Cette région d’agriculteurs et de pêcheurs, souillée par plus de 7 000 fuites entre 1970 et 2000, devrait bénéficier du plus vaste programme de dépollution jamais mis en œuvre.
Stanley a songé à prendre les armes et peut-être l’a-t-il déjà fait. Ce quadragénaire courtaud et souriant dit disposer d’un petit stock de kalachnikovs caché quelque part. Il ne s’en vante pas mais c’est comme ça, dans les criques du delta du Niger. Les jeunes ont plus facilement accès aux fusils et aux bandes armées qu’à l’école et à un emploi. Stanley a opté pour une autre voie, celle qui permet de gagner pas mal d’argent sans risquer sa vie. « Ce pétrole, ce n’est pas celui des multinationales étrangères, c’est le nôtre. Donc je suis devenu pétrolier », explique-t-il en conduisant sa moto de nuit, sur un chemin de terre bordé d’herbes hautes quelque part dans la région de l’Ogoni, un territoire de 1 000 km2, à une heure de route de Port-Harcourt, la capitale de l’Etat pétrolier de Rivers, dans le sud du Nigeria.
Cet ancien pêcheur démarre sa journée lorsque le soleil se couche. Le ciel se voile d’une épaisse fumée toxique à l’approche de son lieu de travail d’où jaillit une puissante flamme insensible à la pluie. Au milieu d’un champ, le petit « pétrolier » a installé l’une de ses raffineries artisanales. A partir de pétrole brut qu’il achète à des pirates et autres bandits spécialisés dans le perçage des pipelines, il produit 30 000 litres d’essence par nuit qu’il écoule dans la région, mais aussi au Bénin et au Cameroun voisins.... suite de l'article sur LeMonde.fr