Depuis un certain temps, l’opinion publique est focalisée sur l’arrestation de M. Siradji Issa, acteur de la société civile, qui « séjourne » depuis dimanche dernier, dans les geôles de la police judiciaire à Niamey. Cette arrestation serait consécutive aux propos tenus par l’intéressé dans un groupe whats App.
Il ressort de la bande sonore que nous avions écoutée, que Siradji Issa a affirmé de façon péremptoire et en jurant (il a dit wallai) que le Président de la République Issoufou Mahamadou a ordonné, sur conseil d’un charlatan (boka), aux marabouts de décaler le jour de la fête de Tabaski de vendredi à samedi, car si on fêtait le vendredi, qu’il allait mourir. Siradji a renchérit que c’est un certain Malam Sabiou qui lui a donné l’information et que les autres ulémas du Conseil islamique ont reçu d’importantes sommes d’argent pour accepter le report de la date de la fête de Tabaski.
C’est donc sur la base de cette affirmation qu’il a été arrêté afin d’être entendu par la police judiciaire. Certains défenseurs de la liberté d’expression ont vite crié à une arrestation arbitraire, à un bâillonnement de la pensée. Sans être un défenseur zélé du pouvoir, nous pouvons analyser froidement cette sortie du sieur Siradji Issa. En effet, il convient de situer le contexte dans lequel intervient cette prise de position.
Nous sommes aujourd’hui au Niger, dans une atmosphère surchauffée par la guéguerre inter marabouts sur le décalage du jour de la fête de Tabaski. Les réseaux sociaux se sont mêlés et les politiciens des deux bords qui n’attendent que l’occasion se sont engouffrés dans la brèche. Certains marabouts accusant les autres d’avoir trahi l’Islam en décalant sans arguments valables le jour de la célébration pour simplement plaire aux princes qui nous gouverne ; les autres arguant qu’ils ont agi en respectant le calendrier lunaire.
Or, comme chacun le sait, la question religieuse comporte toujours des étincelles de conflits. En donnant raison aux contestataires, Siradji Issa cherche simplement à attiser le feu et à amener la fitna dans notre pays. Pire, en accusant le Président de la République d’être un partisan de Boka (donc du diable), il cherche à ternir l’image du Chef de l’Etat et à le discréditer auprès des Nigériens.
Cela ne l’honore pas et n’honore pas la société civile dont il prétend défendre. Que les uns et les autres sachent, que jurer au nom d’Allah pour proférer un mensonge est un ticket direct pour l’Enfer, qu’Allah nous en préserve. On peut être opposant et ne pas aimer un régime ou un homme, mais la quiétude sociale dans un pays et la paix sont des outils indispensables à préserver.
Disons les choses telle qu’elles sont, Siradji Issa n’a pas été arrêté par ce qu’il est de la société civile, non, il a été embastillé par ce qu’il a affirmé des choses graves sur le Président de la République et sur le Conseil islamique du Niger.
L’occasion lui sera donnée de se justifier et la justice tranchera en toute indépendance.