Le président français Emmanuel Macron assistera dimanche à Bamako au sommet du G5 Sahel, pour apporter son soutien à la force conjointe de ces cinq pays (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) contre la menace jihadiste.
Face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, ces cinq pays ont décidé lors d’un sommet en février, également dans la capitale malienne, de réactiver le projet de création de cette force.
Cette initiative a depuis reçu le soutien de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne - assorti d’une promesse de 50 millions d’euros - puis le 21 juin du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a salué la création de cette force, d’un volume "pouvant aller jusqu’à 5.000 personnes".
Ce déploiement, concentré dans un premier temps sur les confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, s’ajoutera à ceux de l’opération française Barkhane, qui traque les jihadistes dans le Sahel, et de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
"Le poste de commandement de cette force, sera basé au centre du Mali, à Sévaré, dans la région de Mopti", a indiqué à l’AFP le général Didier Dacko, précédemment chef d’état-major de l’armée malienne, nommé le 7 juin à la tête de la force du G5.
"Nous n’allons pas travailler en vase clos", a assuré le général Dacko, prévoyant "une étroite collaboration avec les forces de Barkhane et celles de la mission de l’ONU".
"Le sommet du 2 juillet marquera une nouvelle étape, avec le lancement effectif de cette force conjointe, qui pourra poursuivre les groupes terroristes de l’autre côté des frontières", a souligné une source à la présidence française.
"La force Barkhane va amplifier son soutien, aider à installer des centres de commandement et systématiser les opérations coup de poing", a-t-on précisé.
Le président français annoncera dimanche les modalités exactes de ce soutien, qui consistera surtout en équipements, selon l’Elysée.
- Sécurité ’par les Africains’ -
La France espère déclencher "une dynamique internationale" pour le financement de cette force, et compte notamment sur l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique. Elle espère aussi un "soutien concret" des Etats-Unis, présents militairement avec notamment des drones basés au Niger.
Paris se dit déterminé à faire "ce qu’il faut pour que cette force soit opérationnelle sur le terrain vers le début de l’automne", avant d’élargir les demandes de contribution au-delà de l’Europe en fin d’année ou début 2018.
La question financière est d’autant plus sensible que le président tchadien Idriss Déby Itno, dont le pays constitue la principale puissance militaire du G5, a menacé de se retirer de ses opérations en Afrique, pour des raisons budgétaires.
"On ne peut pas faire les deux à la fois, être dans le G5 Sahel et en même temps dans une autre mission sur le même théâtre", a-t-il souligné le 25 juin, en référence au contingent tchadien de la Minusma.
Une rencontre entre MM. Macron et Déby est prévue lors du sommet.
"L’Union africaine doit prendre en charge la lutte contre le terrorisme", a déclaré de son côté mercredi le président de l’UA, le président guinéen Alpha Condé, en visite au Tchad.
Cette profession de foi faisait écho à celle du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, auparavant ministre de la Défense pendant cinq ans. "La sécurité des Africains ne viendra, in fine, que par les Africains eux-mêmes", a réaffirmé M. Le Drian le 15 juin à Dakar.
La Minusma doit pour sa part déployer dans les prochains mois une force d’intervention rapide composée de Casques bleus sénégalais basée à Mopti (centre).
Une coopération entre Barkhane et les forces armées du G5 existe déjà, souligne l’état-major français, avec des opérations régulières ou plus ponctuelles.
Ainsi, après une attaque meurtrière contre un poste de gendarmerie nigérienne à Abala le 31 mai, la riposte le lendemain des militaires nigériens, de groupes armés maliens et de Barkhane avait permis de neutraliser des assaillants et de récupérer du matériel.
Mais certains experts et ONG s’inquiètent d’une approche trop sécuritaire, alors que les violences sont souvent alimentées par des conflits locaux et la mauvaise gouvernance.
Dans une lettre au Conseil de sécurité en avril, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) mettait en garde contre le risque d’un "embouteillage sécuritaire".