Actualité oblige. Je diffère la rédaction de ma série de Géopolitique sur le Panafricanisme , Mythe ou Réalité pour me consacrer cette fois ci , aux évènements qui ont eu lieu sur notre continent Africain. Après plus de 6O ans de Souveraineté et des éternels retours à la case départ , par des renversements militaires ou des coups d’ Etats civils, nos pays, nos Etats et nos Nations, cherchent encore leur voie.
Nous tentons d’analyser ici les raisons, en cherchant à nous poser des questions pertinentes qui nous viennent à l’esprit . Dans cette contribution que nous vous livrons, nous évoquerons la difficile marche de notre pays, le Niger vers son indépendance. Avant d’aborder les divers changements politiques dont furent victimes les populations . Nous profiterons également pour voir rôle de notre capitale Niamey au sein de la gestion du pouvoir et surtout l’image qu’elle doit revêtir à l’endroit des touristes.
LA LONGUE MARCHE DUNIGER VERS SA SOUVERAINETE
En effet , un pays, disons un Etat doit d’abord se construire à partir de sa Capitale, miroir et surtout le centre d’intérêts des populations qui s’y reconnaissent et qui doit demeurer leur fierté.
C’est à partir d’une Capitale que le pays prend son envol pour s’imposer aussi aux autres Etats afin de s’incruster dans la chaine Panafricaine qui nous donnera notre place au niveau Continental. Parce que chaque édifice a besoin d’une solide Fondation pour résister et se pérenniser. La construction étant un puzzle , il doit en être ainsi aussi pour se développer . Elle repose sur une logique également. J’y ai d’ailleurs fait allusion dans mon livre « Construire le Niger « publié en Décembre 2001 à Niamey Niger.
LE NIGER : REGARD CROISE
Notre pays, tous comme les autres , a connu pour sa part 60 ans de colonisation avec des évolutions en dents de scie qui lui permirent aussi de se prendre un jour en charge. Mais, avec quelques fois des hauts et des bas comme dans toute rencontre et choc de cultures. Parce que l’histoire du Niger se confond avec celle de toute l’Afrique qui fut explorée , occupée, colonisée et administrée.
C’est aux environs des années 1880 mais plus précisément en 1884 que débuta en Novembre le partage de l’Afrique en possessions coloniales et qui se poursuivra jusqu’en 1886. Mais, c’est entre 1899 et 1900 que des accords franco- britanniques vont délimiter le territoire nigérien , comme l’ a écrit Jean Claude MAGNAN « La difficile Démocratie du Niger » Editions CHEAM, Paris 2000. C’est ainsi que les villages de Dori et de Fada N’Gourma qui étaient inclus dans le Territoire du Niger, furent rattachés dans les années 1947 à la Haute Volta , actuel Burkina Faso. Comme partout en Afrique, les frontières avaient été mal définies et imposées par le colonisateur Cet aspect des frontières a été d’ailleurs dénoncé plusieurs fois par des intellectuels africains ou non pour l’avoir jugé arbitraire. L’écrivain, Wolé Soyinka a également , longuement traité la question comme étant « un vrai frein au développement et à l’émancipation des Peuples africains , divisés et séparés jusque dans leur intimité ». «ll faut redessiner l’Afrique » ne cessait de répéter et de marteler le Prix Nobel de Littérature , Wolé Soyinka qui ajoutait que « nous devons nous asseoir, prendre une équerre et un compas et donner des nouvelles frontières aux Nations africaines. II y a cent ans , les puissances coloniales qui gouvernaient l’Afrique, se réunissaient à la Conférence de Berlin pour délimiter les pays selon leurs zones d’intérêts. C’est ainsi qu’elles ont rassemblé différents peuples et tribus dans certains endroits et les ont divisés dans d’autres , comme un tailleur fou qui ne ferait pas attention au trou à la couleur ou au dessein du patchwork qu’il est entrain de réaliser».
