De parents paysans kanouris, Moussa Tchangary est né à Nguimi en 1969. Bac littéraire en poche, il fait des études de philosophie à l’université de Niamey et milite dans le mouvement Organisation révolutionnaire pour la démocratie au Niger.
Puis il devient journaliste à LaTribune du peuple et à la gazette satirique Moustique. C’est dans les locaux d’Alternative Espace Citoyen, le mouvement de la société civile qu’il dirige, qu’il nous a reçu.
JEUNE AFRIQUE: Quel bilan faites-vous de la gouvernance de Mahamadou Issoufou?
MOUSSA TCHANGARY: Je déplore le bradage de notre souveraineté. Je suis indigné que nos richesses profitent d’abord à de grands groupes extérieurs. Et le pouvoir est de plus en plus confisqué par un seul homme!
Il y a pourtant des élections libres, une opposition?
Le Niger est une démocratie encore très superficielle, qui n’est pas achevée. L’opposition est à la peine, elle essaie de se battre, mais le régime tente de la diviser.
L’opposition, c’est donc la société civile?
Non. Nous avons juste un rôle de veille. Nous ne sommes pas là pour nous substituer aux partis politiques mais pour proposer des idées et défendre les droits de l’homme.
Que faut-il faire pour améliorer les choses ?
Il faut que nos richesses profitent d’abord au pays. Il faut former des ingénieurs, chercher des partenariats équilibrés, solidaires… On peut nous montrer les choses, mais c’est à nous de nous prendre en main. Il faut surtout changer de modèle pour instaurer une démocratie participative qui assure une meilleure représentation et une meilleure participation des citoyens à la vie politique, avec un droit de révocation des élus, un pouvoir d’action sur les lois.
C’est un vrai avantage sur la démocratie représentative telle que nous la connaissons au Niger, calquée sur le modèle français…
Vous critiquez la démocratie nigérienne… Existe-t-il un système parfait ?
Il faut redonner toute sa place au travail d’éducation et de conscientisation des pensées pour que le peuple redevienne acteur de son avenir.
Certains vous voient en futur leader de l’opposition…
J’essaie de faire ce que je pense être bon pour mon pays, mais je ne serai jamais un homme providentiel. Bien sûr, je peux être candidat en 2021, mais pas pour reproduire les mêmes erreurs. Il faut que l’action politique se renouvelle, dans ses manières, dans ses idées.
Je suis pour une révolution démocratique pacifique.