Inondations, sécheresse, épidémies, invasions acridiennes, des conflits intercommunautaires, etc. Ce sont là, entre autres, des catastrophes naturelles devenues récurrentes au Niger, exerçant un impact significatif sur les performances macroéconomiques de notre pays. Cette année particulièrement, les catastrophes sont devenues l'objet d'une grande préoccupation pour les populations touchées, ainsi que pour les autorités. En effet, avec les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Niger, plusieurs localités du pays ont été victimes d'inondation, aussi bien dans les centres urbains que dans le milieu rural avec des maisons et des champs envahis par les eaux de ruissellement.
La situation des catastrophes liées à la saison pluvieuse a atteint une telle gravité que les autorités, à travers le Ministère en charge de l'Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, ont décidé récemment de doter notre pays d'une Politique nationale de l'Action humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, avant la fin de l'année en cours. Déjà, a assuré le Ministre en charge de la question M. Laouan Magagi, un comité composé des acteurs humanitaires, des services techniques de l'Etat, avec l'appui des partenaires techniques et financiers, a été chargé de l'élaboration de cette politique qui sera un outil approprié pour atténuer les souffrances des victimes et les dommages sur l'économie nationale.
En effet, selon la synthèse du Rapport du Fonds Monétaire Internationale (FMI) pour le mois de décembre 2016, rendu public le 21 juillet 2017, les effets néfastes des catastrophes naturelles sur la création de richesse du pays et sur la sécurité alimentaire entravent les efforts déployés pour réduire la pauvreté, alors que les dépenses publiques imprévues engagées pour répondre aux besoins d'urgences humanitaires qui en découlent, sont à l'origine de dérapages budgétaires. Le même rapport précise que « les impacts des catastrophes naturelles, qui se répercutent également sur le niveau des prix, constituent une source de volatilité pour la plupart des variables socioéconomiques, notamment la croissance économique ». Ces phénomènes devenant de plus en plus récurrents au Niger, le rapport du FMI a souligné l'importance, voire la nécessité, de les connaître de façon exhaustive afin de concevoir et gérer les programmes économiques de façon cohérente.
Les catastrophes naturelles, note le FMI, s'expliquent essentiellement par la situation géographique du pays et par la fragilité de son écosystème. « Le changement climatique et la forte croissance démographique aggravent l'impact des catastrophes naturelles et accélèrent la dégradation de la nature. Leur impact négatif sur les revenus et la protection sociale est d'autant plus significatif que l'économie dépend fortement de l'agriculture pluviale (l'agriculture représente 40 % du PIB et assure les revenus de plus de 80 % de la population) », souligne le rapport.
« Même si les autorités ont mis en œuvre un robuste dispositif d'atténuation destiné à traiter les problèmes d'insécurité alimentaire provoqués par ces catastrophes, le Niger reste confronté à de graves pénuries alimentaires lors des années de sécheresse et/ou en cas d'invasions acridiennes, ce qui entretient l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Si les catastrophes naturelles sont devenues plus fréquentes au cours des dernières années, leur impact a été jugulé par le renforcement des institutions en charge de leur prévention et de la gestion des risques, lequel se traduit par des systèmes d'alerte précoce, des plans d'urgence et des programmes de résilience » souligne le rapport du FMI.
Notant que le Niger fait partie des 34 pays du monde présentant un risque très élevé de catastrophes naturelles, le Rapport fait constater que 80% de la superficie du Niger est recouverte par le désert du Sahara et seulement 1 % du territoire reçoit au moins 600 mm de précipitations annuelles en moyenne. «Les conditions climatiques extrêmes accentuent la vulnérabilité à la famine et impactent gravement la production agricole, déstabilisant les performances macroéconomiques, engendrant d'importantes répercussions sur la création de richesse et entravant les mesures de lutte contre la pauvreté dans les zones rurales exposées. D'autres parties du pays sont menacées par la désertification, des pratiques agricoles destructrices et une mauvaise gestion du débit du fleuve Niger », note le FMI.
Or, poursuit le rapport en se référant aux statistiques du Système national de gestion de l'information sur les catastrophes (DESINVENTAR), « le nombre de catastrophes enregistrées entre 1973 et 2014 est estimé à 3.702 catastrophes dont 1.526 épidémies (humaines), 765 inondations, 487 épizooties (animaux), 310 feux de friches, 289 sécheresses, et 158 invasions de ravageurs et de criquets pèlerins». Pire, indique-t-on, la fréquence et le nombre de catastrophes naturelles ont augmenté avec le temps, car environ 85 % des catastrophes enregistrées au cours de la période 1973-2014 se sont produites entre 2001 et 2014.
Les catastrophes les plus néfastes ont été les sécheresses cycliques qui provoquent généralement des pénuries alimentaires, voire des famines. Viennent ensuite les inondations qui affectent essentiellement les régions désertiques d'Agadez et de Tahoua, où elles font des morts, détruisent les infrastructures routières et les logements, et tuent des troupeaux entiers de bovins, d'ovins et de chameaux. A titre d'exemple, le Rapport révèle que les inondations de 2010 et 2012 ont touché 500.000 personnes, celles de 2012 ayant fait 60 morts. « Selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations Unies, en date du 23 septembre 2016, plus de 123.000 personnes ont été affectées par les inondations de 2016, qui ont provoqué 50 morts et détruit environ 14.000 foyers, essentiellement dans les régions de Maradi, de Tahoua et d'Agadez », précise la même source.
Insistant encore sur l'impact macroéconomique négatif des catastrophes, le rapport indique qu'elles déstabilisent la production agricole, aggravent la volatilité de l'inflation alimentaire, et détériorent le solde budgétaire et le solde des transactions courantes. «De façon générale, l'impact négatif des catastrophes naturelles sur l'activité économique réelle et les prix n'a été que temporaire puisque les chutes de production agricole ont été suivies de rapides reprises», expliquent les experts du FMI.
Cependant, souligne le rapport, notre pays dispose d'atouts dans ce domaine, constant qu'au fil du temps, « le Niger a élaboré un robuste dispositif de prévention et de gestion des catastrophes naturelles ». Ce dispositif, sur bien de points évoqués par le Rapport, pourrait être amélioré. Ce que le gouvernement s'efforce de faire en décidant de l'adoption d'une Politique nationale de l'Action humanitaire et de la Gestion des Catastrophes.