Les festivités du 3 août 2017 se tiendront à Dosso. Ainsi en a dé- cidé le président de la République Issoufou Mahamadou qui fera le déplacement. De la cité des Djermakoyes, le chef de l’État prendra la direction de Dandaji, son village natal, pour ses vacances annuelles comme tous les mois d’août. La tradition est dé- sormais bien établie : c’est de là que sont prises les grandes décisions du régime. Cette année aussi, il est attendu que les vacances présidentielles soient mises à profit pour recadrer la gouvernance. Mais il ne faut pas s’attendre à un chamboulement. Comme les années antérieures, Dandaji sera le lieu par excellence des grandes manœuvres politiciennes et les audiences les plus impromptues. Des centaines de personnes vont quitter les quatre coins du Niger et certains pays d’Afrique et du monde pour converger vers le palais des vacances présidentielles perdu quelque part à Illéla, région de Tahoua.
C’est une occasion pour voir facilement le Président Issoufou contrairement à Niamey où même des personnalités influentes du régime peuvent faire plusieurs mois à chercher une audience. Le gouvernement, selon nos sources, sera réaménagé avec ou sans Brigi Rafini comme Premier ministre. Pour l’instant, l’on ne connaît pas trop les partants et les nouveaux arrivants. Ce qui est, en revanche, sûr, le président de la République va maintenir sa complaisance à l’égard de ses alliés. Maintenant, plus que jamais, il doit les contenter. D’abord parce que la grogne se fait de plus en plus audible mais aussi la gouvernance continue de tanguer inexorablement avec le mécontentement quasi-généralisé des citoyens. Les mesures impopulaires se multiplient car le gouvernement a besoin de ressources et n’a plus aucune marge de manœuvre autre que les revenus déjà maigres des contribuables. Il augmente les droits de douanes, met en place un Compte unique du Trésor où toutes les sociétés doivent verser leurs revenus, majore les timbres fiscaux, crée de nouvelles plaques d’immatriculation et une nouvelle Carte grise etc., le tout, pour davantage pomper dans la poche du pauvre citoyen. Si à cela, la Renaissance ose laisser s’ajouter une friction interne avec ses alliés, elle aura beaucoup de mal à s’en sortir.
Les attentes des Nigériens
Même si nous savons que le Président Issoufou ne se préoccupe pas trop de ce que ses concitoyens pensent ou attendent de lui, notre devoir reste le même : l’informer de ce que nous avons appris auprès des populations. C’est ainsi que beaucoup de Nigériens seront très ravis si leur Président acceptait de diminuer la taille du gouvernement actuel qui compte 43 membres et un nombre tout aussi élevé de Conseillers avec rang de ministre. En ces moments de vaches maigres, l’entretien d’un tel gouvernement, de surcroît improductif, n’est pas pour favoriser l’intérêt général. Après plus d’une année de gestion, ce gouvernement a brillé par son incompétence et son immobilisme. Ils ne sont pas plus de dix ministres connus du commun des Nigériens. La plupart reste cloîtré dans le coin de leur bureau sans aucune initiative ni aucune action visible sur le terrain. Ils restent dans le silence de leurs somptueux bureaux, savourant les avantages liés à leurs fonctions. Dès sa mise en place, nous avions dénoncé ce gouvernement dont le but n’était que faire plaisir à des militants politiques et des alliés. L’histoire nous a donné raison puisque après 15 mois, le Niger ne fait que reculer dans tous les secteurs sociopolitique et économique. L’école publique n’en porte plus que le nom, les hôpitaux sont devenus des « mouroirs » nationaux, les villes croulent sous les dépotoirs sauvages, les inondations, à cause du manque de caniveaux, déciment les foyers, bref, le Niger du premier mandat de la Renaissance, quoique difficile, est bien meilleur que celui du second mandat.
Dans un pays normal, avec un régime responsable, ce gouvernement aurait été renvoyé dans son intégralité. Mais nous sommes sous le ciel de la Renaissance, en plein dans le Guri System où seuls la volonté et les intérêts du Guide suprême comptent. Le Monde d’Aujourd’hui, reste donc sceptique quant à la capacité du Président Issoufou, à prendre des décisions courageuses pour le bien collectif. Et cela, qu’il soit à Niamey ou en vacance à Dandaji.