Face aux massacres d'hippopotames qui se sont multipliés depuis mars 2017 dans l'ouest du pays, les autorités nigériennes ont créé un sanctuaire sur les berges du fleuve Niger pour mettre les pachydermes à l'abri des tueries. Leurs agresseurs, des paysans qui les accusent de commettre des dégâts sur les cultures et le bétail, pourraient trouver dans l'initiative gouvernementale de quoi se rassurer
Espèce protégée depuis 2006, car menacée de disparition, l'hippopotame est régulièrement source de tensions entre le pouvoir nigérien et les populations. Au cours des cinq derniers mois, une trentaine de ces herbivores amphibies, sur les 350 que compte le pays, ont été abattus «illégalement» par des villageois en colère, pour qui la cohabitation avec «l'envahisseur» est inacceptable.
«Nous allons nous-mêmes les diminuer»
Après s'être fait justice elles-mêmes contre un hippopotame «qui avait attaqué un bœuf», une dizaine de personnes, dont des chefs coutumiers, ont été arrêtées début juillet.
«Il faut que l'Etat leur trouve une réserve (...) ou nous-mêmes, nous allons les diminuer», avait prévenu sans ménagement Zariya Issaka, le chef des pêcheurs d'Ayorou, à l'ouest du territoire.
Située sur les berges du Niger, à 200 km de la capitale Niamey, Ayorou fut un temps la perle du tourisme nigérien grâce à sa forte concentration d'hippopotames. Mais les problèmes d'insécurité liés aux groupes armés islamistes ont fait chuter le nombre de visiteurs... pas celui des bêtes.