Un tir d'un gendarme nigérien a été à l'origine de la mort d'un étudiant lors d'une manifestation violemment réprimée mi-avril sur le campus universitaire de Niamey, selon un rapport d'enquête dont l'AFP a eu connaissance vendredi.
"De l'avis de Commission d'enquête indépendante (CEI), l'étudiant Mala Bagalé a été victime du tir d'un projectile d'un élément non identifié de la gendarmerie", affirme le rapport remis jeudi au gouvernement.
"Le rapport de la police scientifique corrobore la thèse du tir à bout portant à moins de 100 mètres (sic) et écarte en même temps l'hypothèse d'une chute fatale sur une quelconque pierre", souligne le rapport.
Cheikh Ali Ben Salah, un membre de la commission, a expliqué sur la radio publique que les enquêteurs sont parvenus à cette conclusion sur la base "des auditions des parties prenantes, des investigations, des reconstitutions et simulations sur le terrain".
"L'autopsie est formelle, la seule blessure diagnostiquée au niveau de la tête (du défunt) n'a pu être provoquée que par un objet contondant porté à bout portant", a-t-il avancé.
M. Ben Salah a cependant dit que "les gendarmes ont affirmé" aux enquêteurs "n'avoir ni tiré, ni entendu une déflagration dans la phase d'interpellation, au moment où l'étudiant a été retrouvé couché devant le portail" du campus.
Il a renvoyé dos-à-dos gouvernement et étudiants sur les origines de la manifestation, notamment du fait d'"une rupture du dialogue entre les deux partenaires".
"Vous avez accompli une mission de très haute importance", qui apportera "une couche supplémentaire à l'encrage de la cohésion de notre pays", a déclaré le Premier ministre Brigi Rafini en recevant le rapport d'enquête.
Mise sur pied à la demande des étudiants, la CEI est composée de cinq représentants des étudiants, cinq du gouvernement et de deux personnalités indépendantes. Elle était chargée de faire "la lumière" sur le décès de Mala Bagalé, un étudiant en troisième année de sociologie, le jour de la manifestation.
Le gouvernement avait soutenu que ce décès était survenu "à la suite d'une chute", sans lien avec les "opérations de maintien de l'ordre" qui n'ont occasionné "aucune perte en vie humaine". Les étudiants avaient de leur côté clamé que leur camarade avait succombé après avoir été atteint par "une grenade lacrymogène".
A Niamey, les étudiants avaient lancé le 10 avril un important mouvement de protestation pour réclamer de meilleures conditions de vie et d'études, qui a conduit à des affrontements avec les forces de l'ordre et à la fermeture pendant plusieurs jours du campus.