Avec son pouce, Mani a barré sa gorge d’un trait sans équivoque. Six fois, en silence, elle a répété le geste pour indiquer le nombre des hommes tués sous ses yeux par la lame des émissaires de Boko Haram. Comme tout son village situé sur une île du lac Tchad à la frontière du Nigeria, Mani a été évacuée par l’armée tchadienne début 2016. Pendant trois jours, elle a marché avec ses cinq enfants, laissant derrière elle l’univers verdoyant et nourricier du lac pour trouver refuge sur des terres arides battues par l’harmattan, où ne résistent plus que quelques palmiers doum, de frêles acacias et des savonniers. Elle vit, depuis, dans une case en paille de maïs construite à la hâte par les humanitaires.... suite de l'article sur LeMonde.fr