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Mini-sommet de Paris sur la crise migratoire : Issoufou et Deby s’engagent à jouer aux gendarmes pour l’Europe
Publié le samedi 2 septembre 2017   |  Le Monde d'Aujourd'hui


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© Autre presse par DR
Visite de travail et d`amitié du Président de la République à N`Djamena : Issoufou Mahamadou et Idriss Deby Itno se félicitent de l`excellence des relations de coopération entre le Niger et le Tchad


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Le Niger et le Tchad ont demandé plus de ressources afin qu’ils puissent assumer convenablement leur mission de gendarmes de l’Europe. Quant à la Libye, qui est le troisième pays retenu par le pré- sident français, Emmanuel Macron, devant abriter les « hotspots », les centres de rétention et de tri des candidats subsahariens attirés par le mirage de l’Europe, il est d’abord question de pacification et d’unification. La crise migratoire a été au centre d’un mini-sommet Europe-Afrique qui s’est tenu lundi dernier à Paris, sur convocation du président Macron avec comme invités de marque les chefs de gouvernements italien et espagnol. Trois dirigeants africains ont pris part à la rencontre : les présidents Issoufou Mahamadou et Idriss Deby Itno du Tchad et le chef de gouvernement libyen. L’objectif principal du mini-sommet était d’échanger sur les voies et moyens permettant de stopper les flux incontrôlables de migrants qui continuent d’atteindre les côtes méditerranéennes pour prendre des embarcations à destination de l’Europe au péril de leurs vies, en dépit de toutes les mesures initiées ces dernières années par l’Europe pour les bloquer. Nous avons utilisé le terme ‘’échanger’’ par euphémisme. En vérité, le mot qui convient le mieux à l’objet de la situation est ‘’directives’’. Pourquoi cela ? Pour la simple et bonne raison que les seuls dirigeants africains conviés au minisommet l’ont été pour prendre des instructions.

En contrepartie, ces derniers ont demandé plus de moyens financiers pour exécuter le travail qui est attendu d’eux sur le chantier de la lutte contre la migration ‘’irrégulière’’. Il convient de noter au passage que le président Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, un pays dont le développement est en bonne partie boosté par cette forme de migration dans laquelle excellent nombreux de ses fils, n’a pas pris part à la rencontre. Ce qui n’est guère surprenant. Il n’a pas osé ramer à contre-courant de la volonté de ses compatriotes, hostiles à toute forme de rétention des migrants sur le territoire malien. Aux toutes premières heures du lancement du débat sur la question, les populations maliennes avaient ouvertement mis en garde leur président contre toute forme de mesures visant à retenir sur place les candidats à la migration. Professeur Alpha Condé n’a pas non plus participé au conclave alors même que la Guinée figure parmi les pays subsahariens réputés de départ massif. A l’évidence des faits, on réalise que seuls le Niger et le Tchad et dans une moindre mesure la Libye, qui constituent des couloirs de transit pour les migrants subsahariens, sont engagés sur le chantier. Dans une moindre mesure la Libye, parce que le sud de ce pays n’est pas encore pacifié pour permettre de créer un centre de rétention et de tri des migrants qui seront autorisés à fouler le sol européen. D’après le plan d’action retenu lors du mini-sommet de Paris, les centres de rétention travailleront sous la houlette du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Il est question de listes ouvertes et de listes fermées. On ne sait pas à quoi ces concepts correspondent exactement, mais ce qui semble évident c’est que les migrants économiques ont peu de chance de parvenir à traverser les mailles des filets des centres de rétention et de tri. Tout laisse croire en tout cas dans la démarche que les réfugiés politiques et de guerre seront privilégiés. Les migrants considérés non éligibles seront laissés à la charge du Niger et du Tchad qui ont accepté l’implantation des centres de rétention et de tri sur leur sol. Et quand on sait que les dirigeants des deux pays ne parviennent pas à créer aujourd’hui des emplois à leurs propres jeunes, on voit mal comment leurs populations accepteront la création de projets d’insertion socioéconomique au profit de ressortissants d’autres nationalités africaines, avec les appuis financiers qui seront mis à disposition par l’Europe. Puisque c’est la principale requête formulée par le pré- sident Issoufou et son homologue tchadien Idriss Deby à l’occasion du mini-sommet de Paris. Les deux chefs d’État ont tous insisté sur le financement du développement des pays africains par l’Europe, comme principal gage de succès dans la lutte contre la migration irrégulière. il s’agit d’une véritable aberration de la part de présidents de deux pays africains qui disposent d’importantes potentialités en matière de ressources extractives exploitées par les mêmes pays occidentaux et asiatiques auprès desquels ils qué- mandent des appuis budgétaires pour financer leur développement. Que d’adopter cette posture humiliante qui n’a que trop duré, nos dirigeants africains feraient mieux de créer les conditions pour tirer un meilleur profit de l’exploitation de leurs ressources. D’autant que personne ne viendra financer le développement de l’Afrique. Que cela soit entendu une fois pour toute.

Tawèye

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