En effet ce que dit cette éminence grise noire, met en relief les détournements de nos matières premières vers l’extérieur après nous avoir imposé de cultiver ce que nous ne consommons pas et de consommer ce que nous ne cultivons . Cette politique a pu nous diviser pour permettre aux colons de régner en opposant des populations qui avaient tout en commun . Ce qui a permis à l’administration coloniale de tout réguler pour d’abord tout contrôler , puis faire rayonner sa culture , en contribuant à la développer , grâce à la mise en place d’une stratégie, secteur par secteur .
LA LOI CADRE ET SES CONSEQUENCES : LE NIGER DEVENU TERRITOIRE
C’ est en 1904 que le Niger a été érigé en Territoire Niamey et en 1911 Zinder comme Capitale qui sera à nouveau transférée à Niamey en 1926. Puis, progressivement les Villes d’Agadès, de Tahoua , de Diffa, de Gouré, Tillabéri et N’Guigmi seront aussi érigées en Chefs lieux de Cercles. L’administration Coloniale créera des agglomérations dans ces villes qui accéderont au statut de Communes Mixtes. Cependant, après les indépendances, certaines modifications seront apportées aux statuts des entités territoriales. L’évolution du pays vers des entités administratives , permettra au Niger de subir une décentralisation dans le cadre de la gestion des structures de 1961 à 1992. Pour mémoire, rappelons que le pays était coiffé par un Gouverneur résidant à Niamey dans la Capitale. II représente le Gouverneur Général basé à Dakar, capitale de l’Afrique Occidentale dont dépendent nos pays. A un étage plus bas, se trouvaient les Commandants de Cercles et de Subdivisions qui , à leur tour travaillaient avec la Chefferie traditionnelle, celle –ci étant en contact directe avec les masses populaires ( collecte des impôts, entre autres ). L’avantage que le Niger tirait de cette période , portait sur l’enjeu politique : celui de l’entrée en scènes de nationaux qui briguaient de postes de conseillers territoriaux ou municipaux et qui s’intéressaient à la gestion du pays.
LES PARTIS POLITIQUES ENTRENT DANS LA DANSE
C’est en effet, en Octobre 1946 que fut publié à Paris par des parlementaires africains, le manifeste du premier grand mouvement continental le Rassemblement Démocratique Africain RDA . Né le 26 Octobre 1946 à Bamako au Soudan Français actuelle République du Mali , ce parti aura une audience dans plusieurs pays africains . Au Niger la Section du RDA , le Parti Progressiste Nigérien PPN, sera créée le 12 Mai 1946 à Niamey et aura comme Président d’ honneur Issoufou SEYDOU DJERMAKOYE, alors Conseiller de l’Union Française . Mais, ce serait Mr BOUBOU Hama qui deviendra Président du Parti jusqu’au coup d’Etat militaire perpétré par le Lt Colonel Seyni KOUNTCHE le 15 Avril 1974 .
LE SAWABA MOUVEMENT SOCIALISTE AFRICAIN OU L’UNION DEMOCRATIQUE NIGERIENNE UDN
Face au RDA, un autre parti politique verra le jour : le Sawaba créé par Mr DJIBO Bakary qui fut pourtant membre fondateur du RDA. Pour se démarquer du RDA jugé trop libéral , c’est à dire à droite il créera le Sawaba Bloc Nigérien d’ Action, l’ Union Démocratique Nigérienne UDN, la Section du Mouvement Socialiste Africain , un parti de gauche. II votera NON au référendum de Septembre 1958 , contrairement au RDA qui dira OUI au Général De Gaulle Afin de rester au sein de la Communauté Franco Africaine , même après l’Indépendance intervenue le 3 Août 1960 .
Le 31 Mai 1948, Mr ZODI Ikhia en compagnie de Mr Francis BOREY, de Baba HAIDARA , Issoufou SEYDOU DJERMAKOYE et Condat Georges Mahamane, fondaient leur propre parti politique : l’Union des Nigériens Indépendants et Sympathisants UNIS . Mais, Mr CONDAT les quittera pour former son propre parti : l’Union Progressiste Nigérienne en 1954. Quant à l’UNIS elle sera transformée en Forces Démocratiques , Section de la Convention Africaine en 1957. Mais, s’en suivra des scissions, des regroupements et des disparitions de ces formations politiques. Enfin, une nouvelle coalition verra le jour autour du PPN – RDA et la Communauté Franco Africaine UCFA qui permettra le ralliement des Chefs coutumiers et notables.
