Le projet de révision de la constitution divise les partis politiques. L’Opposition crie au scandale et menace de ne pas participer au débat. Au niveau de la Majorité présidentielle, l’Alliance pour la Paix et la République (APR) par la voix de son porte-parole, Ousseini Salatou, s’inquiète tandis que pour la composante Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN) dont la figure de proue est le principal parti au pouvoir, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), il n’y a pas anguille sous roche. Analyse…
Pour couper cours à la spéculation lancée par l’Opposition politique qui dénonce une usurpation par le Ministre de la Justice des prérogatives du Président de la République, ce dernier a très vite de rétablir la vérité. L’initiative de la révision ici concernée, objet de polémiques, émane bien du Président de la République. En atteste la correspondance en date du 23 mai 2017 transmis au Président de l’Assemblée nationale. Dans celle-ci, le Président de la République, Issoufou Mahamadou, signifiait : « Je confirme être à l’initiative de la révision des articles 47 alinéa 5 ; 48 alinéas 3 et 5 ; 53 alinéa 7 ; 59 alinéa 2 ; 85 ; 99 et 100 de la constitution du 25 novembre 2010. C’est cette initiative qui est traduite dans le projet de loi de révision constitutionnelle adopté en Conseil des Ministres présidé par moi-même et transmis à l’Assemblée Nationale pour discussion et adoption ».
Ce contenu clair et net est loin de contenter l’Opposition politique qui semble s’en tenir à son mot d’ordre de boycott de tout débat sur le sujet au sein de l’hémicycle. Pour le Front pour la Restauration de la Démocratie et la Défense de la République (FRDDR) dont la figure de proue n’est rien d’autre que le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana/Africa) de l’opposant en exil, Hama Amadou, les propositions de l’exécutif pour la révision des articles concernées, ci-dessus mentionnés ne sont pas les bienvenues dès lors qu’il ne s’agit de celles sorties des discussions au Conseil National de Dialogue Politique (CNDP). Il faut préciser ici que cette même Opposition contestataire avait boycotté ces réunions du CNDP qui ont mis en débat la question de la révision des lois électorales jugées insuffisantes par les partis politiques et les différentes institutions en charge des élections. Dès le départ, c’est-à-dire à la création du comité chargé de réfléchir et de faire des propositions sur la révision des lois électorales par le Ministre d’Etat, en charge de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Bazoum, le FRDDR était monté au créneau pour dénoncer une tentative de fraude visant à modifier la Constitution pour permettre au Président de la République de rester au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat légal. Ce qui a d’ailleurs valu au Ministre d’Etat, Bazoum Mohamed, une interpellation à l’Assemblée Nationale et des explications qui ont rassuré les Nigériens qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de révision de lois électorales qui ont montré leurs limites lors scrutins de 2016 et antérieurement.
La polémique actuelle en cours sur cette initiative de révision de la constitution a-t-elle vraiment sa raison d’être dès lors que le sujet sera soumis en débat au niveau de l’Assemblée Nationale avant toute adoption ? Il ne faut pas voir dans cet hémicycle que le reflet de deux camps antagoniques : La majorité parlementaire qui soutient l’exécutif et l’opposition parlementaire qui joue le rôle de contre-pouvoir. Dans cette même majorité hétéroclite de plus de 2/3 qui soutient les actions du Président de la République et de son Gouvernement, il y a des intérêts politiques qui divergeront si tant est que les propositions de révision dénoncées n’iraient pas dans le sens du renforcement de la démocratie. Et puis, les lois ici concernées ne sont pas interdites de révision. Il n’y a donc pas matière à surenchérir mais d’un débat démocratique à faire et d’un vote en faveur ou non de l’adoption.