Le gouverneur de Niamey a procédé récemment à la démolition des maisons et baraquements construits sur un domaine public dans la zone de l’aéroport. Comme à l’accoutumée, lorsqu’une telle opération est menée, elle provoque un tollé de réprobation au sein des populations concernées, qui disent ne pas comprendre l’acte posé par les autorités. C’est légitime, parce qu’elles ont investi parfois des économies de toute une vie pour construire la maison démolie. Elles ne se remettent jamais en cause, en se demandant pourquoi cela leur arrive. Et pourtant, elles ont une grosse part de responsabilité dans la précarisation où elles sont brutalement s’installées, du fait de la perte de leur toit. Les espaces qui ont fait l’objet de démolition dans la zone de l’aéroport font partie du domaine public de l’Etat. Ils ont été morcelés et vendus de longue date, indique-t-on, par une autorité coutumière. Les gens ont acheté les terrains certainement à vil prix et se sont mis à construire des maisons sans chercher à savoir s’ils seront inquiétés ou non un jour.
A partir du moment où c’est une autorité coutumière qui est l’opérateur de vente, ils se disent que rien ne pourrait leur arriver. C’est quand l’Etat décide seulement de récupérer l’espace pour une œuvre d’utilité publique, qu’ils se rendent compte de leur bêtise. Les ménages affectés par l’opération de démolition du quartier aéroport ont été victimes de cette situation. Le gouvernement, ayant eu besoin de son domaine pour la construction d’une route notamment, il ne s’est pas encombré d’un quelconque humanisme pour les faire déguerpir par la force. Surtout que les victimes ont été sommées à plusieurs reprises, apprend-on, de prendre leurs dispositions pour libérer les lieux. Mais elles se sont entêtées à vouloir rester. Du coup, du jour au lendemain, elles se retrouvent sans gîte et elles ont perdu leur argent consacré à l’achat de la parcelle. Car il n’est pas évident que le chef coutumier qui leur a vendu les parcelles les rembourse. Même si d’aventure elles entreprennent une action dans ce sens. Elles sont hélas de nombreuses personnes occupant illégalement des domaines publics à Niamey. Et même quand elles apprennent que les autorités ont initié une opération de démolition ailleurs, dans un quartier donné de la ville, elles restent de marbre. Elles attendent voir venir et c’est parfois trop tard. Les autorités communales ont aussi une grande part de responsabilité dans la persistance de l’anarchie à Niamey. En quoi faisant ? En fermant les yeux jusqu’à ce que la situation devienne intenable. Quelle est la posture que lesdites autorités doivent normalement observer ? C’est celle de prévenir et d’empêcher systématiquement que les gens construisent sur des domaines publics. Même lorsque les parcelles leur ont été vendues par une tierce personne se revendiquant d’être le propriétaire. La prévention ne consiste pas simplement à faire des avertissements, elle doit aussi se traduire par des actes concrets, des actions énergiques de dissuasion. Lorsqu’un domaine public et morcelé et vendu, l’on sait que tous les acquéreurs des parcelles ne construisent pas en même temps, ne disposant pas de la même surface financière. C’est progressivement que les gens érigent leurs maisons. Si dès que les premières maisons et baraquements commencent à pousser, ils sont systématiquement démolis, cela dissuadera les personnes qui n’ont pas encore engagé leurs chantiers à y renoncer. Cette politique a le mérite de minimiser les pertes pour les détenteurs des parcelles dans la zone. Y compris ceux qui ont démarré la construction de leurs maisons. Elle présente aussi le mérite de permettre aux mairies d’économiser les ressources consacrées à l’opération de démolition.