2 ans de prison ferme pour Baba Alpha, journaliste à Bonferey, 600.000 FCFA d’amende, dix (10) ans de déchéance de ses droits civils et politiques, interdit de tout emploi public en plus de la confiscation et de la destruction de ses papiers d’actes civils, c’est la substance du verdict tombé hier. La justice nigérienne est allée de main lourde dans cette affaire de faux et usage de faux.
Pour l’avocat des prévenus, Me Mossi Boubacar, « Baba Alfa et son père âgé de 70 ans ont été condamnés à deux ans de prison et à dix ans de privation de tout droit civique et politique ».
Les deux prévenus sont également « interdits de tout emploi public » et leurs actes d’état civil jugés « faux » seront « confisqués et détruits ». C’est la première fois que je vois un tel acharnement, a-t-il indiqué. On veut faire de Baba Alfa un apatride. En effet, estime Me Mossi, « Baba Alfa est né et a grandi au Niger, il n’a d’autre nationalité que la nationalité nigérienne ».
Pour rappel, lors de son arrestation en avril dernier, son défenseur avait affirmé que Baba Alfa est « un journaliste très critique à l’égard du régime, à défaut de lui trouver une faute dans le cadre de l’exercice de sa profession, le régime est allé trouver une faute de nature privée ». Cependant pour un magistrat que nous avons contacté et qui a requis l’anonymat, « la justice nigérienne a été trop clémente dans cette affaire. Il s’agit dit-il d’une affaire d’usurpation de nationalité.
Il faut que les uns et les autres soient jaloux de leur nationalité nigérienne. Dans un monde où la peur du terrorisme conduit des Etats à prendre des sanctions et à restreindre le voyage des ressortissants des Etats indexés, comment pouvons-nous tolérer que n’importe quel quidam, vole la nationalité nigérienne et exposer ainsi nos compatriotes et notre pays au regard inquisiteur des grands de ce monde ».
Baba Alfa, poursuit-il « n’a jamais été inquiété pour ses activités de journaliste ; c’est un malfaiteur et il doit être traité comme tel ».
Le Magistrat nous rappelle « qu’effectivement Baba Alfa est né et a grandi à Niamey où il a fait sa scolarité avec sa nationalité malienne.
Au lieu de suivre le cursus normal et de demander officiellement la nationalité nigérienne ; il a préféré la courte échelle en falsifiant les pièces d’état civil de son père (né dans la région de Gao donc de nationalité malienne) pour avoir avec la complicité de certains, un nouveau jugement supplétif, présentant le père de Baba Alfa comme un Nigérien né à Filingué dans la région de Tillabéri. Muni de ce faux jugement supplétif, le père obtint automatiquement la nationalité nigérienne et Baba Alfa également comme étant le fils d’un Nigérien n’eut aucune difficulté à accomplir son forfait, c’est-à-dire obtenir la nationalité nigérienne de manière illégale ».
S’agissant de la transformation de Baba Alfa en apatride dont fait cas son avocat, le magistrat balai d’un revers de main cette accusation absurde. « Baba Alfa, même étant né au Niger avait sa nationalité d’origine malienne et c’est avec ces papiers qu’il a pu effectuer un cursus scolaire au Niger.
Car, sans les papiers nécessaires à savoir l’acte de naissance et le certificat de nationalité, on ne peut être accepté dans une école au Niger ». En conclusion, il estime, que « c’est bien fait pour ceux qui n’ont aucun respect pour notre nationalité. La même sanction aurait été infligée à un Nigérien qui se hasarderait à voler la nationalité malienne. Après avoir purgé sa peine, il retournera dans son pays qui a tant besoin de lui ».
Pour la presse nigérienne dans sa majorité, même si Baba Alpha serait de « nationalité malienne » et aurait acquis la nationalité nigérienne « de manière irrégulière, il ne mérite pas une telle sentence.
Le pouvoir cherche uniquement à museler de manière définitive une voix très critique et c’est dommage.