La question fait rage dans l’actualité sénégalaise et pourrait peut-être permettre de lever un coin de voile sur certains business qui ont eu cours au Niger à certaines années. Le fils de l’ancien Président sénégalais Karim Wade est mis en examen dans une affaire d’enrichissement illicite.
En tout cas, il a été mis en demeure par le procureur de la République pour justifier un portefeuille de propriété dans différentes sociétés privées qu’il détiendrait en partie ou à l’exclusivité, selon les investigations menées par l’institution judiciaire sénégalaise. Vendredi 15 mars 2013, dans les environs de 11 heures, l’ancien Ministre sénégalais du transport et fils de l’ancien Président sénégalais a comparu devant les locaux de la Cour de répression de l’enrichissement illicite CEI où le procureur Alioune N’Dao lui a notifié une mise en demeure. L’information a été largement relayée par les quotidiens sénégalais très tôt le vendredi 15 mars dernier.
Entre autres propriétés privées qui figureraient dans le portefeuille d’affaires de Karim Wade, plusieurs sociétés de Handling au sol, notamment AHS-Niger. Dans le dossier d’accusation, lu par les avocats de Karim Wade, le procureur l’accuse d’être le propriétaire de l’aéroport de Malabo (capitale de la Guinée Equatoriale), de Dubaï Port World, des sociétés d’assistance d’avions au sol AHS Sénégal, AHS-Niger, AHS-Jordanie, de la BMC (Banque Marocaine du Commerce extérieur) ainsi que de la maison familiale des Wade sise au Point E.
La valeur globale de tous ces biens est estimée à 694 milliards de francs CFA, rapportent les journaux sénégalais qui citent la déclaration des avocats de Karim Wade. La mise en demeure délivrée par le procureur est assortie d’un délai d’un mois pour le fils de l’ancien Président sénégalais pour justifier l’origine de ce patrimoine immense. Toutefois, les avocats de Karim Wade balayent ces accusations et estiment qu’aucune commission rogatoire ni institution financière internationale n’a pu établir une preuve quant à la propriété de leur client sur ce présumé patrimoine.
Ces agences d’assistance au sol ont été mises en place au début des années 2000 suite à la liquidation de la société Air Afrique, et au Niger l’identité du propriétaire de AHS-Niger avait fait polémique et l’on a soupçonné certaines personnalités politiques nigériennes de participer au capital de cette société privée qui fait des chiffres d’affaires de plusieurs milliards de francs CFA chaque année. Interrogé sur ses liens avec AHS, Karim Wade a, dans un premier temps, feint ne même pas savoir ce que c’était, confondant le sigle de la société à un nom d’oiseau ou à une marque de bonbons.
Lors d’un troisième round d’audition, les enquêteurs de la gendarmerie sénégalaise le confronteront avec un certain Elimanel Diop, son négociateur et partenaire d’affaires et qui avait signé en son nom à l’aéroport de Heathrow à Londres le contrat de franchise entre AHS et Menzies Aviation. Confondu suite à ce face-à-face Karim Wade va avouer les faits. Menzies Aviation, un partenaire associé de AHS-Niger et probablement de toutes les plateformes AHS, opère aussi à l’aéroport international de Niamey.
Au moment où Aviation Handling Service Niger faisait débat à Niamey, avec notamment une interpellation devant l’Assemblée Nationale du Ministre des transports à l’époque Souleymane Kane, l’opinion nationale nigérienne était loin de soupçonner une mainmise de l’héritier Wade, ami du Président Tandja Mamadou et qui avait multiplié les va-et-vient au Niger au moment de la crise politique au Niger pour sauver la mise à Tandja Mamadou qui voulait obtenir une prolongation de son mandat. Solidarité des familles dynastiques ou solidarité d’intérêts ? Après la tentative de Tandja Mamadou, c’est Wade qui fera l’actualité sous régionale avec son ambition de forcer la constitution sénégalaise pour rempiler pour un nouveau mandat avant d’être taclé par Macky Sall.
Mais avant Karim Wade, c’est l’enfant Tandja Mamadou qui allait s’illustrer dans les affaires avec le trust des permis miniers. Si au Niger les choses semblent se calmer sur ces moments troubles de la collusion entre politique et affairisme, au Sénégal les investigations ne font que commencer et probablement elles pourraient lever un coin de voile sur les contours des relations d’affaires de la famille Wade dans le dossier de AHS-Niger qui jusque-là est resté une ténébreuse affaire.
