", a-t-il dit.
Evoquant la question de la fermeture du site de Djado, Mohamed Bazoum a expliqué les raisons de ces mesures. "D'abord, sur le site de Djado, vous avez vu que ce sont les richesses de notre pays, de votre région ; d'autres personnes qui ne sont pas des Nigériens tirent profit et elles exploitent ces richesses qu'elles exportent. Nous avons assisté à cette situation durant deux ans et nous avons décidé d'y mettre fin. Je sais que cela était très douloureux pour tous ceux qui ont subi ces mesures et particulièrement les populations du département de Bilma, mais je voudrais vous dire que ces richesses restent dans le sous-sol du Niger", a-t-il précisé.
En parlant de la réouverture du site de Djado, le ministre d'Etat en charge de l'Intérieur a assuré que "le gouvernement, à travers le ministère des Mines, va s'organiser de façon à reprendre l'exploitation dans les conditions qui ne permettront plus aux étrangers de venir exploiter ces richesses pour leur compte. Nous allons nous organiser de façon que ces richesses profitent à des gens du Niger et aux populations du Kawar en particulier. Cette organisation elle est en chantier et va évoluer progressivement. Nous avons même donné des permis d'exploitation moderne à des sociétés et l'Etat s'organisera pour tirer le maximum de profits et la population locale également en profitera", a-t-il martelé.
Enfin le ministre d'Etat est revenu largement sur la question de la migration. "Concernant la migration, ces dernières années, les jeunes du Kawar et d'autres populations ont tiré certains profits. Beaucoup de jeunes faisaient du transport ; ils ont acquis des véhicules grâce à l'or du Djado et se sont livrés au transport des migrants. Beaucoup d'activités économiques se sont développées autour de ce trafic ; je parle des femmes qui préparent la nourriture, les boutiquiers qui vendent les différents objets, des logements, etc.", a-t-il précisé.
M. Mohamed Bazoum a expliqué les motivations de ces mesures. « Nous avons décidé conformément à nos engagements internationaux et nous avons pris des mesures pour mettre fin à ce trafic qui comporte beaucoup d'inconvénients sur le plan moral et sécuritaire. Ainsi, le gouvernement va, en relation avec ses partenaires internationaux, faire en sorte qu'ils aient des nouvelles activités économiques et plusieurs projets seront financés dans ce cadre », a-t-il conclu.
Le village de Séguidine dans la commune de Djado a été la dernière étape de cette mission dans le Kawar profond où il s'est entretenu avec les populations ; ensuite, il a visité les détachements de la Garde nationale, de la douane nationale et de la Police nationale où se trouve une quarantaine de migrants subsahariens abandonnés par un passeur et secourus par une patrouille des FDS à 60 km au nord de Séguidine. M. Mohamed Bazoum, en s'adressant aux migrants, a attiré leur attention sur les dangers qu'ils encourent dans le désert et en Libye.
"Le mieux que vous devez faire, c'est d'aller au centre de l'Organisation Internationale de la Migration (OIM) de Dirkou pour vous faire prendre en charge, et vous faire ramener chez vous ; si vous ne renoncez pas, vous risquez de périr dans le désert. Attention, vous n'avez pas deux vies ; vous n'avez qu'une seule et c'est pour la vie que vous partez. Le mieux, c'est de retourner chez vous, car il n'y a plus la possibilité de continuer", a-t-il conclu.
Abderahmane Mohamed Ben Hamaye
RC/MISPDAC/R (ONEP)