Le gouvernement nigérien est déterminé à évaluer le niveau de quelque 60.000 enseignants contractuels soupçonnés de ne pas avoir les qualifications requises pour exercer, a annoncé mercredi le ministre de l'Enseignement.
"La préoccupation du gouvernement est de chercher à savoir si tous les enseignants ont le niveau" pour exercer leur profession, a déclaré à la télévision publique le ministre, Daouda Mamadou Marthé.
"La situation est très critique et si nous ne prenons pas les décisions qui s'imposent, elle risque d'être encore (plus) grave pour le pays", a-t-il prévenu lors d'une rencontre de sensibilisation à Tillabéri (ouest) sur l'évaluation des enseignants contractuels.
Souvent recrutés sans aucune formation, les enseignants contractuels - dont nombre d'entre eux sont parvenus à se faire engager avec de faux diplômes - sont estimés à plus de 61.000 sur un total de 81.000 enseignants que compte ce pays sahélien très pauvre.
Cette évaluation a été initiée en raison de la "baisse continue du niveau" des élèves, selon le ministère.
Une étude, diligentée par les autorités nigériennes et publiée en février, a révélé que "11,5%" des enseignants des écoles primaires ont "un niveau très mauvais" et "50% des élèves" du cours préparatoire (CP) concernés par l'étude "lisent à peine une lettre de l'alphabet".
En mars, M. Marthé avait annoncé devant le Parlement avoir repéré plus de 300 enseignants détenteurs de faux diplômes, dont ceux du baccalauréat et du brevet d'étude du premier cycle (BEPC).
Ces détenteurs de faux diplômes sont des enseignants contractuels, en poste dans les écoles primaires, les collèges, les lycées et les établissements professionnels, selon le ministre.
Ces faux ont été détectés lors de contrôles des dossiers déposés par ces enseignants en préalable à leur évaluation, a-t-il expliqué. Mais le test d'évaluation est fortement contesté par les syndicats des enseignants qui le juge "illégal".
A l'appel de leurs syndicats, des milliers d'enseignants contractuels ont déjà observé plusieurs journées de grève pour exiger son "annulation". De peur d'être arrêtés, 157 contractuels en possession de faux diplômes ont déserté leurs postes, selon la télévision publique. Des dizaines d'autres ont été écroués dans plusieurs villes du pays, ont rapporté les autorités locales.