De longues files de voitures, de motocyclistes et autres piétons devant les points de vente de gaz, d’interminables rangées de bonbonnes de gaz butane devant les dépôts de vente. Nous sommes aux alentours du rond-point Maurice Delens en ce lundi après-midi. Comme dans cette zone, nombreux sont les quartiers de la capitale où le gaz est introuvable. Depuis quelques années, Niamey vit de façon récurrente des pénuries de gaz butane, ce malgré que ce combustible soit produit au Niger. Une situation que ne comprennent pas les associations de défense des droits de consommateurs et surtout les usagers de plus en plus tournés vers cette source d’énergie, dont l’utilisation est encouragée par les pouvoirs publics.
La pénurie de gaz butane est constatée depuis la semaine dernière au niveau des points de vente, occasionnant une flambée des prix de cette source d’énergie fort prisée dans des ménages moyens de la capitale et des autres grands centres urbains du pays. À Niamey, cette pénurie qui perdure affecte durement les ménages. Selon un client trouvé sur les lieux « le prix de vente de la bouteille B6 (6 kg) communément appelée « petite bouteille » officiellement de 2000 FCFA est négocié en ce moment entre 2500 et 3000 FCFA, soit une hausse allant de 500 à 1000 FCFA. Mme Amina est une ménagère. Avec sa bouteille vide sur la tête, elle attend impatiemment devant un magasin de distribution de gaz au quartier Yantala. « Il est temps que le gouvernement s’implique dans cette situation car cela fait plusieurs jours que je défile ainsi sans succès pour remplir ma bouteille. Vivement que les autorités publiques fassent vite pour trouver une solution à ce problème parce que pour ma famille et moi, le gaz est plus propre et plus économique que le charbon de bois », réplique-t-elle, l’air agacé.
Le Gaz se fait rare sans qu’aucune personne ne puisse fournir les raisons valables, mais selon un livreur rencontré au niveau d’un point de vente et qui a requis l’anonymat, cette situation de pénurie est due à « un retard accumulé par les transporteurs qui sont chargé de livrer le produit ici à Niamey. A ce jour ils ne sont pas encore rentrés ». Au niveau de ce point de vente, ce sont les bouteilles de Sonihy et Niger gaz, utilisés par la majorité des foyers, qui se font rares. Seulement les bouteilles de Gani-Gaz étaient disponibles. Même incompréhension également du côté des consommateurs, devant le dépôt du plus grand distributeur du gaz butane du quartier Kouara-Kano, le nommé Omar. « Ça fait trois jours que je suis derrière le gaz. Je tourne par-ci par-là, je ne trouve toujours pas et je suis à la troisième journée. Omar est devenu une référence dans tout l’arrondissement communal, car il a un grand dépôt, j’étais sûr de trouver ici. Malheureusement...», a confié Philippe, un chef de famille.
« Le gaz est beaucoup utilisé, je me demande pour quelle raison le gaz est devenu si rare», confie Omar le distributeur. «Voici pratiquement une semaine que je traine ma bonbonne pour chercher le gaz, finalement nous n’allons plus pouvoir préparer pour nos enfants. On trouve rarement le bois de chauffe dans ma zone, et en cette période de pluie, il est difficile de cuisiner avec. Vraiment on ne comprend plus rien», se lamente Fatouma Amadou. «Je ne comprends rien, le gaz est introuvable, le gaz est devenu si rare. Pour l’avoir, il faut se réveiller vers peut –être 7h ou 8 heures du matin et personne ne vous renseigne sur cette crise », se plaint Abdel, un citoyen libanais.
Pour M Hamadi Youssef de l’Association pour la Promotion et la Diffusion des Droits des Consommateurs du Niger (APDDCN) Sawki, qui vise à contribuer à la lutte contre la vie chère et à faire la promotion des produits locaux et de leur production en qualité et en quantité, « le choix est clair, le gouvernement doit autoriser les distributeurs à vendre le gaz au prix réel ». Ce prix réel tournerait autour de 6 000 FCFA pour la bonbonne de 12Kg, vendue actuellement à moins de 4 000 et 3000f la bonbonne de 6 Kg qui est à 2000f. «Entant que source d’énergie, le gaz a beaucoup d’avantages comparé aux autres sources comme le bois ou le charbon. Il reste et demeure le combustible le plus utilisé après le bois de chauffage dans les ménages car ne coutant pas cher et disponible, en temps normal, presque dans tous les coins et recoins des quartiers de Niamey. Le marché de ce produit a favorisé la création des petites entreprises qui permettent principalement aux jeunes sans emplois de gagner leurs pains quotidiens », explique Mr Hamadi Youssef.