L'Observatoire ouest-africain des migrations (OOAM) a demandé, dans une lettre ouverte au président togolais, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Faure Gnassingbé, des actes concrets pour renforcer l'entente et la coopération entre les peuples de la sous région.
Cette lettre que Xinhua a eu copie mercredi a été écrite à l'issue d'une large consultation auprès des acteurs de la société civile ouest-africaine. Cette consultation visait à recueillir leurs propositions sur les actions qui leur semblent importantes à mener pour une réelle intégration au niveau régional.
Elle a permis à diverses Organisations non gouvernementales, hommes religieux, opérateurs économiques, communautés de migrants et citoyens de s'exprimer sur les changements qu'ils espèrent voir lors du mandat de Faure Gnassingbé à la tête de notre ensemble sous-régional.
L'OOAM rappelle que les premiers pas de Faure Gnassingbé à la tête de l'espace CEDEAO ont été marqués par la visite d'un poste frontalier pour faire l'état des lieux de la libre circulation au sein de l'espace.
Tout en l'encourageant à mener d'autres actions similaires, les citoyens de l'espace communautaire tiennent à exprimer leur vive préoccupation quant aux harcèlements qu'ils ne cessent de vivre aux postes de frontières et sur les routes des Etats de la CEDEAO. "Votre visite au poste frontalier entre le Togo et le Ghana ne vous a certes pas permis de vous rendre compte des réelles difficultés qui se posent aux Togolais voulant se rendre au Ghana ou aux Ghanéens, Ivoiriens, Nigérians, et autres citoyens de la CEDEAO désirant venir à Lomé", précise la lettre.
L'organisation ouest-africaine révèle que de nombreux citoyens de cette communauté qu'il préside, sont contraints, malgré la possession de leur passeport et de leur carnet de vaccination à jour, de subir un racket systématique de la part des agents d'immigration.
Selon l'OOAM, cette situation, que tous les citoyens ne cessent de décrier depuis des années, ne semble pas avoir trouvé de solution jusqu'à nos jours. Or, aux yeux des citoyens, il suffirait d'un réel engagement des chefs d'Etats et de mesures de contrôle plus strictes des actions des agents d'immigration pour mettre fin à ces pratiques anormales.
Au nom de ces citoyens harcelés, de ces pauvres femmes humiliées car ayant un passeport autre que celui du pays qu'ils désirent traverser, l'OOAM prie le président Gnassingbé d'user de son poids auprès de ses pairs de la sous-région pour mettre fin au racket aux postes de frontières et sur les routes.
L'OOAM estime qu'on ne saurait parler de libre circulation des personnes, tant que ces dernières sont obligées de présenter des documents d'identité et un carnet de vaccination pour passer d'un pays à l'autre de la CEDEAO. "A l'image de l'espace Schengen, la libre circulation que la société civile ouest-africaine espère voir dans notre région est celle qui permettrait à un citoyen de quitter le Sénégal pour aller au Nigeria sans devoir montrer un passeport, une carte d'identité biométrique et un carnet de vaccination. Une intégration réelle dans nos régions ne saurait souffrir de ces frontières poreuses et artificielles que nous ont léguées les colons européens et que nos pays ne cessent de renforcer au nom de la souveraineté nationale", poursuit l'OOAM.
L'OOAM souligne par ailleurs que la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme sont autant d'arguments évoqués par certains Etats pour justifier le maintien et le renforcement des contrôles aux postes de frontières. "Comme l'ont rappelé les experts et les ministres en charge de la sécurité au dernier dialogue sur la migration en Afrique de l'Ouest tenu à Abidjan en Côte d'ivoire, en août 2016, la libre circulation des personnes n'a aucun lien avec le terrorisme", a indiqué l'organisation.
"Quelles que soient les mesures prises pour le contrôle aux frontières, un criminel n'hésitera pas à utiliser tous les moyens à sa disposition, voire corrompre des agents de sécurité, pour franchir la frontière afin de réaliser des méfaits", affirme l'OOAM.
Elle révèle que les groupes terroristes sont le fruit des inégalités sociales, des divisions suscitées par des idéologies politiques ou religieuses sectaires et de la discrimination auxquelles font face des groupes marginalisés dans notre espace et qui pour se faire entendre ont recours à la force.
"Pour vaincre cette menace terroriste, qui endeuille les populations aussi bien au niveau régional qu'à l'international, il est important aux yeux de la société civile, que votre présidence soit marquée par une exhortation de vos pairs à valoriser la justice sociale dans leur pays, favoriser la culture de la tolérance, du vivre ensemble, et encourager la coopération entre les services de renseignements en vue d'une meilleure protection des citoyens de la communauté contre la criminalité transnationale", confie l'OOAM.