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Eucap Sahel : « Nous verrons comment les polices des pays du Sahel pourront travailler ensemble »
Publié le mercredi 16 aout 2017   |  Niamey et les 2 joursa


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© Autre presse par DR
Au quartier général de l’Eucap Sahel Niger, en juin 2017.


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Dans sa volonté d’aider les pays sahéliens à faire face au terrorisme, l’Union européenne a mise en place depuis 2012 une opération civile, dénommée Eucap Sahel. Objectif, soutenir les polices et gendarmeries de la zone sahélienne en matière de politique de sécurité et de défense commune. La structure a son quartier général basé à Niamey. A sa tête, Kirsi Henriksson (photo), nommée en septembre 2016. Dans cette interview, la diplomate finlandaise présente les objectifs de sa structure, leur mode opératoire et leur contribution dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée notamment la force conjointe du G5 Sahel au Niger.

Niamey et les 2 jours : Quels sont les objectifs d’Eucap Sahel ?

Kirsi Henriksson : Lancée en 2012 et renouvelé en 2014, l’EUCAP constitue un instrument de stabilité et de développement dans le Sahel face à la menace terroriste. Elle n’est pas directement engagée dans la lutte contre le terrorisme mais elle apporte une formation à la police et aux autorités régionales nigériennes à travers la gestion de crises devant une attaque terroriste ou une catastrophe naturelle, à travers les mouvements des terroristes, l’acquisition de l’information, un suivi sur le terrain et la conduite d’une enquête sur les lieux du crime. Elle apporte aussi un soutien humanitaire, logistique et technique. La mission intervient aussi dans certains pays de la sous-région notamment le Burkina, le Mali et le Nigeria.

Les 5 objectifs sur lesquels nous travaillons, c’est l’interopérabilité des forces de police du Sahel dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, le renforcement des capacités techniques des agents des forces de l’ordre. Le troisième objectif, c’est de travailler dans la durabilité parce que nous pensons sur le long terme, sur ce qui se passera lorsque nous quitterons. Le quatrième, c’est la coordination de la mission avec les autres partenaires dans le domaine, pour éviter le doublon. Et le cinquième objectif, c’est la lutte contre la migration irrégulière.

Nos objectifs sont revus tous les 2 ans. Le présent mandat a débuté en 2014 et prendra fin en juillet 2018. Nous verrons s’il y a d’autres défis, le mandat sera révisé. Ce qu’il faut savoir, c’est que même si la mission est opérationnelle et technique, le but des missions est assez politique.

N2J : Comment peut-on évaluer l’impact de votre mission au Niger par exemple ?

KH : Très bonne question. Malheureusement, je ne pourrai pas vous donner une réponse claire parce qu’une évaluation se fait sur le long terme. Ce que nous faisons pour le moment, c’est prendre les réactions au chaud. C’est à dire, demander aux stagiaires (les agents des forces de l’ordre Nigériens en formation) ce que la formation leur a apporté. Ensuite, nous faisons un suivi de ces agents pour qu’ils deviennent des formateurs des autres agents. C’est cette année que nous avons prévu débuter l’évaluation sur l’impact de notre mission. Nous irons sur le terrain pour voir si vraiment les équipements fournis sont au bénéfice des forces. J’en ai parlé avec le ministre de l’Intérieur et ce sera la même chose pour les formations. Cela nous permettra de voir ce que deviennent les agents formés depuis 2012.

N2J : Combien d’agents des forces de l’ordre ont été formés à ce jour ?

KH : Nous avons fait à cette date 442 formations (politique migratoire, trafic illicite des personnes, criminalité, etc, ndlr) environ 12 000 agents formés et 60 projets de dons de matériel offerts. Pour l’année 2017 - 2018, nous avons un budget de 31 millions de Fcfa pour la mise en oeuvre projets.

N2J : Mme Henriksson, le Niger, le Mali et le Tchad ont récemment annulé juridiquement leurs frontières pour mieux lutter contre le terrorisme. Quelle appréciation faites-vous de cette résolution?

KH : C’est une bonne nouvelle qui permet aux forces de défense et de sécurité de ces pays d’avoir la flexibilité dans le déplacement dans la zone de Liptako Gourma qui constitue d’ailleurs la cible de la force conjointe G5 Sahel.

Toutefois, il faut reconnaître que, concernant le déplacement des forces de défense, à terme, ce sera difficile dans la faisabilité parce que toutes ces forces de sécurité doivent pouvoir protéger d’abord leurs propres frontières.

Maintenant, nous, à Eucap Sahel, nous verrons dans nos séances de formation prévues pour les polices des pays du Sahel (force conjointe G5 Sahel, ndlr), comment elles pourront travailler ensemble. Donc, l’interopérabilité des forces internes de police d’une part et leur interopérabilité avec les militaires d’autre part.

N2J : Le Niger est attaqué sur trois de ses frontières. A l’est par Boko Haram, à l’ouest par les forces jihadistes du nord Mali et des groupes terroristes du nord Burkina Faso. Que fait Eucap pour soutenir les actions du gouvernement ?

KH : Nous n’avons pas de mandat exécutif. Par contre, nous renforçons les capacités des forces de l’ordre pour qu’elles soient efficaces sur le terrain. Nous fournissons aussi un peu de matériels aux forces, en fonction de leurs besoins, pour mieux intervenir dans les zones frontalières. Mais, ce n’est pas à nous de leur donner les capacités matérielles pour contrer le terrorisme.

Et dans notre mission, c’est la lutte contre le terrorisme à la frontière malienne qui nous intéresse beaucoup plus que Boko Haram.

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