Voilà, le panorama politique des années 1958. Même si la bipolarisation n’était pas nette , il n’en demeurait pas moins que certains partis comme le SAWABA , combattaient l’administration coloniale alors que d’autres comme l’UNIS et le RDA soutenaient le contraire . Cette politique de l’administration coloniale de «diviser pour régner » a été mis en application au détriment des politiciens nigériens qui vont s’entre - déchirer, pour rien.
Nous rendrons hommage ici à DJIBO Bakary, Ousmane DAN GALADIMA et tant d’autres leaders politiques et opposants du Sawaba qui furent pourchassés et emprisonnés par le pouvoir du régime RDA pour avoir contesté la politique de l’époque.
UNE LOI CADRE ET SES CONSEQUENCES
C’est en 1956 que le Ministre français des Territoires d’Outre et Maire de Marseille , Mr Gaston DEFERRE, avait proposé aux Africains un scénario à travers lequel il entendait les préparer à accéder à une certaine autonomie politique interne . II tenait ainsi compte de révoltes des possessions françaises contre le gouvernement français en ( 195O en Indochine et en Algérie n 1954 ) Mais en vérité , tous ces troubles avaient pour origine , une prise de conscience de certaines populations africaines, de l’exploitation dont elles étaient victimes . Je vous évite des longs détails puisque nous reviendrons en détails sur cette période qui avait marqué la vie politique de nos Etats africains . Nous retenons de cette époque que pendant que le régime RDA renforçait ses relations avec le gouvernement français, d’autres hommes comme DJIBO Bakary, prônaient la rupture totale avec cette puissance coloniale Parce qu’à l’époque déjà, des pays comme le Niger réclamaient leurs indépendances immédiates et sans condition par la voix de Mr DJIBO Bakary et d’autres Organisations estudiantines . En fait, la guerre d’Indochine et celle d’Algérie tout prés de notre pays, avaient sonné le glas . De justesse , le Niger sera maintenu au sein de la Communauté franco africaine après un référendum le 28 Septembre 1958 qui consacre la naissance de notre première République .
LE NIGER INDEPENDANT
Enfin, le 3 Août 1960 notre pays devient indépendant après 60 années d’occupation et d’administration coloniales . Le Président DIORI Hamani dans son message à la Nation dira ceci le 3 Août à minuit : «Ce mercredi 3 Août 1960 , par délégation de pouvoir que je tiens du peuple nigérien qui m’a placé à la tête de l’Etat , en vertu du droit de ce peuple à disposer de lui-même , je proclame l’indépendance du Niger . Je déclare que le Niger exerce et exercera à compter de ce jour sa pleine Souveraineté, dans le respect des principes du droit international et de la morale internationale.
Vive le Niger indépendant !
Vive la France émancipatrice !
Vive la fraternité des peuples !
Le Niger venait de tourner ainsi une page de son histoire coloniale ce discours émouvant du Président DIORI qui , comme tous les Nigériens , croyait en un pays radieux et prospère dans un monde de paix. Le Président et le peuple nigérien étaient loin d’imaginer qu’un putsch militaire puisse se produire , quinze ans après son accession au pouvoir . Et de surcroît un putsch organisé par son Chef d’Etat Major Général.
Telle est la longue marche de notre cher et grand pays, le Niger vers son indépendance pour occuper toute sa place au sein du concert des Nations qui se battent pour réussir . Bien sûr avec bien des hauts et des bas comme partout au monde . Quinze ans de gestion du RDA qui sera interrompue par un coup d’Etat militaire le 15 Avril 1974 . Un régime miliaire qui gouvernera le pays durant 13 ans . Nous développerons dans livraison prochaine livraison, la gestion du régime RDA jusqu’ a la Conférence Nationale Souveraine à nos jours . C’est le lieu d’aborder la place de Niamey, notre belle Capitale Garin Capitaine SALMAN à la Niamey NYALA à l’heure de la Renaissance Culturelle du pays. .